L’Agence française de développement (AFD) et Bpifrance vont davantage coopérer pour permettre de soutenir le développement de « l’influence française » -et notamment des entreprises et savoir-faire tricolores- sur le continent africain.
Les dirigeants des deux groupes financiers publics, Anne Paugam, pour l’AFD, Claude Périou pour Proparco (filiale de l’AFD dédiée au financement du secteur privé), Nicolas Dufourcq pour Bpifrance ont signé solennellement aujourd’hui 19 décembre, au Quai d’Orsay, un accord-cadre de partenariat sur deux ans, en présence de leurs ministres de tutelle Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international et de Michel Sapin, ministre des Finances et des comptes publics, accord cadre qui amplifie leur collaboration dans différents domaine (notre photo).
Pourquoi un tel cérémonial ? Sans doute parce que cet événement est une première, sous cette forme, et a demandé des mois de dialogue. Les deux institutions financières ont en effet des missions a priori peu conciliables : l’une, l’AFD, est chargée avant tout de répondre aux besoins de développement des pays en développement, l’autre, Bpifrance, est chargée de soutenir le développement des entreprises françaises, y compris à l’international. Deux activités a priori difficiles à rapprocher d’autant plus que la France ne pratique plus l’aide liée : les projets et les pays qu’elle finance ne sont pas obligés de se fournir auprès d’entreprises françaises ce qui agace régulièrement ces dernières.
Bpifrance et l’AFD-Proparco se connaissent. Elles étaient déjà partenaires dans l’outre-mer. L’AFD est également le représentant de la banque publique dans les pays d’Afrique où elle a des bureaux, et Bpifrance est présente au capital de Proparco. En l’occurrence, cet accord-cadre pose les bases d’une coopération a priori minimale, mais qui était sans doute un préalable indispensable pour lancer un signal et commencer. Trois engagements sont pris dans ce cadre :
– mettre en place un dialogue régulier source de synergies entre les deux institutions et leurs outils de financement (cela pourrait notamment se traduire par de meilleurs échanges d’information en amont des appels d’offres liés à des projets) ;
– lancer le Fonds d’investissement Averroès Finance III, élargi à l’Afrique subsaharienne (Averoes II était concentré sur l’Afrique du Nord), une initiative conjointe financée par Proparco et Bpifrance pour soutenir le capital-investissement sur le continent africain ;
– mettre en relation des entreprises françaises ayant des besoins de financement dans les pays d’intervention de l’AFD avec les banques locales partenaires et, réciproquement, à mettre en relation les entreprises des pays d’intervention de l’AFD ayant des besoins de financement en France avec Bpifrance.
« Il y a d’autres projets, il nous appartiendra d’en trouver de nouveaux », a commenté Anne Paugam. « Nous allons travailler ensemble », a résumé Nicolas Dufourcq, qui martèle depuis des mois aux PME françaises « ne ratez pas le train de l’Afrique ». Une nouvelle collaboration est déjà dans les tuyaux : Bpifrance et Proparco planchent d’ores et déjà sur la mise sur pied d’un Fonds d’investissement franco-africain, dédié à des projets de « colocalisation » émanant d’entreprises françaises et africaines. « Notre modèle, c’est le Fonds franco-chinois*, qui marche très bien ». Ce Fonds franco-chinois, lancé en 2012 et géré par Cathay Capital, accompagne des PME et ETI en Chine et inversement, des PME et ETI chinoises en France.*
Christine Gilguy
*Sur le Fonds franco-chinois, lire, notamment : Entretien avec Edouard Moinet, co-associé de Cathay Capital
Pour prolonger :
– Financements : le plan Afrique de Bpifrance prévoit des partenariats bancaires et un fonds d’investissement
– Afrique-France (2) : variations autour de la pratique française de l’aide déliée