Alstom devra bientôt se passer du soutien des garanties de l’Etat pour vendre à l’export ses centrales à charbon les plus polluantes. Le président français François Hollande s’y était engagé fin novembre 2014, lors de la Conférence environnementale consacrée à la transition énergétique. Son Premier ministre l’a confirmé hier 4 février devant le Conseil national de la Transition écologique (CNTE), qui rassemble organisations non gouvernementales (ONG), élus et représentants d’entreprises et des syndicats. « Le président de la République l’a dit et je le répète: la France supprimera l’assurance-crédit à l’export des centrales à charbon sans stockage de CO2 », a notamment déclaré Manuel Valls, selon des propos de participants cités par la presse.
Pas sûr que cela soit du goût de son nouvel actionnaire, GE Capital, d’autant plus que les centrales à stockage de CO2 sont réputées moins efficaces que les autres, dites « supercritiques », d’autant plus que le marché, à l’échelle mondiale, est encore balbutiant. Mais alors que la France est l’hôte cette année d’une Conférence internationale sur le Climat -la COP 21/Conférence Paris Climat- dont elle voudrait faire la vitrine internationale de son engagement pour la lutte contre le changement climatique et ses savoir-faire dans ce domaine, et face à la pression insistantes des ONG environnementales, revenir sur cet engagement aurait été difficilement compréhensible.
La ministre de l’Ecologie,du développement durable et de l’énergie, Ségolène Royal, doit toutefois encore préciser « le calendrier concret de retrait », a dit le Premier ministre. La ministre a évoqué la mise en place d’un groupe de travail, associant les entreprises concernées par ce retrait, et promis l’élaboration rapide d’un « échéancier ».
Pour Alstom, principal client des crédits export d’Etat dans ce secteur, et ses sous-traitants, quel sera l’impact de cette mesure ? Rien ne l’empêchera de continuer à exporter ce type de centrale, déjà vendue en Bulgarie et en Afrique du sud. Mais il faudra que le groupe trouve d’autres solutions que l’assurance-crédit export proposée par Coface pour le compte de l’Etat pour monter le financement de ses contrats d’exportation et il ne pourra plus compter non plus sur d’éventuels financements de l’Agence française de développement (AFD), qui a pris le même engagement l’an dernier. Selon une analyse publiée par le site d’information AEF Développement durable, « Alstom a bénéficié de toutes les aides à l’export de l’État pour le charbon entre 2001 et 2014, soit 1,313 milliard d’euros ».
Pas simple pour ce type de projet lourd, pour lesquels les clients -des énergéticiens comme EDF, souvent à capitaux publics dans les pays émergents- demandent des financements à long terme et à des conditions préférentielles et en font un enjeu concurrentiel. A moins que son nouvel actionnaire américain ne fasse jouer ses propres leviers…
C.G
Pour prolonger :
Notre dernier Guide des aides à l’export, qui détaille tout le dispositif public de soutien des exportations : France-Europe : Guide des aides à l’export pour les PME