L’ex-république soviétique, au si riche sous-sol, impose aux entreprises étrangères qui œuvrent sur son territoire un fort « contenu local. » Un nationalisme économique contraignant auxquelles les entreprises françaises se plient en misant sur la formation.
Une demi-douzaine de projets devraient devenir réalité en 2012, alors que la république d’Asie centrale oblige les entreprises étrangères à acheter et employer localement selon de forts pourcentages. « Les sociétés françaises savent que lorsqu’elles sont en concurrence, une offre de formation est un plus aux yeux des autorités », explique Noémie Larrouilh, attachée de coopération à l’ambassade de France au Kazakhstan.
Exemple, la création d’un Institut de soudure initiée par Total. Le groupe français en a fait la proposition en décembre 2009, deux mois après la visite à Astana du président Sarkozy, érigeant le Kazakhstan en « partenaire stratégique » de la France. Lors de la visite présidentielle, Total s’était vu octroyer un nouveau bloc en mer Caspienne et le président Nazarbaïev attendait en retour une offre pour développer le tissu industriel national, soucieux de ne pas tomber dans le piège des États rentiers, comme au Moyen-Orient.
Le domaine de la soudure est très important dans ce pays qui a pour ambition d’entrer dans le top 10 des producteurs de pétrole. Les premiers tubes posés sur l’immense territoire de ce jeune État pétrolier ont connu quelques fuites.
L’objectif de l’institut de soudure proposé par Total consiste à hisser aux standards internationaux les établissements de formation locaux, avec le concours de toutes les parties intéressées (entreprises, ministères, établissements de formations, mais aussi l’Institut de soudure français). Total a un autre projet : former des hauts fonctionnaires kazakhstanais, en partenariat avec l’ENA. En espérant un jour sans doute les retrouver sur son chemin, lors d’une importante négociation par exemple.
Plusieurs entreprises forment plus directement ceux dont elles ont besoin. Il y a pénurie au Kazakhstan, du fait de la jeunesse de cet État longtemps enfermé dans le monde soviétique et du boom économique qui requiert quantité de spécialistes. Ainsi Lactalis forme-t-il ses ingénieurs en agroalimentaire et Areva des managers.
En fonction de son métier, chacun conçoit ses projets de formation de façon ad hoc. Ainsi, le leader mondial de l’énergie nucléaire est-il à l’origine de l’ouverture du centre de formation Géo-énergies, lequel sera aussi un lieu où des équipes de recherche seront constituées, avec la collaboration de l’Institut national polytechnique de Lorraine (INPL). Total et Schlumberger s’associent au projet. Un an après avoir été lancé, il devrait devenir réalité le 14 mai 2011. Le Kazakhstan est bel et bien demandeur.
Régis Genté, à Astana
Un centre dédié aux métiers de l’électricité
La mise au niveau des standards internationaux est aussi privilégiée par Schneider Electric, partenaire industriel d’un Centre franco-kazakhstanais dédié aux métiers de l’électricité qui doit ouvrir en septembre. « Nous ne créons pas de nouvelle formation. Mais nous recevrons des étudiants kazakhstanais dans le cadre de leur cursus pour leur apporter un complément de formation, notamment grâce à de l’équipement de pointe fourni par Schneider Electric », explique François Girault, conseiller mis à la disposition de ce centre par la DREIC (Direction des relations européennes et internationales et de la coopération) du ministère français de l’Éducation. Le Centre est hébergé par l’Université technique d’État du Kazakhstan, qui lui a alloué 450 m2 dans ses locaux où se formeront une centaine d’étudiants chaque année.
R. G.