Aide-toi et les organismes publics et privés de soutien au commerce extérieur t’aideront ! Cette maxime pourrait être celle d’Anne Delleur, qui, après avoir décidé de reprendre la marque de cosmétiques française Arcancil alors en faillite en 2006, a su frapper aux portes de Business France pour l’accompagnement ou de Bpifrance et de la Région Ile-de-France. « C’est l’international qui a fait vivre en France cette marque symbolisant depuis 70 ans l’élégance à la française », rapportait ainsi le 21 septembre, la présidente de l’Institut Caméane, lors de la deuxième Matinale de la mondialisation du Medef, sur le thème : « booster ma croissance : quels réseaux d’appui pour mes projets à l’international ? » (à gauche sur notre photo, aux côtés d’Arnaud Vaissié/CCI France International, Muriel Pénicaud/Business France, Étienne Vauchez/OSCI et Christine Gilguy, rédactrice-en-chef du Moci qui animait les débats).
En l’occurrence, c’est après s’être introduite sur le marché algérien que cette société de 35 salariés a pu entrer aux Galeries Lafayette. Mais surtout l’Institut Caméane (8 millions d’euros de chiffre d’affaires attendus cette année, dont 80 % à l’export), grâce à Business France et à la Poste, a réussi à percer en Chine. Il a pu notamment être référencé sur T mall, plateforme de e-commerce que le géant Alibaba a accepté d’ouvrir aux marques françaises dans le cadre d’un protocole d’entente avec l’agence publique française. En région, Anne Delleur a bénéficié aussi de l’appui du Chargé d’affaires international (CAI) de Business France pour asseoir sa stratégie d’entreprises, et du programme d’aides aux PME de la Région Ile-de-France PM’Up, qui a notamment servi à financer 50 % d’un Volontaire international en entreprise (VIE, procédure gérée au niveau national par Business France), et du programme Accélérateur PME de Bpifrance (cofinancé par Bercy), offrant des conseils sur mesure et la mise à disposition de consultants.
Un accord prochain entre Business France et l’OSCI
Au regard de l’expérience d’Anne Delleur, la démarche pour frapper aux portes des opérateurs du commerce extérieur paraît aisée. Dans la réalité, « le parcours simplifié, c’est compliqué et c’est pourquoi il faut de la coopération entre les acteurs », reconnaissait Arnaud Vaissié, président de CCI France International et P-dg d’International SOS, qui estime que « la CCI locale dans l’Hexagone doit être le point d’entrée pour qu’une entreprise évoque son problème ». Ensuite, selon lui, « la Chambre de commerce et d’industrie fait appel à divers acteurs : Business France, le secteur privé… ». Et d’insister sur le fait que s’il y a « des méthodes de travail différentes entre opérateurs, il n’y a pas d’exclusivité ». Un propos qu’il a répété de façon spécifique quand il a parlé des efforts entre CCI en France et à l’étranger pour une démarche commune visant à créer « plus de fluidité », à parvenir à « un travail excellent, mais sans exclusivité ».
De son côté, Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France, a rappelé que l’agence publique avait conclu des accords de coopération avec le réseau consulaire, mais aussi le Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF), l’Agence française de développement (AFD) et s’apprêtait à faire de même avec la fédération des Opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI), qui regroupe les sociétés de commerce international (SCI) et d’accompagnement à l’international (SAI). « Alors oui, c’est un maquis, si on ne joue pas ensemble, si on ne joue pas en équipe avec un parcours à l’export. Et, selon elle, aujourd’hui, on est à mi-chemin, il y a encore un peu de boulot ».
Pour sa part, Étienne Vauchez, le président de l’OSCI, a pointé le fait que Business France propose des subventions, « ce qui est un avantage pour les entreprises », et qu’il y a aussi une « compétition », qui exige une démarche de « loyauté ». Depuis deux ans, a-t-il conclu, « il y a une clarification, qui va être concrétisée par cet accord avec Business France », devant permettre au secteur privé d’offrir ses services et d’être consulté au même titre que les opérateurs publics.
Medef mobilise les PME sur la ville durable
La procédure du VIE a souvent été évoquée par les orateurs, ce qui n’a pas surpris Agnès Romatet-Espagne, qui clôturait la Matinale. Selon la directrice des entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme au ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), « 70 % des entreprises qui emploient un de ces jeunes les recrutent ensuite ».
