En matière d’aide publique au développement (APD), et malgré un cadre budgétaire contraint, la France a plutôt fait bonne figure au sein des pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), selon le rapport préliminaire sur l’APD en 2016 que vient de publier cette organisation*. Ainsi, l’APD française a enregistré une progression de 5,5 % pour atteindre 8,6 milliards d’euros, soit 0,38% du revenu national brut (RNB). En 2015, ce montant était de 8,15 milliards d’euros soit 0,37% du RNB. On est encore loin de l’objectif de 0,7 % de l’Agenda 2030 du développement durable des Nations Unies, mais la tendance est positive.
Un bémol toutefois : selon les données préliminaires de l’OCDE collectées auprès des 29 pays membres de son comité d’aide au développement (CAD), l’APD de ces pays a connu une forte hausse de 8,9 % en 2016, très supérieure à la tendance française, pour atteindre 142,6 milliards de dollars. Elle s’explique cependant en partie par le boom des aides aux réfugiés dans les pays donateurs (qui est prise en compte dans le calcul de l’APD) alors que les aides bilatérales aux pays les plus pauvres (PMA) a été en recul de 3,9 % en termes réels, celle à l’Afrique reculant même de 0, 5 %. Une source de préoccupation pour l’OCDE, dans un contexte où la nouvelle administration américaine est en train de revoir ses priorités dans ce domaine.
Il n’en reste pas moins que plusieurs pays membres du CAD ont d’ores et déjà atteint l’objectif de consacré 0,7 % du RNB à l’APD, dont l’Allemagne, qui, grâce à l’aide aux réfugiés accueillis sur son sol, a pu rejoindre ce cercle très fermé en 2016 comprenant Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède et Royaume Uni (le Pays-Bas en est ressorti l’an dernier).
Un des premiers bailleurs de fonds mondiaux
Ce qui n’empêche pas le ministère français de l’Economie et des finances de se féliciter du résultat de la France dans un communiqué publié le 11 avril : « cette progression concerne majoritairement l’aide bilatérale (+6% en euros courants), du fait des prêts de l’Agence française de développement (AFD) et du Trésor » souligne le texte. Elle permet à la France de rester « l’un des premiers bailleurs mondiaux, au cinquième rang en volume d’aide, derrière les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon ». En outre, précise le communiqué de Bercy, « la mobilisation de la France en faveur des pays les plus pauvres est stable, avec un cinquième de son aide bilatérale destinée aux Pays les moins avancés (PMA) ».
Alors que la politique d’aide au développement a été quasi-absente des débats de l’actuelle campagne électorale, le communiqué de Bercy souligne par ailleurs que « en 2017, les moyens financiers de l’aide au développement devraient à nouveau progresser nettement » à 0,4 % du RNB suite à une enveloppe supplémentaire de 400 millions d’euros (en crédits et taxes affectées) votée dans la loi de finances initiale pour 2017. « Cette trajectoire ascendante se réalisera pour partie à travers la facilité pour l’atténuation des vulnérabilités et la réponse aux crises mise en oeuvre par l’AFD » précise Bercy.
En 2015, au moment de la COP 21, la France s’était engagée à faire progresser ses financements publics en faveur du développement durable, en augmentant d’ici 2020, de 4 milliards d’euros les financements annuels du groupe AFD, dont la moitié en faveur de la lutte contre le changement climatique, et de près de 400 millions d’euros le montant annuel des dons bilatéraux. L’annonce récente du lancement du fonds CDC-AFD d’investissement dans les infrastructures « vertes » de 600 millions d’euros est à replacer dans ce contexte.
C.G
*Les données du rapport préliminaire du CAD sont en lignes sur le site de l’OCDE : www.oecd.org/dac/
Pour prolonger :
–Financements / Infrastructures “vertes” : l’AFD prépare de nouveaux instruments pour stimuler les privés
–Développement / International : l’AFD et la CDC signent un partenariat privilégié