Catherine Chavrier, 53 ans, est la nouvelle fédératrice de la famille « Mieux se nourrir », l’une des six filières prioritaires du commerce extérieur français dont les quatre premières* avaient été définies par Nicole Bricq, ex-ministre du Commerce extérieur, afin de mieux organiser l’offre commerciale française à l’international.
Une nomination « surprise », à laquelle l’intéressée ne s’attendait pas, qui avait été décidée fin septembre 2014 après quatre entretiens entre les cabinets de Matthias Fekl, le secrétaire d’État au Commerce extérieur, et la Direction des entreprises et de l’économie internationale (DEEI) du Quai d’Orsay. Elle avait été annoncée lors du Salon international de l’alimentation (SIAL), fin octobre, sans grande retombée médiatique**. Elle a ainsi succédé à Marie-Anne Cantin, fromager affineur, mais dont on n’entendait plus parler depuis des mois. Avec sans doute une expérience de l’export plus solide et plus diversifiée, comme en témoigne son parcours.
Un CA export passé de 1 à 25 millions d’euros
Actuelle directrice du développement international de la société vauclusienne de desserts fruités Charles & Alice (anciennement Hero France), la nouvelle fédératrice peut se targuer d’avoir fait passer depuis son arrivée en 2003 au sein de la société de desserts aux fruits et de légumes cuisinés Charles Faraud les ventes à l’export de la marque Charles & Alice, de 1 million d’euros à 25 millions d’euros ! Pour se faire, elle n’hésite pas à utiliser tous les leviers des aides (Ubifrance, Bpifrance Excellence…).
Son curriculum vitae, brillant, démontre un goût pour la rigueur et la méthode, mais aussi une envie d’enrichir ses expériences. Catherine Chavrier a dans ses bagages une formation scientifique : après avoir obtenu un DEA en biochimie moléculaire (1985), elle passe trois années en Allemagne (1989-1992) comme ingénieur recherche et développement en biologie moléculaire au sein du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL).
De 1993 à 1998, elle est responsable du service clients France et export de Beckman Coulter Inc., l’un des premiers fabricants mondiaux d’instruments de mesure et d’analyses biologiques dans le domaine du diagnostic clinique et du matériel biomédical. Après cette première expérience professionnelle, afin de mieux connaître le fonctionnement de l’entreprise (la gestion, le marketing…), elle s’inscrit en Master de Management et gestion des PME/PMI à l’École supérieure de commerce et de management (ESCEM) Tours. Elle est embauchée avant son stage de fin d’études par le fabricant français de sirops Monin comme responsable Qualité / Réglementation / Packaging international, et est en charge de l’adaptation des produits (étiquetage, qualité…) à la clientèle locale des différents pays dans lesquels est présent Monin.
En 2003, Catherine Chavrier entre chez Charles Faraud, spécialiste des desserts aux fruits et des légumes cuisinés, implanté dans le Vaucluse, où elle est responsable export puis directrice export en 2007. C’est sous son impulsion que la marque va sur le marché américain en 2008, avec l’ouverture d’une filiale commerciale Charles Faraud Inc., avant d’ouvrir en 2014 une usine en Pennsylvanie pour la production des compotes de la marque Charles & Alice.
Catherine Chavrier a plusieurs cordes a son arc, en plus d’être trilingue –elle parle l’allemand et l’anglais–, elle est confrontée au quotidien aux évolutions de la réglementation imposées par Bruxelles sur l’étiquetage des produits alimentaires, la simplification administrative à l’export est d’ailleurs un autre chantier inscrit à son agenda. Cette chevronnée de l’export, qui vient de renouveler son visa de travail américain pour 10 ans, a été élue membre de la CCI PACA (représentante du Vaucluse) en octobre 2010 et est membre de la commission CCI PACA International. En juillet 2011, elle a été élue présidente du club des exportateurs du Vaucluse Sprint et est, depuis octobre 2012, Conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF) du comité Provence-Corse.
Sa carrière dans l’export a été saluée par Nicole Bricq, qui lui a fait remettre les distinctions de chevalier de la légion d’honneur en septembre 2013. Catherine Chavrier a une connaissance approfondie des leviers publics et privés d’accompagnement et de soutien des entreprises à l’international. Elle travaille en étroite collaboration avec Ubifrance –devenue Business France– depuis 2003 au sein du pôle Agrotech de l’agence publique. Elle est également proche de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) et travaille avec les acteurs privés comme Altios (États-Unis et Chine), Salveo (Russie) ou encore régionaux comme Erai (mission Japon).
Autant d’atouts qui en font une candidate idéale pour sa nouvelle mission. Dans ce cadre, parmi les propositions qu’elle fera à Matthias Fekl, figure celle de faire « du grand événementiel en s’appuyant sur un salon à l’étranger tel que le SIAL China ou le Food Hotel Asia (qui se tient à Singapour en 2016) pour organiser par exemple une « semaine française » qui soit un véritable modèle événementiel ». L’idée étant, selon elle, de « se recentrer sur de vraies actions fortes et mutualisées, qui ne sont pas dispersées ».
Venice Affre
*Précision mise à jour le 15 janvier dans cet article, dont la version initiale évoquait cinq et non pas six filières :« Mieux se nourrir » ; « Mieux se soigner » ; « Mieux vivre en ville » ; « Mieux communiquer ». Si est ajouté « Mieux voyager » et « Mieux se divertir » (depuis fin 2014)
** Lire dans notre Lettre confidentielle : Fédérateurs de filières export : deux nouveaux entrants
Pour prolonger, lire aussi, dans la Lettre confidentielle :
– Filières prioritaires à l’export : la méthode Sourdive pour insuffler le virus de l’export aux acteurs de la santé
– Filière prioritaire à l’export : Michèle Pappalardo rêve de muscler Vivapolis