La communauté internationale va
supporter la politique de réconciliation et de développement économique du chef
de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara. La France et le Fonds monétaire
international (FMI) viennent ainsi de donner des signes concrets de leur
engagement. Après avoir fait « pression pour la levée des sanctions
internationales », rappelait, le 21 avril, la ministre de l’Economie et
des finances, Christine Lagarde, la France vient de délivrer un crédit d’un
montant total de 350 millions d’euros à la Côte d’Ivoire.
« J’ai signé la garantie de
l’Etat français qui va permettre dès mardi 26 avril à l’Agence française de développement
(AFD) de débloquer une première tranche de 200 millions d’euros avant fin avril »,
a détaillé Christine Lagarde, lors d’une conférence de presse le 21 avril à Bercy, en
présence de son homologue ivoirien, Charles Koffi Deby, ancien ministre de
Laurent Gbagbo, rallié à Alassane Ouattara.
« Ces 200 millions d’euros permettront de faire face aux besoins urgents
et aux arriérés de salaires des fonctionnaires » et « ce premier
versement sera suivi un peu plus tard d’une deuxième tranche de 150
millions », a-t-elle précisé.
Le même jour, le directeur
général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui avait reçu Charles Koffi Diby, les
15 et 16 avril à Washington, a indiqué que son institution apporterait son
assistance technique pour que la Côte d’Ivoire puisse « atteindre le point
d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés
(PPTE) » et bénéficie ensuite « d’une réduction considérable de sa
dette extérieure ».
Charles Koffi Diby a expliqué, à
Paris, que « d’ici deux semaines, les décaissements seraient faits »
et que son ambition « à court terme » est de faire un point précis
avec les institutions de Bretton Woods, FMI et Banque mondiale. « A moyen
terme », a ajouté le ministre, il s’agit de disposer d’un véritable
programme économique, « de façon à obtenir en 2012 » un allégement de
la dette.
Si l’appui de la communauté
internationale devrait faciliter la relance économique, la population, pour une
partie, vit dans le dénuement. En outre, l’insécurité demeure à Abidjan et dans
le pays, mettant à mal la politique de réconciliation voulue par Alassane
Ouattara. Avant leur conférence de presse à Bercy, Christine Large et Charles
Koffi Diby s’étaient entretenus à huis clos avec les dirigeants de plusieurs
groupes français présents en Côte d’Ivoire, comme Air France, Orange, BNP
Paribas, Bolloré, Bouygues, Total, CMA-CGM.
Si le président d’une compagnie
de produits agricoles ne cachait pas son soulagement depuis la reprise des
exportations dans les ports ivoiriens, le P-dg d’une société de services
s’inquiétait « des pillages et saccages » persistants dans le pays.
Charles Koffi Diby a promis que « le règlement, « d’ici quelques
jours, du problème de la sécurité, l’armée se renforçant, les forces de
sécurité se renforçant aussi ». Toutefois, les traques aux pro-Gbagbo
continuent. Et, peut-être plus grave, des fissures commencent à apparaître parmi les
combattants pro-Ouattara.
Charles Koffi Diby a aussi promis
la nomination, « dès mardi », des nouveaux directeurs des douanes,
des impôts et des ports, et « la semaine prochaine » la réouverture
de la Banque centrale, « ce qui créera, selon le ministre, les conditions
d’exercice pour les banques ». Environ 600 entreprises françaises étaient
présentes en Côte d’Ivoire avant la chute du régime, mais nombre d’entre elles
ont souffert des évènements politiques. Les banques commerciales ont fermé
leurs guichets, plongeant les petits patrons dans le désarroi. Pour aider les
PME tricolores, Christine Lagarde a indiqué qu’elle a demandé à l’AFD de
relancer le système de garantie Ariz, couvrant le risque de financement de
l’investissement privé.
François Pargny