Cet article a fait l’objet d’une Alerte diffusée dès le 19 juin aux abonnés de la Lettre confidentielle du Moci.
La Région Sud – nouveau nom de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca)- lance son guichet unique à l’export en association avec la CCI de Région et Business France. La « Team Sud Export » va proposer aux PME et TPE de les accompagner dans leur démarche export à travers un coaching de proximité et des programmes d’accélération export sur-mesure dosés en fonction de leur maturité dans le domaine. Une initiative, que le Moci avait anticipé, qui s’intègre dans la nouvelle stratégie du gouvernement en matière d’accompagnement public à l’export tout en tentant de clarifier un dispositif régional qui n’a pas jusqu’à présent brillé par sa simplicité.
Désignée, avec la Normandie, par le Premier ministre Edouard Philippe comme région pilote pour l’expérimentation de la réforme du dispositif d’accompagnement export, la Région Sud a donc lancé officiellement, lundi 18 juin 2018 à Marseille, sa « Team Sud Export ». Ce guichet unique de l’export pour les PME et TPE se traduit concrètement par un rapprochement sur le terrain entre quatre partenaires publics : Business France, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Région, Bpifrance et les Conseillers du commerce extérieur en France (CCEF). Le tout sous la houlette de la Région et de l’État français.
Une « mutualisation des moyens sans diminution de moyens »
« Cette nouvelle alliance va nous permettre d’être plus efficace en région et à l’étranger pour que l’international devienne un réflexe. Nous sommes là pour aider les entreprises à signer des contrats », souligne Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, présent dans la cité phocéenne pour le lancement.
« Pour la première fois, nous fédérons l’ensemble des acteurs de l’export et nous allons supprimer tous les doublons avec une mutualisation de moyens, sans aucune élimination de moyens. Il est illusoire de laisser Nice aller en Chine en avril, Marseille en mai et le Var en septembre, si nous voulons être efficace et crédible », commente Renaud Muselier, président de la Région.
Une architecture assez complexe de comités
La « Team Sud Export » repose sur une architecture assez complexe. Si la gouvernance est assurée par le Conseil régional – et fortement revendiquée par son président !-, elle se dissémine, au moins sur le papier, dans différentes structures :
–comité de pilotage stratégique (co-présidé par l’État et la Région et associant les quatre partenaires publics cités plus haut),
–collège stratégique de chefs d’entreprise,
–comité technique,
–comité régional élargi à l’ensemble des partenaires délivrant des prestations complémentaires des acteurs publics…
Les métropoles associées…
Ce dernier comité régional élargi accueillera les pôles de compétitivité mais aussi les clubs exports locaux (principalement l’Apex à Marseille et Procamex à Arles) et des collectivités locales. « J’ai souhaité y associer aussi les trois grandes métropoles, Marseille, Nice et Toulon ainsi que la Communauté d’agglomération du Grand Avignon », précise Renaud Muselier.
Une attention qui compte alors que certains n’apprécient pas cette main mise de la Région sur l’export, ou s’en inquiètent, comme on a pu le constater récemment de la part des responsables à Marseille. «Si certaines collectivités veulent continuer à travailler seules, qu’elles le fassent ! Il faut travailler ensemble et pas se recroqueviller sur soi et regarder son propre nombril », insiste le président de la Région. « Je mets en place des dispositifs à disposition des grandes comme des petites collectivités, soutenus par la France de façon à ce que l’on puisse avoir des moyens d’État pour pouvoir se développer à l’international. Ceux qui ne veulent pas venir avec nous, resteront dans leur coin. Tant pis pour eux », assène-t-il.
Un parcours Sud Export sur deux jambes
Le parcours Sud Export repose sur deux jambes : le coaching de proximité assuré par l’un des référents (CCI international Paca ou Business France) et le programme d’accélération export.
La première jambe vise à favoriser la performance avec un accompagnement régulier et dans la durée grâce à la mise en œuvre de propositions d’actions sur mesure sous forme de prestations. Il doit déboucher sur l’identification d’un marché, un développement commercial, le recours à un volontaire international en entreprise (V.I.E.) voire de la formation ou un financement.
