Le bilan 2016 du dispositif public de soutien à l’exportation dévoilé le 3 mars par la direction générale du Trésor (DG Trésor) lors du séminaire Bercy financements export devant un parterre d’environ 400 entreprises, reflète à la fois un contexte international moins favorable que prévu pour les grands contrats -à l’exception notable du secteur militaire et dans une moindre mesure du naval- et un palier dans la progression de certains produits dédiés aux PME.
Un bilan qui justifie à cet égard que beaucoup est attendu désormais de Bpifrance, devenu depuis le début de l’année l’unique organisme pour les financements et pour les garanties export après le transfert de l’ex. direction des garanties publiques de Coface a sa nouvelle filiale Bpifrance Assurance export*. Le point d’orgue d’un mouvement de réformes, qui, comme l’a rappelé Odile Renaud-Bassau, directrice générale du Trésor, a été engagé à partir de 2012 dans le dispositif de soutien des entreprises à l’exportation. Objectif : simplifier et redynamiser l’offre pour augmenter le nombre de PME et ETI exportatrices, mais aussi améliorer l’efficacité et la diversité des instruments de soutien de l’Etat aux grands contrats**. Des réformes saluées par les entreprises, qui demandent à présent une mise en oeuvre plus adaptée à leurs besoins ***.
Palier pour l’assurance prospection
Quelque 1222 entreprises ont bénéficié d’une assurance prospection pour un montant de 84 millions d’euros en 2016, soit un recul de respectivement 11 et 10 % par rapport à 2015. « Nous comptons beaucoup sur le passage à Bpifrance pour développer l’accès aux PME » a souligné Charles Sarrazin, sous-directeur du Financement international des entreprises à la DG Trésor. L’assurance prospection est un produits phare pour les PME, puisqu’il permet de financer leurs dépenses de prospection à moindre coût.
Même regain de dynamisme produit attendu de la banque publique en matière de garanties des risques exportateur (qui couvrent les banques accordant à des entreprises cautions ou préfinancements liés à des appels d’offres ou contrats d’exportation), dont le bilan est pourtant plus contrasté. En matière de cautions, tout autant le nombre que le montant global garanti a chuté avec 280 (68 %) et 415 millions d’euros (-37 %). Mais en matière de préfinancements export, le nombre de contrats et le montant total garanti ont fortement augmenté : 212 (+17 %) pour 137 millions d’euros (+18 %).
Recul des promesses de garanties, augmentation des PME et ETI bénéficiaires
En matière d’assurance-crédit export, si, d’après le chiffre donné par Odile Renaud-Bassau, le montant des financements effectivement garantis a été à la hausse en passant de 5 à 6 milliards d’euros, en matière de promesses de garanties, porteuses de flux d’affaires futurs, la tendance a été au reflux, il est vrai après une année record en 2015. En cause, selon Charles Sarrazin, un « contexte moins porteur » avec le ralentissement du commerce mondial et la crise des matières premières qui a gelé de nombreux projets d’investissements dans les pays émergents, et des inquiétudes sur la situation financière de « certains pays ». « Mais on retrouve la même tendance chez la plupart des agences de crédit export » a-t-il relevé.
Le montant global des garanties acceptées a ainsi baissé de 21, 9 % pour s’établir à 17,509 milliards d’euros (22,44 milliards d’euros en 2015), dont 16,652 milliards pour des contrats portés par 151 grands groupes et 857 millions pour des contrats portés par 85 PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire).
Dans ce domaine aussi, la nouvelle Bpifrance assurance export fait naître l’espoir d’une nouvelle dynamique, d’autant plus que le nombre de PME et ETI bénéficiaires a bondi de 31 % en 2016 (65 en 2015) pour un montant global des promesses de garanties en forte hausse de 49 % (574 millions en 2015). Charles Sarrazin veut d’ailleurs y voir une « tendance prometteuse qui devrait s’accentuer dans les années à venir avec les démarches de Bpifrance ».
Un des vecteurs de cette augmentation de la part des PME et ETI bénéficiaires pourrait notamment venir du développement des crédits export de petits montants -crédits acheteurs et crédits fournisseurs- lancés par Bpifrance à l’automne 2015. « Nous espérons en faire pour 200 millions d’euros cette année », a indiqué Nicolas Dufourcq lors de ce séminaire, précisant « ceci sans compter l’Iran ». Une allusion à la possible ouverture d’un canal de financement export français sur ce pays, très attendue par les entreprises dans la phase actuelle de levée très progressive des sanctions engagée à la suite de l’accord international sur le nucléaire de juillet 2015****.
Très forte progression du secteur militaire
En attendant, l’encours de contrats export garanti par l’Etat a légèrement baissé, passant de 65 à 64 milliards d’euros. Son évolution est marquée par la très forte progression du secteur militaire, déjà signalée ces derniers mois, à la suite des succès rencontrés par l’industrie de l’armement ces trois dernières années (avions de chasse Rafale, sous-marins nucléaire et classiques, navires, armements terrestres…).
Ainsi, si l’aéronautique et le militaire pèsent chacun 30 % du stock d’encours, leur part dans les promesses de garanties a été de respectivement 2 % et … 53 % et de 15 % et 65 % dans les contrats conclus délivrés.
Les autres secteurs sont loin derrière. Le Naval pèse 14 % des encours (et 28 % des promesses délivrées), le spatial 7 %, le nucléaire 3 % et les transports terrestres 2 % (et 3% des promesses délivrées).
Forte hausse des prêts du Trésor
A noter que la DG Trésor a également livré le bilan de l’aide projet. Dans ce domaine, les prêts du Trésor, relancés ces dernières années, sont en hausse et concerne essentiellement de grands contrats en Afrique : cinq projets ont été soutenus en 2016 via cet instrument, pour un montant globale de 261 millions d’euros (+ 35 %), dont le projet de train express aéroport / Dakar, au Sénégal, qui a bénéficié du premier prêt du Trésor non concessionnel (à un taux non subventionné). Les autres projets ont été localisés au Maroc, Côte d’Ivoire, Kenya et Kosovo.
Quant au FASEP (Fonds d’étude et d’aide au secteur privé), qui permet des avances non remboursables pour financer des études de projets, il a permis de financer 18 études pour 11 millions d’euros.
Christine Gilguy
*Sur la nouvelle offre à l’export de Bpifrance, lire notamment : Export / Aides : ce qu’il faut savoir de la nouvelle Bpifrance assurance export et Financement / Export : Bpifrance monte en puissance à l’international
** Le Moci a régulièrement rendu compte de ces évolutions. Lire notamment : Financements export : Bercy muscle encore son arsenal de soutiens aux exportateurs
*** Aides / Export : les CCE et le Medef remettent la pression sur Bercy
**** France / Iran : rétablissement imminent d’un canal de financement export
Pour en savoir plus :
Consultez le site Internet de la DG Trésor, qui a mis en ligne différents documents présentés lors du séminaire : www.tresor.economie.gouv.fr