Se développer à l’export passe souvent par des implantations locales, voire des acquisitions. Pour aider les PME et ETI françaises indépendantes à mener à bien des opérations de croissance externe à l’étranger, Bpifrance a créé le fonds « Build-up International », doté de 200 millions d’euros et présenté officiellement à la presse le 13 septembre.
« Il y a un tissu très riche d’entreprises familiales en France, PME et ETI, qui parfois ne veulent pas ouvrir leur capital, donc elles sont freinées dans leur développement à l’international », justifie Guillaume Mortelier, directeur exécutif de la nouvelle direction exécutive de « l’Accompagnement » chez Bpifrance. Or, les marchés étant de plus en plus internationalisés, l’ouverture à l’international est l’un des principaux leviers de croissance des entreprises et de nombreuses entreprises familiales passent ainsi à côté de la possibilité de grandir plus vite.
D’où l’idée de ce nouveau dispositif d’accompagnement à l’international, souscrit dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA). En proposant de co-investir avec elles, il doit permettre de répondre aux besoins de ces entreprises indépendantes et patrimoniales en matière d’acquisitions à l’étranger. Dans le jargon de Bpifrance le « build-up » désigne un mode de développement qui permet à une entreprise d’atteindre une taille critique, d’obtenir une position significative sur son marché ou encore de prendre son envol à l’international. Cette stratégie de croissance repose sur l’acquisition ciblée d’autres sociétés, souvent concurrentes ou complémentaires.
Du co-investissement pour partager les risques
De façon concrète, le fonds Build-up International va investir directement au capital de sociétés étrangères ciblées dans le cadre d’une acquisition pour partager le risque. « On est systématiquement en co-investissement avec l’entreprise française », a souligné Guillaume Mortelier, en charge du nouveau fonds. Bpifrance intervient en soutien aux côtés de l’entreprise mère, en injectant des montants de 3 à 30 millions d’euros au capital de la société ciblée à l’international par l’entreprise française. Le fonds vise des opérations de croissance externe d’une valeur de 10 à 150 millions d’euros.
S’agissant des bénéficiaires, il s’adresse aux PME ayant un chiffre d’affaires minimum de 20 millions d’euros, et aux ETI jusqu’à 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, issues de la French Fab mais aussi d’autres secteurs de l’industrie comme l’aéronautique, la santé, l’agroalimentaire ou la sécurité.
Leur dirigeant devront présenter une vision claire de leur stratégie d’internationalisation mais aussi de long terme. « L’enjeu, explique Guillaume Mortelier, c’est d’établir un dialogue de long terme avec l’entrepreneur pour aboutir à l’internationalisation de sa société ». Et d’ajouter, « on est vraiment sur du ‘capital patient’ car l’idée, c’est de rester 8 ans (au capital) ».
En ce qui concerne la couverture géographique du fonds, celui-ci investira aussi bien dans des entreprises en Europe qu’en Amérique du Nord que dans les grandes zones émergentes comme l’Inde et la Chine et « potentiellement en Afrique », complète Guillaume Mortelier.
Un accompagnement sur-mesure pour le « Mittelstand » français
« En plus d’un outil d’investissement, on est aussi un outil d’accompagnement », insiste encore Guillaume Mortelier.
Après les « Accélérateurs » de PME et ETI, la banque publique s’attaque cette fois à l’accompagnement des entreprises issues du « Mittelstand français », qui veulent accéder par croissance externe aux marchés étrangers sans pour autant faire appel à des investisseurs extérieurs pour muscler leur capital. Au-delà du co-financement du projet, le fonds offre ainsi un accompagnement plus large : de l’identification des cibles (l’entreprise ciblée pour une acquisition) à l’étude des opportunités d’acquisition jusqu’au montage financier voire à la recherche éventuelle d’investisseurs locaux. « On est sur de l’accompagnement sur-mesure », a renchéri Guillaume Mortelier.
L’accueil réservé à ce fonds Build-up International est encourageant : Bpifrance est d’ores et déjà en discussion avec une quinzaine de PME / ETI françaises désireuses de s’implanter à l’étranger par acquisition. Il espère accompagner entre 15 et 20 entreprises sur les trois prochaines années pour un montant global d’acquisition de l’ordre de 500 millions d’euros à 1 milliard d’euros. À suivre donc.
Venice Affre