Cet article a été complété le 21 mars par des précisions sur le coût de ces programmes.
La formule des « accélérateurs » de PME, des programmes qui visent à doper durablement leur croissance pour qu’elles deviennent des ETI (entreprises de taille intermédiaire), a le vent en poupe. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, a fixé à la banque publique Bpifrance l’objectif d’embarquer 4000 PME et ETI d’ici la fin du quinquennat dans le cadre du PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises). « 4000 entreprises vont passer dans des accélérateurs co-construits soit avec des filières, soit avec des Régions » avait lancé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, lors de la journée Bercy financements export, le 8 mars. « Ce sont des centres sportifs pour entrepreneurs sur 2 ans », avait-il renchéri, « nous sommes en train d’en mettre partout ».
« Je suis entré dans le programme à 15 millions, aujourd’hui on en fait 50 »
Une belle reconnaissance pour ce programme lancé en 2015 par la banque publique à l’attention des chefs d’entreprises, qui mêle audit stratégique et diagnostic, formation, mentorat, conseil et action de développement commercial. La deuxième promotion de l’accélérateur PME de Bpifrance vient à peine de terminer son cycle de deux ans pendant que la troisième est en cours et que la quatrième vient d’entamer le sien.
Les dirigeants qui ont goûté à ce programme sont élogieux. « Quand j’ai présenté notre activité à Nicolas Dufourcq, il m’a demandé comment ajouter un zéro à mon chiffre d’affaires alors que mes banquiers, eux, freinaient, relate Pavel Streber, président du groupe Protec, une PMI de la chimie spécialisée dans les films plastiques et thermocollants issue de la deuxième promotion. Je suis entré dans le programme à 15 millions, aujourd’hui on en fait 50 ». Avec plus de 90 % à l’export, et une nouvelle ambition : « pourquoi pas faire 100 millions ?».
Le chiffre d’affaires à l’export à progressé de 22 % en moyenne
Les témoignages similaires ne manquent pas parmi les 58 PME de tout le territoire et de secteurs variés dont les dirigeants sont sorties de la deuxième promotion (2016-2018), à la tête d’entreprises devenues en 24 mois souvent plus grosses, mieux organisées, mieux dotées en ressources humaines, et plus internationalisées qu’elles n’y étaient entrées. Du moins pour celles -la majorité- dont les dirigeants se sont vraiment personnellement investis dans le programme.
Les indicateurs du bilan de cette deuxième promotion, livrés le 12 mars dernier par Fanny Letier, directrice exécutive du Fonds propres PME et coordination accompagnement de la banque publique, ne font que confirmer ces effets positifs : le chiffre d’affaires des participants a progressé de 25 % en moyenne, le chiffre d’affaires à l’export de 22 %, et les effectifs de 34 %.
« C’est ce que l’on fait de mieux comme accompagnement »
Le développement international est partie intégrante des leviers de croissance auxquels sont initiés les chefs d’entreprise, à côté de l’innovation ou de la digitalisation, dans le cadre de ce « MBA executive » très spécial. Pour cette promotion 2016-2018, l’Afrique, le Mexique, le CES de Las Vegas, l’Allemagne et son « mittelstand » ou les écosystèmes innovants de Chine ont été au programme des missions à l’étranger organisées à leur demande par Business France. Le développement international a été considéré comme une de leurs grandes réalisations par 40 % des participants et 83 % des 58 PME ont augmenté leurs activités export.
« C’est ce que l’on fait de mieux comme accompagnement, estime Fanny Letier. Il s’agit d’aider les entreprises à croître et à se transformer. Il faut du financement mais ce n’est pas suffisant : un appui stratégique et opérationnel est aussi nécessaire ». Pour ces accélérateurs, Bpifrance mobilise partenaires et experts en fonction de la nature des besoins. Quelque 170 consultants sont ainsi agréés pour les aspects conseil stratégique, mais aussi des organismes spécialisés sur les partenariats grands groupes / PME (Pacte PME), le mentorat (IME, WBMI, Réseau Entreprendre), la communication (WPP) ou encore les questions de gouvernance d’entreprises (ARIA).
En matière de coût de ce dispositif, les dépenses sont partagées : selon Fanny Letier, un dispositif accélérateur coûte 70 000 euros par entreprise sur les 24 mois que dure le programme. Il est supporté à peu près à parts égales en moyenne par Bpifrance et l’entreprise, «cela dépend de la consommation en conseil ». Dans les accélérateurs régionaux, les Régions subventionnent la part publique du programme, ce qui permet d’y attirer davantage de PME.
La Nouvelle Aquitaine a lancé un appel à manifestation d’intérêt
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les Régions aient été séduites par ce programme pour dynamiser leurs propres tissus de PME. La Nouvelle Aquitaine a lancé mi-février un appel à manifestation d’intérêt auprès des PME de la région pour intégrer son premier « accélérateur », rejoignant les Pays de la Loire et Auvergne Rhône-Alpes comme Régions ayant décidé de se doter de tels accélérateurs avec Bpifrance.
« Cinq autres sont en chantier » a annoncé Fanny Letier. Des organisations de filières spécifiques ont également décidé d’adopter la formule comme le Gifas, qui a conclu un partenariat avec Bpifrance pour créer un programme accélérateur dédié aux PME de l’aéronautique dès l’an dernier.
L’objectif de Bpifrance pour 2018 est d’atteindre le nombre de 1000 entreprises accueillies dans ses accélérateurs à la fin de l’année, soit un quart de l’objectif fixé par le ministre pour 2022.
Christine Gilguy
Pour prolonger :
–Aéronautique / Accompagnement : le Gifas et Bpifrance lancent un accélérateur pour 60 PME-ETI
–Accompagnement / Export : l’accélérateur de Bpifrance a transformé un tiers de PME en ETI
–Accompagnement des PME et ETI / Afrique : Bpifrance lance la mission Accélérateurs Afrique
–Export / Accompagnement : “Impact”, nouveau nom des accélérateurs de startups de Business France et Bpifrance