Les calissons d’Aix-en-Provence et les biscuits roses de Reims vont côtoyer jusqu’au 29 juin luminaires, faïences et autres mobiliers français sur les étalages du célèbre magasin londonien Harrods, passage obligé, pour tout bon touriste qui se respecte, d’un séjour dans la capitale britannique.
C’est au Grand Atelier, une boutique éphémère dédiée à l’excellence des savoir-faire français, que seront accueillis, durant près d’un mois, 8 entreprises de la gastronomie et 25 de la décoration intérieure et du design chez Harrods. Cette exposition de produits haut de gamme est initiée par Ubifrance et l’Institut supérieur des métiers (ISM).
Hormis leur origine française, un autre point commun réunit les entreprises participantes : leur label Entreprise du patrimoine vivant (EPV), une distinction accordée par l’Etat français. L’initiative, soutenue par le bureau Ubifrance de Londres et le label EPV, vise à promouvoir la tradition artisanale française d’excellence au Royaume-Uni et peut-être même au-delà, via les nombreux visiteurs étrangers du magasin qui rapporteront dans leurs valises un petit souvenir tricolore faute de faire escale dans l’Hexagone.
« Le choix final [d’Harrods] s’est porté sur les produits qui combinaient le mieux les valeurs de rareté, d’unicité, de patrimoine et de territoire ainsi que ceux qui permettaient d’être les meilleurs ambassadeurs de l’élégance française et de l’artisanat d’excellence. Mais surtout, nous avons choisi les produits les plus à même de séduire les clients très exigeants de Harrods », explique Guy Cheston, directeur des ventes médias au sein du grand magasin.
De la visibilité pour la Maison des Sœurs Macarons
Cette traversée outre-Manche est ainsi une première pour La Maison des Sœurs Macarons, une confiserie nichée au cœurs de Nancy, en Lorraine, et spécialisée dans les macarons et les bonbons à la bergamote depuis 1793. « C’est la première fois que l’on exporte », informe Nicolas Génot, gérant de la maison. « Nous sommes un petit magasin, c’est une opportunité ! »
« Nos produits haut de gamme et 100 % naturels se prêtent très bien au jeu », explique le gérant pour qui cette exposition va surtout permettre de donner de la visibilité à son enseigne et à son image empreinte d’histoire. En effet, ce sont deux sœurs bénédictines du
couvant des Dames du Saint-Sacrement qui sont à l’origine de la confection du fameux macaron.
A base d’essence de bergamote collectée en Calabre, région située à la pointe sud-ouest de l’Italie, les bonbons à la bergamote des Sœurs Macarons furent parmi les premiers produits français à obtenir le label européen IGP (Indication géographique protégée). « La bergamote est un produit particulier. C’est très spécifique, on aime ou on aime pas.», avertit l’artisan. Dans la patrie du five O’clock tea adepte de la marmelade à l’orange et des pâtes à tartiner au citron, le Français apporte sa signature. « C’est le bonbon du pays de l’Earl Grey. C’est comme cela que Harrods
nous a définit dans son catalogue produits », raconte Nicolas Génot.
Si l’expérience se montre concluante
sur le marché britannique, le chef d’entreprise ne s’emballe pas pour autant : « Nous ne cherchons pas les volumes, nous
ne sommes que 10 salariés. Nous voulons y aller petit à petit, avec une
production sélective.» Il faudra, en effet, tenir compte de la date limite de consommation des
bonbons à la bergamote.
« Nous sommes dans un registre de quantité et de qualité qui est difficile à tenir. Il faut compter 1h de cuisson pour 18 kilos de bonbons, si on fait cuire en 15 minutes pour produire plus, à l’arrivée, on n’obtient pas la même chose ! » « C’est comme un gigot d’agneau, si l’on passe la cuisson de 7h à 3h, le résultat n’est pas le même.», illustre-t-il. De plus, « si ça prend, il faudra investir pour suivre la production ». L’entreprise devra investir dans les papillotteuses, de grosses machines très chères qui servent à emballer les bonbons. « Il y a un potentiel, mais on prendra le temps. Nous voulons tenir les volumes, mais hors de question de perdre sur la qualité ! », renchérit Nicolas Génot.
L’endroit où il faut être pour la clientèle haut de gamme
« C’est la première fois que l’on sera chez Harrods », explique, pour sa part, l’assistante-export de La Maison Fossier, marque réputée pour ses biscuits roses de Reims qui évoquent la région champenoise. Présente depuis une dizaine d’années à l’international, La Maison Fossier n’en est pas à sa première expérience à l’export. Ses principaux marchés sont en Asie (Japon, Chine, Hong Kong, Malaisie), au Moyen-Orient, mais aussi aux Etats-Unis, Canada, et en Europe avec les pays limitrophes de la France (Allemagne, Belgique, Italie).
« Nous vendons déjà en Angleterre dans de petites enseignes, mais Harrods, c’est l’endroit où il faut être pour bénéficier de la clientèle qui apprécie le haut de gamme », souligne l’assistante-export.
Les biscuits roses de Reims ne partiront pas seuls à Londres. Les macarons amande et les macarons framboise, les palmiers au beurre et les sablés de la marque de biscuits seront également exposés dans le Food Hall de l’institution londonienne, « des produits que l’on ne connait pas en Angleterre », indique-t-on chez Fossier. Avec cet accompagnement, « on espère être présent dans les références permanentes de Harrods.» Affaire à suivre donc.
L’inauguration du Grand Atelier a lieu aujourd’hui 4 juin à 20h30 chez
Harrods, en présence de Bernard Emié, ambassadeur de France au
Royaume-Uni.
Venice Affre