Avec la signature, le 19 août dernier, de son Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE), La Réunion, dont le premier client hors de son territoire demeure la France métropolitaine, souhaite renforcer son positionnement à l’international.
Ce département et région d’outre-mer (DROM) que 9 350 kilomètres séparent de la métropole rejoint ainsi, avec quelques mois de retard, les 22 autres Régions françaises qui se sont dotées d’un PRIE en vue d’assurer leurs nouvelles responsabilités de chef de file de l’export –rôle qui leur avait été confié en 2012 par Nicole Bricq, ex-ministre du Commerce extérieur afin que les Régions assurent la coordination entre les partenaires de l’export, acteurs économiques privés et institutionnels.
Signé par le préfet Dominique Sorain et le président du conseil régional de La Réunion Didier Robert (notre photo), le PRIE pour la période 2015-2020 a pour objectif de promouvoir la production locale en vue d’augmenter les volumes destinés à l’export, valoriser le savoir-faire local pour permettre à l’île de se différencier sur les marchés extérieurs et promouvoir les services de La Réunion. Car cette île étroite dotée d’une superficie de 2 507 mètres km² située en plein cœur de l’océan Indien pâtit de l’éloignement des sources d’approvisionnement en matières premières et du sur-dimensionnement des outils de production. Forts de ce constat, les acteurs économiques privés et institutionnels ont mesuré la nécessité pour les entreprises d’ouvrir leurs activités sur l’international, indique un communiqué, les partenaires de l’export –l’État, Ubifrance (devenu Business France après sa fusion avec l’Afii), la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion et la Région Réunion, Oséo (actuelle banque d’investissements Bpifrance), Coface, les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF)– se sont ainsi réunis autour de la rédaction de ce PRIE, document qui succède à la précédente convention de partenariat qui avait été signée en mars 2012.
Dans leurs grandes lignes, l’objectif du PRIE est de définir des actions prioritaires en matière de secteurs et de pays potentiels pour soutenir l’internationalisation des entreprises réunionnaises.
1. Sensibiliser les entreprises à l’ouverture à l’international
« L’ouverture de La Réunion à l’international constitue un axe majeur de la politique de développement de la collectivité régionale », affirme la Région en préambule de son dossier de presse de 21 pages consacré au PRIE. En effet, cette île du Sud-Ouest de l’océan Indien exporte essentiellement vers la France métropolitaine, les pays de l’Union européenne et les îles de l’océan Indien (Comores, Madagascar, Mayotte, Seychelles) avec lesquelles elle bénéficie d’une certaine proximité géographique.
Mais La Réunion souhaite favoriser les échanges commerciaux, en particulier avec des pays à fort potentiel de développement dont elle est proche géographiquement tels que l’Afrique du Sud, où des opportunités d’affaires sont identifiées dans l’agroalimentaire et l’économie numérique ; l’Australie, qui présente des perspectives dans la gestion durable des ressources ; la Chine ; l’Inde et Maurice, où des actions de coopération se poursuivent dans le tourisme, le développement durable ou encore l’agroindustrie. Parallèlement à la prospection de nouveaux marchés, l’île souhaite renforcer les relations déjà engagées avec les Comores, Madagascar, le Mozambique, la Tanzanie et les Seychelles.
2. Accompagner les entreprises dans l’internationalisation de leur activité
« La nature de l’accompagnement, détaille la Région, devra être adaptée au profil de l’entreprise ou niveau de maturité (non exportateurs, primo-exportateurs, occasionnels et confirmés) et aux fonctions support (développement/prospection, stratégie/conseil et ressources humaines). Aussi et selon cette double entrée (fonction support et niveau de maturité), des actions pourront être menées pour répondre au profil et aux besoins des entreprises ». Il s’agit principalement d’adapter les soutiens aux besoins des entreprises, de les rendre complémentaires et de simplifier les procédures afin de garantir aux entreprises un meilleur accès aux financements européens, de l’État (ministère de l’Outre-Mer), de la Région Réunion et de Bpifrance.
Les entreprises réunionnaises qui souhaitent aller à l’international doivent valoriser leur savoir-faire pour se distinguer et gagner en visibilité sur les marchés extérieurs pour mieux exporter. Dans ce contexte, le PRIE doit permettre aux entreprises locales de renforcer leur offre par exemple en innovant.
Le PRIE prévoit également de structurer la fonction export en « renforçant les moyens humains consacrés à l’international au sein des entreprises (Business France, État, Région, Université de La Réunion et Région) », détaille la Région. Le PRIE doit également permettre de financer les programmes de coopération, d’actions collectives, et d’accompagnement individuel (UE, Etat, Bpifrance, Coface, AFD et Région). Enfin, le PRIE veut évaluer les entreprises dans leur processus d’internationalisation « en créant des outils de mesure du dynamisme à l’export du territoire (Insee, Douanes) ».
3. Promouvoir les filières porteuses à l’export
– L’agronutrition
Totalisant 54 % des exportations globales de l’île, l’agronutrition constitue le premier secteur industriel de la Région en termes d’emplois et de part de chiffre d’affaires à l’export. La filière fruits et légumes est en pleine transition. L’objectif est d’augmenter la production locale de fruits et légumes pour passer d’une production de 2 500 tonnes actuelles à 8 000 tonnes en vue d’accroître les volumes exportés. Autre ambition, innover pour fabriquer des produits à valeurs ajoutées afin de se distinguer à l’export.
– Environnement
Du fait de son isolement géographique et de l’étroitesse de son marché, l’île ne peut développer toutes les filières de recyclage de déchets qui lui seraient nécessaires. La Réunion est consommatrice de biens et productrice de déchets (48 000 tonnes par an). Elle exporte de gros volumes de déchets industriels et ménagers non dangereux –ce sont essentiellement des déchets métalliques et du papier, carton– destinés à être recyclés (valeur marchande très faible ne couvrant pas les frais de transport).
Dans cette filière, La Réunion ambitionne de développer des filières de valorisation pour les ventes de produits finis ou de matières premières issus du processus de fabrication sur le marché local mais aussi en provenance de l’extérieur (déchets d’équipements électriques, électroniques professionnels…).
L’île souhaite également mettre son expertise dans le domaine de la gestion des déchets et de l’eau exportable au service des pays de la zone océan Indien.
– Pêche
Dans cette filière, la production atteint 10 000 tonnes générant un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. La moitié de cette production est exportée (marché du frais orienté à l’export). La pêche industrielle représente 78 % en valeur et est la plus exportatrice (légine notamment).
La Région souhaite faire des efforts pour recourir à une exploitation durable et responsable des ressources. De plus, il y a nécessité à élaborer des produits de la pêche innovants (à plus forte valeur ajoutée et plus compétitifs).
Venice Affre