Dans une interview exclusive au Moci, Pierre Tapie, président de la
Conférence des grandes écoles
(CGE) réagit à l’abrogation le 31 mai dernier par le nouveau gouvernement Ayrault de la circulaire dite « Guéant ». Très controversé, ce texte durcissait les conditions d’accès au marché du travail des étudiants étrangers
non-européens. Pierre Tapie, qui est également directeur général du groupe Essec, l’avait accusé de mettre en péril l’attractivité de la France. Une
attractivité que la CGE suggère de
renforcer en triplant les effectifs d’étudiants étrangers accueillis en France.
Le Moci l’a interrogé le 31 mai sur ces points. Nous publions ci-dessous un extrait de cet entretien. La suite de l’interview est à retrouver dans le numéro 1917 du Moci, à paraître le 21 juin 2012.
Le Moci. La circulaire Guéant
est abrogée. Quel bilan tirez-vous de cette année passée ? Et qu’attendez-vous
des discussions en cours auxquelles participe la CGE ?
Pierre Tapie. La circulaire Guéant a porté un coup certain à
la France sur la scène internationale. Toutefois l’impact est difficile à
mesurer à court terme car l’enseignement supérieur était sur une tendance
haussière qui s’est ralentie en 2011, du fait de la crise. Le plus urgent
est d’élaborer un nouveau texte afin que ses dispositions ne soient pas
sujettes à interprétation de la part des préfets. En effet, les grandes écoles,
que je représente, souhaitent que les étudiants étrangers qui ont choisi la
France puissent aller jusqu’au bout de leurs projets sans que ceux-ci soient contrecarrés
par des décisions arbitraires.
Il s’agit également de rassurer ceux qui
voudraient effectuer leur mobilité internationale en France mais que le bruit
fait autour de la circulaire a pu inquiéter. C’est pourquoi les textes en cours
d’élaboration insisteront sur le droit à exercer sa compétence professionnelle
après l’obtention de son diplôme et sur le statut d’une opportunité
professionnelle donnée aux étudiants étrangers. Le gouvernement s’est engagé à
ce que les conférences représentant les établissements supérieurs soient
largement associées à ce travail, qui aura un caractère interministériel.
Le Moci. Dans son dernier rapport sur les
grandes tendances de la mobilité internationale (publié le 21 mai 2012), la CGE
indique que l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur français
pourrait tripler le nombre d’étudiants étrangers d’ici 10 ans. Quelle serait la
répartition entre grandes écoles et universités ? Et est-ce
réalisable ?
Pierre Tapie. Dans
les dix ans à venir, sept millions d’étudiants supplémentaires dans le monde
devraient arriver sur le marché de l’enseignement supérieur chaque année, dont
quatre millions rien qu’en Chine et en Inde. Or les pays émergents n’ont pas la capacité suffisante pour former
de tels contingents. Notre objectif est de capter une partie de ces étudiants
pour les former dans nos écoles. (A suivre…)
Propos recueillis par Sylvette Figari