Gastronomie : Excel envoie un V.I.E défricher le marché du foie gras
Créé il y a 17 ans par trois producteurs de fois gras de canard, le groupe Excel «Les éleveurs gastronomes » (plus de 60 millions de chiffre d’affaires, dont un quart à l’export), qui fédère aujourd’hui 80 producteurs, s’est servi du V.I.E pour accélérer son développement international.
Dès 1994, le groupe du Sud-Ouest spécialisé dans l’abattage, la découpe et la commercialisation de canards gras s’est tourné vers l’export avec une première implantation au Canada puis en Espagne. « Aujour- d’hui nous sommes reconnus pour cette capacité à l’export, et nous avons créé une marque spécifique, Palme d’Or Foie Gras », commente Christian Lanuque, son président. Mais c’est en 2004 qu’il songe au V.I.E, voyant dans cette formule un bon moyen pour recruter des cadres export à moindre coût.
Deux volontaires sont mis en place cette année-là en Russie et en Italie, avec le soutien du groupe Total qui assure leur hébergement professionnel dans une de ses filiales et facilité leurs contacts. Puis, en 2008, Excel renouvelle l’expérience en Chine. Depuis bientôt deux ans (son contrat prend fin en avril 2010), Marie Fertil représente ainsi Excel dans l’empire du Milieu. « Marie passe bien sur le terrain », indique Christian Lanuque, à tel point qu’un courant d’affaires a démarré en 2009 dans ce pays.
Excel distribue ses produits crus et transformés et ses surgelés à Hong Kong et aussi des produits en conserve en Chine continentale. « C’est important d’avoir quelqu’un sur place » afin de sélectionner les bons partenaires, souligne Christian Lanuque, qui se déplace deux fois par an en Chine. Tandis que Marie Fertil fait le chemin inverse, également deux fois par an. « Jusqu’à ce jour, on est bien tombé », constate Christian Lanuque, qui recrute via le V.I.E. De fait, le jeune envoyé en Russie a été embauché tandis que celui qui était en mission en Italie est aujourd’hui agent commercial pour le compte d’Excel. .
La mission selon Marie Fertil « J’ai choisi le V.I.E parce qu’il offrait un cadre plus sécurisant »
L’expérience professionnelle de Marie Fertil en Chine a commencé par la promotion du vin et du fromage avec
Sopexa. Aujourd’hui, domiciliée à Shanghai mais temporairement installée à Hong Kong, elle s’attaque au marché du foie gras qu’elle prospecte comme V.I.E pour le compte du groupe Excel.
La promotion des produits agroalimentaires français à l’étranger est le fil conducteur de son parcours professionnel amorcé à Quimper, au sein de l’Isuga-Institut de management Europe Asie. En 2004, son cursus l’a amenée à effectuer un stage de huit mois à Pékin au sein de Sopexa qui assurait la promotion du vin dans ce pays et se lançait dans celle du fromage. L’exportation du fromage en Chine a d’ailleurs été le sujet de sa thèse de master spécialisé en management et marketing. Fin 2007, elle est en poste chez Bongrain mais souhaite repartir en Chine. C’est alors qu’elle rencontre Christian Lanuque qui lui propose une mission de V.I.E dans ce pays. « Le marché chinois s’était fortement développé et on m’avait proposé des contrats locaux, mais j’ai choisi le V.I.E parce qu’il offrait un cadre plus sécurisant. »
Sur place, sa mission consiste à développer le marché chinois, à trouver des distributeurs, mais aussi à faciliter l’importation des produits français en Chine, en dépit d’une réglementation très contraignante.
Le SIAL de Shanghai, en mai 2009, permet de rencontrer des distributeurs et de les tester. Au final,
trois partenaires locaux sont sélectionnés : deux en Chine continentale – où le foie gras cru est interdit à l’importation – et un à Hong Kong – où il ne l’est pas. Marie a alors décidé de s’installer à Hong Kong pour préparer les fêtes et convaincre les chefs de cuisiner ce produit encore peu connu. Vendu comme un produit de luxe (taxé à 42 %) le foie gras est un marché émergent, comme l’était le vin encore récemment. Marie organise des soirées dégustation : « Les Chinois mangent avec des baguettes et ne consomment pas de pain. Nous avons commencé à faire un travail intéressant, qui mérite d’être confirmé », note-t-elle. Son contrat s’achève dans quatre mois, mais, comme Christian Lanuque, elle se dit prête à poursuivre cette coopération.
V.I.E en chine : un énorme potentiel
Avec 614 V.I.E en poste à fin 2009, la Chine talonne les États-Unis (658), devant le Royaume-Uni (537) et l’Allemagne (498) en nombre de missions. Elle est déjà leader en nombre d’entreprises utilisatrices. Ce succès devrait perdurer grâce à la croissance de ce marché-continent. Parmi les mesures prises pour réduire les coûts du V.I.E, la limitation de l’acompte que les PME doivent verser à Ubifrance fait passer la facture sur la Chine
de 6 710,82 à 4 200 euros HT, soit une baisse de 37,4 %.
Et si l’entreprise choisit le prélèvement automatique, ce montant n’est plus que de 3 000 euros. Les implantations françaises en Chine et les partenaires commerciaux d’entreprises françaises peuvent accueillir des V.I.E
au sein de leurs structures basées en Chine. Les entreprises françaises qui souhaitent prospecter le marché chinois sans y posséder d’implantation ou de partenaires peuvent faire appel à une structure de portage qui domicilie le V.I.E et lui permet d’obtenir un titre de séjour (entreprises membre de Pacte PME International ou sociétés de portage listées par les bureaux Ubifrance en Chine).
Important : en Chine, dans le cadre de l’obtention du permis de travail, les autorités demandent généralement aux travailleurs étrangers de justifier au minimum d’une expérience professionnelle de deux années et d’un diplôme équivalent à un bac + 3.
S.F.