Former 14 000 étudiants ou salariés à l’export et à l’innovation d’ici six ans, tel est l’objectif ambitieux du projet InnovENT-E. Ce projet, piloté par l’Institut national des sciences appliquées de Rouen (Insa), s’affiche comme « une réponse aux PME/PMI dans le soutien à l’innovation et à l’export ».
« La démarche d’InnovENT-E, qui croise les cultures technologiques, scientifiques, et de management à l’export, au service du développement de nos PME/PMI, est originale et pertinente » ont précisé Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur et Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, lors de l’inauguration, le 12 octobre dernier à Rouen, de ce projet labellisé «Initiatives d’excellence en formations innovantes« (IDEFI), conformément à l’appel lancé en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
En décembre 2011, Oseo a publié une étude sur la création d’entreprises innovantes (CEI) qui conforte ces orientations de formation. Menée en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’enquête a passé à la moulinette 5 500 CEI (créées entre 1998 et 2007 inclus) et a conclu à la forte corrélation qui existe entre innovation et export. De fait, les chiffres ont fait ressortir qu’une PME innovante sur deux est présente à l’export. Alors que cela est loin d’être le cas pour toutes les PME : prises dans leur ensemble, celles-ci représentent 80 % des emplois en France, mais la part de leur chiffre d’affaires à l’export stagne autour de 15 %.
Le projet vise un niveau de formation élargi, de bac +2 à bac +8
« InnovENT-E est le fruit de la réflexion des établissements qui ont porté le projet (groupe INSA, réseau des UT, Université de Lorraine, CESI) face au constat de la faible présence des PME à l’international » explique Sébastien Blondel, directeur exécutif d’InnovENT-E.
« L’objectif du projet que nous venons de lancer est de former des talents de niveau techniciens supérieurs et cadres, et de développer les compétences des personnels des PME/PMI dans les domaines de l’innovation, de l’export et de l’international, sans sacrifier à l’exigence de polycompétence propre aux entreprises de cette taille » ajoute t-il. Répondant à sa vocation fédératrice, le consortium a été rejoint par l’INPI qui a choisi d’en être un partenaire majeur.
Quatre pôles de recherche et d’enseignement supérieur ont également souhaité s’y rattacher (Normandie Université, Centre Val de Loire, Poitou-Charentes, université de Toulouse), ainsi que des établissements d’enseignement supérieur (EPF, Rouen Business School, ICN, ESC Troyes, des écoles de design), plusieurs clusters et entreprises, des organisations patronales nationales et régionales, des chambres de commerce et d’industrie, ainsi que des Conseils régionaux.
Mais, prévient Sébastien Blondel : « attention, l’idée directrice du projet n’est pas réservée à des cursus d’ingénieurs. Le projet vise un niveau de formation élargi, allant de bac +2 à bac +8, et un public plus divers qui intègre les étudiants, les salariés de PME, et tous les partenaires que nous voulons voir rejoindre le consortium ». Une couche de plus à superposer sur un dispositif de formation déjà fort encombré ? « Pas question de modifier ce qui existe déjà », répond Sébastien Blondel. « On a de la formation, des structures d’accompagnement, mais on manque de compétences export. InnovENT-E est la brique « compétences » grâce à laquelle nous allons pouvoir greffer des modules export, innovation et international sur les parcours qui existent déjà». Sébastien Blondel précise : «nous avons déjà commencé à travailler à la mise en place d’un référentiel national de compétences liées à l’innovation et à l’export pour les PME/PMI ». Ce référentiel a vocation à être généralisé dans tout l’enseignement supérieur. Il permettra également d’établir les critères de labellisation InnovENT-E des formations. Il a une vision pragmatique du développement de ce label : « Dans l’immédiat, nous capitalisons sur les programmes qui existent. Ensuite, nous choisirons d’en garder ou pas certains, d’en adapter ou d’en créer d’autres ». A terme, d’ici six ans selon Sébastien Blondel, la création d’un Institut national Innovent-E© est annoncée. Il s’agirait d’une structure collaborative (enseignement supérieur et monde économique) qui centraliserait toutes les ressources humaines, documentaires, outils de formation et autres.
Sylvette Figari