(Cet article a été diffusé auprès des abonnés de la Lettre confidentielle le 29 janvier à 13 h 59. Cette version a été mise à jour)
De source sûre, la Banque centrale iranienne et Coface pour le compte de l’État (Direction des garanties publiques) ont conclu un accord pour la réouverture des garanties publiques pour les crédits acheteurs en Iran cette semaine, à l’occasion de la visite du président iranien en France*. Une information, qui n’a, toutefois, pas été confirmée immédiatement par l’assureur crédit export le 29 janvier, «seul Bercy étant habilité à communiquer quand il s’agit de garanties publiques », y a-t-on indiqué au Moci.
Cette signature, passée inaperçue alors que le président Rohani vient d’effectuer une visite officielle de deux jours (27-28 janvier) à Paris, est pourtant un signal très positif pour les exportateurs français. Elle permettrait en effet de relancer le commerce courant et de financer une partie des contrats signés à Paris pendant le séjour du président de la République islamique.
Selon les détails livrés par la suite par l’assureur-crédit, « Coface Garanties publiques agissant pour le compte de l’État français dans le domaine de l’assurance-crédit à l’export et la banque centrale de la République islamique d’Iran ont conclu un accord sur le paiement de montants dus par des débiteurs iraniens et bloqués depuis la mise en place des sanctions internationales. Cet accord ouvre la voie au rétablissement et au développement des affaires entre les deux pays. Cet accord mutuel représente une étape importante, nécessaire pour relancer l’activité. Coface Garanties publiques est désormais en mesure d’apporter un soutien et de fournir des garanties pour des projets de moyen et long terme, en conformité avec les règles internationales ».
Toutefois, le goulot d’étranglement des circuits financiers n’est pas éliminé. Même une banque publique comme Bpifrance, habituée à travailler en partenariat avec les banques privées, se montrerait très prudente sur l’Iran. Le réseau financier iranien est en effet en mauvais état et les banques françaises, échaudées par la mésaventure de BNP, condamnée par les États-Unis à une forte amende en 2014, se montrent toujours très frileuses pour travailler avec l’Iran.
« Nous travaillons à la clarification du financement public comme privé à Bercy et au ministère des Affaires étrangères », indiquait le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, au Medef, le 28 janvier. Rappelons que Coface, au titre de ses activités pour son compte propre, dans son Guide des risques pays 2016 classe l’Iran en D, la catégorie de risque la plus élevée. Son environnement des affaires, en outre, est évalué en C, sur une échelle allant de A1 à D. Enfin, pour sa cotation à moyen terme, l’assureur crédit estime que le risque en Iran est très élevé.
L’Iran est un pays où les encours de l’assurance-crédit publique, correspondant à des garanties accordées sur des contrats passés avant le gel total des échanges après 2006, restent élevés**.
François Pargny
*France / Iran : Manuel Valls et Hassan Rohani délivrent au Medef un message politique… et économique
Dossier Iran 2015