Fidèle à sa mission, l’Agence française de développement (AFD) contribuera à l’objectif annoncé le 8 février, lors du Conseil interministériel de coopération internationale et du développement (Cicid) : parvenir en 2020 à 0,55 % du revenu national brut (RNB) consacré à l’aide publique au développement (APD).
D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont le Comité de développement a publié les chiffres de l’ADP de ses membres le 11 avril, la France est passée à 10,3 milliards d’euros en 2017, soit 0,43 % de son RNB, et se situerait ainsi au cinquième rang derrière les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.
La barre des 10 milliards d’engagements franchie
« C’est le pays qui a enregistré la plus forte hausse de son APD. Son leadership est conforté et l’AFD est confirmé », a soutenu son directeur général, Rémy Rioux (notre photo), lors d’une conférence de presse sur les résultats 2017 du groupe AFD, qui s’est tenue, le 12 avril, en présence de Grégory Clémente, directeur général de Proparco, la filiale dédiée au secteur privé.
L’AFD a, pour la première fois, franchi la barre des 10 milliards d’euros d’engagements financiers, avec un montant exact de 10,4 milliards, dont 50 % en Afrique. C’est un milliard de plus qu’en 2016. Et en nombre de projets, l’AFD en a enregistré 752 au total en 2017, soit 77 de plus que l’exercice précédent.
Pour la première fois également, les prêts aux entreprises, avec 4,3 milliards d’euros d’engagements, ont dépassé les prêts aux États, qui se sont élevés à 4 milliards. « C’est d’autant plus important dans une situation d’endettement de certains États », a commenté Rémy Rioux.
Pour sa part, Proparco a engagé près de 1,4 milliard d’euros, dont 55 % en Afrique. Au total, c’est une progression de 30 % en deux ans, un rythme qui s’il est tenu doit lui permettre d’atteindre l’objectif des 2 milliards qui lui ont été fixés à l’horizon 2020.
Climat : de la Cop 21 à l’IDFC
De même sur le climat, l’Agence française de développement devrait être en mesure d’atteindre l’objectif de 5 milliards d’euros d’engagements qui lui a été adressé lors de la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (Cop 21), fin 2015 à Paris. Les autorisations sont, en effet, passées depuis cette date de 2,9 milliards à 4 milliards l’an dernier.
Au demeurant, Rémy Rioux ne veut plus parler de climat mais de « 100 % Accord de Paris », de façon à souligner que l’AFD « n’est plus dans une logique de prêts », mais de « logique de politique publique ». En d’autres termes, ce qui doit retenir son attention, c’est « la trajectoire à long terme des États » conformément à la Cop 21.
La France a prolongé dernièrement cette grande conférence, avec le déroulement à Paris du One Planet Summit. Certains des engagements pris à cette occasion correspondent à la politique menée par l’AFD pour appuyer les États insulaires confrontés à des évènements extrêmes (engagement 1), protéger les terres et ressources en eau face aux effets du dérèglement climatique (engagement 2) ou encore contribuer à la mobilisation internationale des banques de développement (engagement 10).
S’agissant de l’engagement 10, Rémy Rioux préside depuis octobre dernier l’International Development Finance Club (IDFC), un puissant club de 23 banques publiques de développement, qui ont promis d’aligner leurs financements sur l’Accord de Paris. Ce club réunit notamment la KfW allemande, la Jica japonaise, la BNDES brésilienne, la DBSA sud-africaine et la China Development Bank.
De nouveaux domaines d’action : culture et sport
Les 23 banques nationales ou régionales à vocation internationale, dont les trois quarts sont situées dans des pays en développement, représentent ensemble plus de 800 milliards de dollars de financements annuels – dont 160 milliards déjà pour la lutter contre les changements climatiques – à comparer aux 200 milliards des institutions internationales (Banque mondiale…). « Nous réfléchissons aux types de projets et de coopération que nous pouvons partager et à la contribution que nous pouvons apporter à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies », a dévoilé Rémy Rioux.
De nouveaux domaines d’action émergent, comme le sport et les industries culturelles et créatives. Dans ce dernier domaine, dix projets sont lancés en 2018 dans les infrastructures, le patrimoine, la formation professionnelle, l’entreprenariat. Quant au sport, « le président de la République, rappelle Rémy Rioux, nous a demandé de bâtir une plateforme de transformation par le sport ». Cette initiative Sport et développement doit faciliter le rapprochement du monde du sport et du financement du développement. Avec, en ligne de mire, les Jeux olympiques de 2024, à Paris.
François Pargny
Pour prolonger :
–Aide / Développement : l’Alliance Sahel mobilise 6 milliards d’euros pour 500 projets
-Aide / Développement : Paris accroît son APD et renforce son pilotage politique
–Afrique / Export : quand l’AFD allie développement et appui aux sociétés françaises
Et aussi : Le dernier Rapport CIAN 2018 – Les entreprises internationales en Afrique, qui explore les opportunités des enjeux climat sur le continent africain.