Chef de projet chez Invest in Med et Anima Investment Network, Manal Tabet suit de très près le dossier compagnonnage industriel sur lequel Invest in Med s’est engagé auprès de l’Adeci à hauteur de 184 283 euros pour un budget total des actions de 245 755 euros.
Le Moci. Pourquoi le programme Invest in Med s’intéresse-t-il au compagnonnage industriel ?
Manal Tabet. Cette thématique entre totalement dans notre programme de co-développement et notre rôle de transfert de compétences. Invest in Med s’est engagé avec l’Adeci et huit autres organisations sur une durée de deux ans et demi. Douze actions sont prévues : rencontres B-to-B, ateliers d’information sur le compagnonnage industriel, missions d’assistance technique auprès de partenaires méditerranéens et publication d’une étude et d’un guide du compagnonnage industriel.
Face aux nombreux et rapides résultats obtenus, nous avons décidé de financer un deuxième projet en mars 2009. Ceci est exceptionnel car, en général, nous ne finançons pas des suites. Ce deuxième volet porte sur une assistance technique pour différents partenaires, une consolidation du réseau et l’ajout de deux nouveaux pays : l’Égypte et le Liban.
Le Moci. L’Adeci est particulièrement performante sur le Maghreb depuis vingt ans. Pourquoi lui avoir demandé d’élargir son influence ?
M.T. Nous avons voulu aller plus loin dans la démarche et donc étendre géographiquement la notion de compagnonnage industriel. Si ça marche avec le Maghreb, il n’y a pas de raisons pour que ça ne fonctionne pas avec l’Égypte ou le Liban. Notre rôle est de financer des actions pilotes, de faire sortir les entreprises et les organisations de leurs habitudes. Invest in Med est un programme régional. Donc, il ne peut pas fonctionner sur du bilatéral comme le font, par exemple, les CCI. Certes, contrairement au Maghreb, la langue reste un premier obstacle mais elle ne va pas bloquer un échange, un partenariat, un transfert de technologie. Par ce programme, nous voulons vraiment familiariser ces pays avec le compagnonnage industriel. L’Adeci part de zéro et a déjà en mars dernier posé ses premiers jalons en Égypte.
Le Moci. Ceci veut dire que vous allez demander à l’Adeci de conquérir d’autres pays ?
M.T. Tout dépendra de la volonté de l’Adeci et de ses partenaires. Invest in Med insuffle une démarche.
Si l’Égypte et le Liban donnent les mêmes résultats que le Maghreb, l’Adeci devrait d’elle-même aller sur d’autres pays.
Le compagnonnage industriel veut séduire l’UPM
La plaquette existe. Le projet aussi, mais semble aujourd’hui si lointain… L’Adeci et Entreprises & Développement avaient pensé saisir la perche de l’Union pour la Méditerranée (UPM) pour élargir la dimension du compagnonnage industriel. Il faut dire que Nicolas Sarkozy lui-même, le 2 décembre 2007, avait poussé à la roue. Le président de la République française soulignait à cette époque : « Nous allons lancer un programme de compagnonnage entre PME françaises et algériennes pour leur permettre d’investir ou d’exporter. » Pour Jean-Claude Sitbon, président d’Entreprises & Développement et directeur de l’Adeci, « il est temps de passer de la phase expérimentale du compagnonnage industriel à sa généralisation comme méthode de rapprochement des entreprises des deux rives. Le compagnonnage est une méthode née en Méditerranée, portée par des Méditerranéens, elle a le visage humain de la coopération et l’efficacité d’un management novateur et performant. » L’UPM deviendra-t-elle le véhicule de cette belle idée ?
Propos recueillis par F. D.