La seconde jambe, le programme d’accélération sur mesure à l’international va plus loin et peut donner droit à un financement spécifique régional (une enveloppe de 3,5 millions d’euros a été débloquée par la Région) venant en complément d’autres solutions comme des prêts bancaires, le recours à un fonds d’investissement ou à Bpifrance. Les entreprises participantes font l’objet d’une sélection*.
Quatre programmes d’accélération à l’international
Déjà dix-neuf entreprises ont été choisies par le comité de sélection et via un appel à candidatures, pour rejoindre le programme d’accélération sur mesure à l’international. D’une durée de dix-huit à vingt-quatre mois, ce programme va permettre aux entreprises de choisir entre quatre parcours selon leur degré de maturité à l’export : « primo-exportateur », « exportateur », « fort potentiel », « exportateur confirmé ».
Les patrons signeront un « contrat de confiance » avec la « Team Sud Export ». Les soutiens apportés par les moyens humains et financiers mis en commun par les partenaires iront de l’amélioration des outils de marketing et de communication à l’implantation à l’étranger en passant par l’analyse des besoins et l’aide à la prospection.
Pour la start-up niçoise My Coach – qui vient d’emporter l’appel d’offres de la Fédération française de football pour équiper avec son application, dès le 1er juillet 2018, les éducateurs des clubs amateurs – c’est l’occasion de se plonger dans le bain de l’export. « A l’occasion d’une mission en Chine, j’ai compris que personne ne nous attendait… Nous avons donc décidé d’abord de nous assurer d’un monopole en France avant de partir à la conquête à l’international. Nous avons désormais prouvé que nous pouvions être leader français en restant niçois, à nous de montrer que nous pouvons devenir leader international en restant français », explique Cédric Messina, PDG de My Coach.
Objectif : 500 entreprises coachées chaque année
Parallèlement, une plateforme numérique dédié à l’accompagnement export facilitera l’accès des PME et TPE au nouveau dispositif. Elles y trouveront un agenda international, un outil d’auto-diagnostic export, des informations sectorielles. Opérationnelle d’ici à la fin de l’année 2018, la plateforme sera à terme intégrée dans le futur portail des entreprises de la Région.
L’ambition du nouveau dispositif est résumée par Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, présent à Marseille pour le lancement de la « Team Sud Export » : « Nous voulons plus d’exportateurs et plus d’exportations car la France joue plutôt en deuxième division en comparaison à nos voisins. La bataille se gagnera en France quand nous serons capables d’identifier toutes les entreprises susceptibles d’exporter. Pour cela, nous n’allons pas implanter des bureaux partout en France mais nous appuyer sur les régions en créant un guichet unique où les entreprises seront accueillies par un collectif plus qu’une adresse ».
La Région Paca (55 milliards d’euros d’échanges dont 21,7 milliards à l’exportation) dispose d’un vivier de 16 000 exportateurs potentiels dans lequel la « Team Sud Export » prévoit de puiser un cœur de cible de 5 000 PME et TPE. « Nos experts devraient coacher 500 entreprises chaque année avec un référent dédié. Une centaine d’entreprises seront « accélérées » chaque année aussi avec un accompagnement sur mesure pour en faire des champions », indique Renaud Muselier.
Frédéric Dubessy, à Marseille
* Les conditions d’accès au parcours de « Sud Export » : pour pouvoir prétendre aux programmes d’accélération à l’export de Sud Export, il faudra être une PME française (au sens de la définition européenne) et disposer de son siège social, ou d’un établissement secondaire, en région Paca. De plus, la PME ou TPE devra présenter au moins un bilan fiscal (ou un business plan), respecter la règle dite « de minimis », être à jour de ses cotisations fiscales et sociales et relever des secteurs d’activités justifiant à minima 20 % de valeur ajoutée française. Elle devra également s’engager dans un projet de développement à l’international volontariste sur la durée, avec une durée d’implication forte de l’entreprise.
Pour prolonger :
–Régions / Export : les Pays de la Loire prêts à accueillir les experts de Business France
–Régions / Export : la Team Sud-Paca sur les starting-blocks
–Spécial commerce extérieur : les Régions apportent leur soutien à la réforme
Et aussi pour un panorama exhaustif des dispositifs d’accompagnement à l’export en France :
Guide 2018 de l’accompagnement à l’export pour les PME et ETI