Arrivé à la
mi-2010 pour orchestrer les engagements de l’Agence française de développement
(AFD) vers l’Afrique, Dov Zerah a bien l’intention de donner la même
orientation stratégique à la filiale pour le secteur privé de l’AFD, Proparco.
« La part de l’Afrique sera renforcée », a-t-il ainsi indiqué en
préambule à la présentation du bilan 2011 et des perspectives 2012 de cette
filiale, le 4 juin, à Paris.
Il est vrai
que la part de l’Afrique subsaharienne dans les engagements financiers de
Proparco est tombée de 42 % en 2010 à 30 % en 2011. « L’objectif est de
remonter à 55 % », a précisé Étienne Viard, le
directeur général de cette institution qui a financé dans la région pour 250
millions d’euros en 2011, notamment dans les infrastructures et le secteur
financier. Dans un communiqué de presse diffusé à l’issue de la réunion, la filiale
de l’AFD énumère un certain nombre de projets : terminal à conteneurs au
Togo, centrale à gaz au Cameroun, entreprise sucrière en Côte d’Ivoire.
« La
reprise de la Côte d’Ivoire va soutenir notre activité dans le sous-continent
», a souligné Étienne Viard, qui a rappelé que Proparco avait aussi
installé deux personnes à Douala (Cameroun) et Lagos (Nigeria).
Pour autant, Dov Zerah se défend d’un intérêt trop exclusif pour l’Afrique de
l’Ouest. Selon lui, « de nombreux dossiers touchant le Kenya seraient à
l’heure actuelle traités ». Seconde orientation géographique, le
développement des interventions en Outre-mer. « Et notamment nous pouvons
imaginer des opérations à partir de La Réunion sur la région, par exemple
Madagascar et le Mozambique », a précisé Étienne Viard.
Comme
Proparco ne va pas augmenter ses engagements financiers en 2012, ce nouvel
essor sur l’Afrique se fera vraisemblablement au détriment de l’Asie. La
filiale de l’AFD intervient sur tous les continents. « En Asie, la reprise
économique est là, les liquidités existent, alors que ce n’est pas vrai
partout, même dans le secteur agro-industriel au Brésil où les petits projets
ne peuvent espérer que des crédits à court terme », justifie Étienne
Viard. « Notre spécificité, c’est d’apporter du moyen et du long terme. Et
ça marche en dépit des normes de plus en plus draconiennes que nous imposons en
matière de lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et le
terrorisme », affirme Dov Zerah.
Par
ailleurs, le directeur général de l’AFD et président de Proparco estime
indispensable d’investir dans des pays émergents – Brésil, Inde, Chine, mais
aussi Afrique du Sud – de plus en plus présents au sud du Sahara. « Nous
apprenons d’eux. Et, dans un monde ouvert, nous devons être présents dans des
pays qui bougent et investissent de façon à les amener dans des États africains
et arabes », souligne-t-il encore, en révélant que des demandes de
partenariat ont même été adressées à Proparco de Nouvelle-Zélande, d’Australie et de Corée
du Sud.
Au total en
2011, Proparco a signé pour 865 millions d’euros d’engagements financiers, ce qui marque
une diminution par rapport à 2010 (944 millions) et même l’année précédente
(893 millions). Les participations financières ont fondu (- 90 millions
d’euros), « Proparco préférant intervenir en direct », a précisé Dov
Zerah, mais les prêts et garanties pour compte propre ont aussi baissé (- 33
millions à 553 millions d’euros, soit près de 64 % du total).
François Pargny
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2 La librairie du MOCI. Rapport
Cian 2012. Les entreprises françaises et l’Afrique.