Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France, était conviée hier, comme d’autres partenaires, à venir témoigner lors de la présentation du bilan annuel pour 2014 de Bpifrance. C’est une première qui s’explique aisément : « l’international, pour nous, c’est la survie », a déclaré Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique, une conviction qu’il a martelé aux entrepreneurs français tout au long du tour de France qu’il a effectué l’an dernier dans les régions françaises et qu’il ne manque plus une occasion de rappeler lorsqu’il en a l’occasion : « Il faut démystifier l’export, plaidait-il encore hier soir sur l’antenne de France Info. Pour beaucoup d’entreprises, il manque la volonté et la conscience, de la part d’un certain nombre de patrons, que ce n’est pas si compliqué ».
Les chiffres livrés sur les activités export de la banque, qui travaille toujours en partenariat de co-financement avec les banques commerciales, témoigne d’une montée en puissance très nette. En deux ans son produit phare, le prêt export (3 à 5 millions d’euros sur 7 ans sans garantie), a vu son volume multiplié par 4 pour atteindre 404 millions d’euros et l’objectif fixé par son plan stratégique 2014-2017, a indiqué Nicolas Dufourcq, est d’atteindre 800 millions.
Le crédit export, activité créée de toute pièce (Oséo n’en faisait pas) est en cours de lancement pour offrir une solution de crédits fournisseur ou de crédits acheteurs aux contrats de petits montants des PME et ETI (1 à 50 millions d’euros) dans les pays « compliqués ». Elle « prend son essor », avec pour objectif de « démocratiser » ces solutions selon lui « réservées aux grands comptes par les réseaux bancaires ». La banque a aussi lancé en octobre dernier un solution de financement court terme des créances export – les « Dailly » export- mais aucun chiffre n’a été livré.
Demain peut-être, pour simplifier encore le dispositif de soutiens des exportateurs, elle reprendra tout ou partie de l’activité d’assurance-crédit publique actuellement gérée par la Direction des garanties publiques (DGP) de Coface -le crédit export dans le jargon des spécialistes, mais aussi l’assurance-prospection-, dont aucun représentant n’était invité à témoigner hier. Rappelons que les ministères financiers de Bercy ont annoncé le 23 février lancer une réflexion pour « étudier la possibilité de transférer au groupe Bpifrance l’activité de gestion des garanties publiques pour le compte de l’État, aujourd’hui réalisée par Coface ».
Avec Business France, deuxième grand acteur public national du soutien de l’export, « ce n’est que le début d’une histoire de rapprochement », avec « une alchimie qui fonctionne », a souligné Nicolas Dufourcq. Lors de son lancement en 2013, sous l’impulsion de l’ancienne ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, non seulement la banque publique avait intégrée le financement du développement international des PME, mais en plus un label spécifique « Bpifrance export » avait été mis au point pour qualifier une offre de coaching associant, dans les directions régionales de la banque publique, ses financeurs mais aussi les experts de la Direction des garanties publiques (DGP) de Coface, et des conseillers marchés de ce qui s’appelait alors Ubifrance. Leur cible : 1000 PME et ETI ayant un réel potentiel de développement ou d’accélération de leurs activité à l’international.
Aujourd’hui, quelque 40 chargés d’affaires internationaux de Business France opèrent ainsi dans les régions. « Ce qui est important, c’est que c’est un partenariat physique » a estimé Muriel Pénicaud. Quand on est chef d’entreprise, « si on a en face un conseiller marché et un banquier, ça change la vie » a-t-elle résumé. A ce jour, 750 entreprises se seraient engagées dans la démarche, dont 450 seraient d’ores et déjà dotées d’un plan d’action pour l’export. Et de donner l’exemple du groupe Gruau, constructeur de véhicules utilitaires légers, qui vient, au terme d’un accompagnement de 18 mois, de signer un accord avec un constructeurs américains et ambitionne désormais de doubler la part de l’international dans son chiffre d’affaires.
« Ensemble, on représente un booster » a conclu la patronne de Business France, qui n’a pas été démentie, ça va de soi, par l’hôte des lieux.
Christine Gilguy
* Coface-Bpifrance : Bercy relance le projet “serpent de mer” d’une banque du commerce extérieur