Avec la montée en puissance de la banque publique Bpifrance voulue par l’État, l’univers des financements export est transformé. « Notre travail, c’est de mettre le virus de l’international chez l’entrepreneur. On essaie de reconstruire une banque de l’exportation au service des entreprises, mais aussi de la communauté bancaire », a souligné Pedro Novo, directeur des Financements export chez Bpifrance, lors de l’atelier « financements : la nouvelle donne des aides à l’export est-elle vraiment une nouvelle donne ? », organisé dans le cadre de la 7e édition du Forum Moci Risques et opportunités à l’international, le 30 juin à Paris.
La banque publique a ainsi conclu des accords de partenariats avec des banques commerciales, dont, fin 2015, avec le groupe Crédit Agricole. « Bpifrance est pour nous un moyen extraordinaire d’augmenter nos capacités de financement », a assuré Jean-Luc Estrade, le responsable des partenariats non bancaires de Crédit Agricole CIB. Il s’est aussi félicité de la « simplification » apportée avec Bpifrance, qui couvre un large spectre de produits complémentaires, du Prêt Croissance international pour financer les besoins courants liés aux projets de développement à l’international, à la garantie des projets internationaux, en passant par le conseil, avec l’accompagnement personnalisé assuré par Business France.
A la fin de l’année, la banque publique va récupérer la gestion des garanties publiques à l’export jusqu’à présent confiée à Coface. Par ailleurs, elle a lancé l’an dernier une offre de crédit export pour des petits montants de moins de 25 millions d’euros, s’inspirant ainsi de la pratique dans de nombreux pays concurrents. « Près de 400 millions d’euros de projets sont aujourd’hui dans le pipe », selon Pedro Novo, qui a précisé que « ce produit commence à partir d’une somme de un million d’euros ».
P. Novo : « vendez du temps long »
« Dans le monde, le ticket moyen pour le crédit export est de 237 millions d’euros et 359 opérations ont été dealées en 2015. On ne dit pas qu’on va faire mieux, a encore assuré Pedro Novo, mais on va dire à nos clients ‘vendez du temps long’ quand vous nous achèterez 7 millions d’euros ». Pour le crédit export (crédit acheteur et crédit fournisseur) pour les PME et ETI, qui peut être couvert à 95 % par Coface Garanties Publiques, les durées retenues varient entre trois (moyen terme) et dix ans (long terme).
Chez Crédit Agricole CIB, le seuil minimal d’intervention a été abaissé à trois millions d’euros pour le crédit export. « Au-dessous de un million, compte tenu des frais de gestion, pour les banques, c’est prohibitif », a expliqué Jean-Luc Estrade. Pour autant, la banque privée propose des solutions alternatives, notamment l’escompte de lettres de crédit garanties par Coface.
François Pargny
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