Aujourd’hui, il y en a 9 000, ce qui est peu aux regards des 85 000 candidats, faute d’entreprises intéressées. « Et pourtant, le VIE, c’est souvent le premier salarié à l’étranger », soulignait Muriel Pénicaud. « C’est souvent le premier pas avant la filiale », renchérissait Arnaud Vaissié. Et « en plus, ajoutait la directrice générale de l’agence publique, c’est pour l’entreprise un contrat clé en main que nous servons à la PME, avec les assurances et l’hébergement que l’on trouve avec le réseau consulaire ». « Le réseau des Chambres de commerce à l’étranger compte 50 incubateurs, 35 000 m2 de bureaux et quand un jeune se trouve chez nous, c’est un avantage, car il est dans un environnement d’affaires qui peut l’aider », a encore précisé le président de CCI France International.
Une autre solution pour les PME est de collaborer entre elles à l’international. Plusieurs initiatives ont été ainsi présentées lors de la Matinale du Medef. Celle notamment du patronat français dans la ville durable. « La mobilisation a été exemplaire et les PME sont venues », rapportait ainsi Jean-Louis Marchand, vice-président de la task force du Medef « Ville durable » et président du comité Infrastructures du Medef et de la Fédération de l’industrie européenne de la construction (Fiec). Le projet visait « à créer une offre la plus globale possible » et son succès à été si flagrant que le président de la task force, Gérard Wolf, a été choisi par le secrétariat d’État au commerce extérieur pour devenir le fédérateur de la famille de produits prioritaire à l’export et reprendre Vivapolis, la marque déposée en 2013 par le groupe d’action internationale du Comité stratégique des filières éco-industrielles, sous cotutelle des ministères de l’Écologie, du développement durable et de l’Économie et des finances.
Le secteur privé s’engage avec les «Meet Up» et Stratexio
Le Medef et l’Osci ont aussi lancé une plateforme d’exportation collaborative, avec le site avec www.exportation-collaborative.fr.
La première réalisation concrète a été « Meet Up Agri Agro », une matinée de conférences et d’ateliers rencontres axés sur les métiers et produits agricoles et agroalimentaires et les agroéquipements organisée fin juin dernier. Ses chevilles ouvrières ont été l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux des produits et techniques agroalimentaires), avec le concours des fédérations Ania (Association nationale des industries alimentaires) et CF2A (Fédération du commerce agricole et agroalimentaire). « Faire plus et mieux en réduisant les coûts et plus vite, c’est très intéressant pour les PME et c’est d’autant plus intéressant sur des marchés compliqués comme la Chine », jugeait ainsi Diane Doré, ancienne directrice Échanges extérieurs et agriculture à l’Ania, aujourd’hui chargée de projets à la direction du Développement stratégique Asie d’In Vivo, premier groupe coopératif agricole français.
Le Medef et l’Osci, avec le GFI (Groupe des fédérations industrielles), sont encore à l’origine de Stratégies pour l’exportation et l’internationalisation (Stratexio), un programme qui offre à des entreprises à fort potentiel et déjà présentes à l’export un accompagnement personnalisé et à long terme pour concevoir et mettre en place une stratégie de développement international. « On a voulu appliquer le principe du management et de l’échange entre pairs en constituant sur un territoire déterminé des petits clubs de 12 à 14 chefs d’entreprise », a détaillé Jean Vaylet, à la tête de Stratexio et de la CCI de Grenoble. Quelque 70 entreprises seront accompagnées à la fin de l’année et, après Nantes, c’est à Poitiers et Toulouse que d’autres clubs vont être constitués.
François Pargny
Pour prolonger :
Lire sur notre site :
– Export / Accompagnement : Business France et l’OSCI préparent une convention de coopération inédite
– Aide au développement/Commerce extérieur : l’AFD et Business France signent un partenariat
– CCI / Export : les chiffres clés d’un réseau qui monte à l’international
– CCEF 2016 : à quoi servent les conseillers du commerce extérieur ?
– Parcours unifié de l’export pour les PME : Business France et les CCIFI doivent s’entendre pays par pays
– Filières prioritaires / Export : Gérard Wolf, fédérateur de la famille « Mieux vivre en ville »
– Meet Up Agri Agro / Export : comment l’agroalimentaire français s’essaye à l’ exportation collaborative
– Aides à l’export / Stratexio : le premier programme va débuter pour 12 PME exportatrices ligériennes
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