L’Association nationale des
industries alimentaires (Ania) a consacré à la mutualisation à l’export son
premier séminaire, organisé avec l’Association régionale des industries
agroalimentaires d’Ile-de-France (Aria IDF), le 7 juillet à Paris. Une réunion
qui tombait à pic, puisque l’Ania, qui vient de rénover son site Internet, y
propose aujourd’hui une plateforme de mutualisation, devant permettre aux PME
de mettre en commun leurs forces pour opérer hors des frontières nationales.
Vous êtes un entrepreneur… Alors,
tapez ania-export.net
et, après être entré sur le site, cliquez en plein centre sur Ensemble à
l’export.
« Vous pouvez ainsi vous inscrire gratuitement, déposer une offre de
partenariat ou encore créer une alerte », explique Diane Doré, chef de projet
Echanges extérieurs et agriculture à l’Ania. La plateforme de mutualisation Ensemble
à l’export vous donne aussi la possibilité de sélectionner les annonces
existantes par type d’action (salon, groupement export, bureau…), par zone et
par pays. Vous pouvez même proposer une date de lancement d’une action.
« Dans la pratique, une
démarche de mutualisation à l’export ne peut réussir sans un engagement à long
terme des dirigeants », insiste Catherine Le Dantec, déléguée générale de
l’Aria IDF. Autre condition pour réussir, proposer des produits complémentaires
et cibler les mêmes circuits de commercialisation. Dans le domaine de la
confiserie et la chocolaterie, les entreprises Bonbons Barnier, Des Lis
Chocolat et Les Trois Abeilles rémunèrent ainsi, depuis le 1er janvier, une responsable commerciale à temps partagé, Brigitte Herbille, qui
opérait déjà depuis 20 ans avec Bonbons Barnier.
« Non seulement, ces PME sont
plus fortes parce qu’elles présentent ensemble une offre supérieure et
complémentaire, mais ces trois entreprises agissent aussi toutes dans le très
haut de gamme, leur taille est comparable et, surtout, elles s’adressent à la
même clientèle d’épiceries fines ou de détaillants spécialisées », précise
Brigitte Herbille.
Troisième clé du succès, choisir
la formule la plus adaptée à l’entreprise. Employer un salarié à temps partagé
est une solution, « mais il ne peut s’agir que d’un système transitoire
pour une période de test, car la stratégie de chaque entreprise peut évoluer ou
le salarié peut décider de se retirer de l’affaire », prévient Nicolas
Genty, avocat associé chez Fidal.
Pour aller ensemble à l’export,
les entreprises peuvent aussi constituer un groupement d’intérêt économique
(GIE). Pour leur part, la Biscuiterie de l’Abbaye et les sociétés Borde
(champignons sauvages), Delouis (condiments) et Saint-Jean (ravioles, pâtes
fraîches, quenelles) sont les quatre membres du GIE Independant French Managers
(IFM), actif au Canada et aux Etats-Unis. IFM s’est doté à New-York d’un bureau
de vente, avec deux permanents, qui a permis de dégager un chiffre d’affaires
de 3 millions d’euros en 2010 (+ 20 % sur 2009). Coût de la structure :
3 900 euros par mois. « Notre objectif est de parvenir à un chiffre
d’affaire de 4,5 millions d’euros à la fin de l’année et d’aborder aussi le
Mexique », indique, Marc Pracht, directeur commercial de Borde.
De leur côté, Biofournil,
Bretagne Saumon et Tipiak ont constitué un groupe informel pour attaquer le
marché chinois. De façon concrète, ces trois entreprises de l’Ouest de la
France ont demandé au cabinet Altios International, une société
privée d’accompagnement à l’international (SAI) proposant différents services
(domiciliation, portage salarial, création et gestion d’entreprises…), de
recruter un Volontaire international en entreprise (VIE). « Le VIE n’est pas la
panacée », avertit Patrick Ferron, le directeur d’Altios.
Selon ce dirigeant familier des
pays lointains, « il faut privilégier l’embauche de volontaires de 26-27
ans possédant une expérience du pays ». Pour les trois sociétés de l’Ouest
de la France, la SAI a recruté un ancien collaborateur de Carrefour Chine,
connaissant la langue et la culture du pays. Coût de l’opération pour chaque
entreprise : 800 euros par mois pour le fonctionnement d’un bureau commercial
à Shanghai et 1 366 euros par mois pour la rémunération du VIE à temps
partagé. Une bonne surprise pour le trio français : le Conseil régional
des Pays de la Loire finance totalement le salaire du commercial pendant douze
mois.
S’agissant de l’action collective
des Régions à l’international, la réunion du 7 juillet, organisée par l’Ania et
l’Aria IDF, a été animée. Force était alors de constater que la mission
d’export dévolue aux organismes locaux manquait parfois d’efficacité. Si
Dominique Amirault, le président du Club d’exportateurs de l’Ania et de la société Soléou
(produits méditerranéens), s’est félicité du « succès de marque Produit en
Bretagne »,
c’est la marque Sud
de France en Languedoc Roussillon qui a le plus retenu l’attention. Créée par
le Conseil régional, la société d’économie mixte Sud de France Export possède les moyens financiers pour organiser des missions d’entreprises
jusqu’en Chine. Mais elle semble bien être la seule de ce type, spécialisée
dans l’agroalimentaire.
François Pargny