La procédure du V.I.E est ouverte aux ressortissants français et à ceux appar-tenant à l’Espace économique européen, âgés de 18 à 28 ans, en règle avec les obligations du service national. De fait, la démarche pour décrocher une mission s’apparente à celle de la recherche d’un emploi de cadre.
> Du bon usage du Civi
Toute personne intéressée doit déposer sa candidature auprès du Centre d’information sur le volontariat international (Civi) qui a pour objectifs de promouvoir la procédure auprès des jeunes et de mettre en contact l’offre et la demande. Celui-ci est géré par Ubifrance.
Un site Internet a été mis en place, www.civiweb.com, sur lequel les candidats doivent se référencer avec leur Identifiant défense afin de prouver qu’ils sont en règle avec le service national. Ils peuvent alors saisir leur CV et accéder directement aux offres des entreprises. L’outil leur permet également d’échanger des expériences avec des volontaires en poste ou des anciens volontaires. Le site est alimenté quotidiennement : plus de 60 000 candidats sont actuellement référencés. Le site reste le principal outil mais les candidats à la recherche d’une mission ont tout intérêt à ne pas se limiter au simple dépôt d’une candidature. « Le site Civiweb ne suffit pas. Il faut susciter l’intérêt », affirme Guillaume Sarrazin, un ancien V.I.E à la direction Amérique du Sud de
Valeo au Brésil.
> Adopter une démarche proactive
L’offre de candidatures dépasse nettement la demande. Une PME des Pays de la Loire affirme avoir reçu 480 candidatures en une semaine pour un poste de V.I.E en Chine parlant chinois ! L’Espagne reste aussi un pays très demandé malgré la crise. « Il y a eu 30 CV retenus sur une centaine de réponses puis une short-list de cinq a été élaborée, dans laquelle je figurais. Finalement, j’ai été recrutée », affirme Myriam Villard, V.I.E en poste à Madrid pour Cuisines Schmidt.
La démarche proactive du candidat est vivement recommandée. « Il faut prendre son téléphone », affirme Alexandre Goudier, V.I.E en poste à Mexico pour le fabricant de meubles Gautier. Après avoir vu une offre sur le site Civiweb, il n’a pas hésité à appeler l’entreprise et a obtenu un entretien qui lui a permis d’être recruté. Chez Ubifrance, on estime que 30 % seulement des recrutements de V.I.E sont réalisés via Civiweb et les sites des grandes entreprises. Les candidats doivent donc impérativement explorer d’autres canaux.
> Aller au devant des entreprises
Le canal le plus recommandé est celui de la candidature spontanée, qui représente entre 20 % et 30 % des contrats de V.I.E signés chaque année. « Le candidat a tout intérêt à se déclarer dès qu’il est porteur d’un projet. Trop peu de jeunes utilisent l’option de la candidature spontanée », affirme Stéphane
Perchenet, chef du service Civi à la direction V.I.E d’Ubifrance qui livre par ailleurs cinq conseils pour réussir
Les réseaux personnels du candidat sont une autre voie à explorer. Les stages réalisés en entreprise, les V.I.E de l’école en poste ou les associations d’élèves sont autant de filons. Le fait d’avoir effectué un stage dans une entreprise peut être un atout décisif. Paul Dolléans a été sélectionné comme V.I.E à Londres pour le Groupe d’exportateurs du meuble (GEM), la cellule export de l’Union nationale des industries françaises de l’ameublement (Unifa) parce qu’il était déjà connu grâce à un stage d’étudiant ainsi qu’un stage d’alternance dans le cadre du troisième cycle de ses études. « Nous avions déjà travaillé ensemble sur plusieurs opérations », précise Stéphanie Roussin, chargée de mission export au GEM.
> participer aux rencontres avec les entreprises
Claire Frelin, V.I.E en poste au sein de la filiale brésilienne de la société Biophytis, souligne, de son côté, l’intérêt des forums V.I.E. « Lors d’un salon V.I.E à Paris, j’ai pu avoir un contact direct avec les recruteurs. C’est une solution que je recommande », explique-t-elle. Ubifrance réalise un gros effort pour en augmenter la fréquence. Le 10e Forum V.I.E s’est tenu à Paris le 16 octobre 2009 et des manifestations identiques sont organisées en province. « Au cours de ces journées, les entreprises rencontrent des candidats motivés et ceux-ci peuvent également échanger sur leur projet professionnel à l’international avec une personne du Civi », précise Bénédicte Raynaud, chef du service Développement des PME à la Direction V.I.E d’Ubifrance.
> Se différencier dans son CV
« La clé du succès, c’est de ne jamais rester passif : il ne faut pas se limiter à attendre les réponses à une annonce », explique Stéphane Perchenet, qui insiste également sur façon de présentater la candidature. « Le CV est la carte de visite qui va permettre de faire la différence avec les autres candidats. » Cette différenciation est d’autant plus importante que les candidats sont des juniors ayant à peu près la même expérience, au demeurant limitée. La connaissance des langues et des cultures étrangères, les stages réalisés, le projet de carrière, la volonté d’assumer des responsabilités peuvent être des éléments différenciateurs. Sans oublier de bien se situer dans l’axe des préoccupations des entreprises qui recherchent avant tout des personnes à même de dynamiser le chiffre d’affaires à l’international.
La plupart des postes offerts relèvent de la fonction commerciale. En recrutant un V.I.E, les entreprises font un investissement. Compte tenu de la distance, les capacités d’initiative et d’autonomie dans un environnement culturel différent sont des atouts essentiels de réussite. Et il ne faut jamais oublier que les entreprises qui recrutent un V.I.E ont, en ligne de mire, une intégration postérieure dans l’entreprise.
Guillaume Sarrazin, de V.I.E à consultant en intelligence économique
Titulaire d’un DESS d’intelligence économique et gestion du développement international de l’université de Strasbourg et désireux de travailler en Amérique latine, Guillaume Sarrazin a décroché en 2004 un poste
de responsable de l’intelligence stratégique à la direction Amérique du sud de Valeo, basé à São Paulo (Brésil). Son travail a consisté à mettre en place un système de veille de l’activité des concurrents qui n’existait pas. Ce dispositif a permis, notamment, de détecter des entreprises brésiliennes qui pirataient les produits de Valeo en offrant les mêmes prix que les Chinois mais pour une qualité meilleure !
Son travail a été très apprécié. Au bout de douze mois, à la fin de sa mission au Brésil, Valeo lui a proposé un poste à Paris. Ce poste, cependant, ne correspondait pas à ses aspirations et il souhaitait rester au Brésil. Le responsable de la filiale de Valeo l’a aidé dans la recherche. Guillaume Sarrazin finit par entrer en contact avec une société de conseil française spécialisée dans l’intelligence stratégique, Crescendo. Le V.I.E n’a pas débouché sur une embauche directe, mais il a permis à Guillaume Sarrazin de démarrer une carrière dans l’intelligence économique. « La mission chez Valeo a représenté une fenêtre d’opportunités exceptionnelle car, en France, je n’aurais pas eu les responsabilités que j’ai exercées au Brésil », conclut-il.
D. S.