Les « fiançailles » ne sont pas nouvelles, mais on peut encore renforcer nos « complémentarités », ont souligné les directeurs généraux de Business France et Bpifrance, Christophe Lecourtier et Nicolas Dufourcq, le 6 juillet.
En signant un nouvel accord pour la période 2019-2021 – le troisième, après 2014 et 2016, depuis la création de Business France en 2013 – les deux dirigeants (notre photo) ont émis le vœu d’accroître le nombre des missions export pour les PME et ETI et d’optimiser leur offre commune dans l’accompagnement et le financement.
Complémentaires quant à leurs activités, les deux institutions publiques le sont aussi sur le plan géographique. Bpifrance est fortement implanté en région, où ses bureaux accueillent une quarantaine de chargés d’affaires export de Business France. Pour sa part, l’agence d’accompagnement met à la disposition de son partenaire ses implantations à l’étranger, au nombre de 87 dans 64 pays (couvrant 123 pays au total).
Hors de l’Hexagone, le réseau de la banque publique est limité à huit pays dans lesquels, en général, les deux partenaires coopèrent pour recevoir les clients de la banque (Dubaï, Johannesburg, Varsovie, Mexico, Singapour, Abidjan, New York et Shanghai). « On a ainsi créé une valeur ajoutée très forte et le management des deux sans couture nous fait gagner des parts de marché », estimait ainsi Pedro Novo, directeur des Financements export chez Bpifrance.
C. Lecourtier : « le nombre d’exportateurs a un peu augmenté »
Le renouvellement de la convention entre les deux organismes tombe bien. « On sent des changements depuis quelques mois. Les exportations ont cru en 2017 de 4,5 %, ce qui ne s’était jamais vu depuis quinze ans, et le nombre d’exportateurs a un peu augmenté », indiquait Christophe Lecourtier.
Pas de quoi pavoiser pour autant. Chez les deux partenaires, on est conscient qu’on est encore loin du compte. Alors que la mission de la « Team France Export » –composée de l’Etat, des Régions, des acteurs consulaires, de Bpifrance et Business France-, est d’atteindre l’objectif de 200 000 exportateurs d’ici 2022, le nombre d’entreprises exportatrices de biens et services était seulement de 124 060 en 2017. En cinq ans, Bpifrance et Business ont accompagné 1 770 sociétés, ce qui donne une idée du trou que l’Equipe de France doit encore combler dans les quatre prochaines années.
N. Dufourcq : « on est là pour dialoguer avec les entreprises »
Les outils, les opérateurs sont là. « Il n’y a pas au monde une boîte à outils à l’export aussi complète que celle de Bpifrance, qui va du crédit à la garantie export », assurait ainsi Nicolas Dufourcq. Mais pour le directeur général de la banque, le véritable problème des entrepreneurs français est culturel.
A la presse, il a demandé, « dîtes qu’on est là pour dialoguer avec les entreprises. Nous sommes une société de services, de conseil, et pas seulement un vendeur de produits financiers ». Pour Nicolas Dufourcq, « il n’est pas acceptable que la France soit le seul grand pays de la zone euro avec un déficit commercial intérieur ».
Le changement culturel est lent. « Il vient avec les entreprises les plus jeunes, qui sont aussi les plus internationalisées ». Et, « ce n’est pas une question de connaître ou pas l’anglais », a-t-il affirmé en citant le cas du Royaume-Uni, dont les entreprises « ne se projettent pas plus à l’international » comme en témoigne le très important déficit commercial britannique. De même, « les Italiens ne maîtrisent pas mieux que nous l’anglais ». En revanche, selon lui, ils sont « beaucoup moins individualistes que nous et jouent donc plus collectifs ».
Les accélérateurs de Bpifrance pour les dirigeants de PME
Conscient de l’importance du capital humain, Bpifrance a créé des accélérateurs pour les PME et ETI. Finsbury a su en profiter. Autodidacte, Arnaud Bruillon a repris le chausseur de luxe en 2010, avec l’appui de Bpifrance. « L’entreprise s’est développée en France. J’ai besoin maintenant de mieux me structurer, d’où notre participation à l’accélérateur, mon objectif étant de passer à l’international de 10 % à plus 50 % d’ici à 2023 », a-t-il dévoilé.
Parallèlement, Finsbury a commencé à voyager avec Business France. Le chausseur était ainsi présent sur le Pavillon France au salon Retail’s Big Show organisé par la National Retail Federation (NRF) du 14 au 16 janvier 2018. « Nous étions une dizaine d’entrepreneurs français et nous avons depuis gardé des contacts et échangeons. J’ai aussi pu prendre le pouls du marché, ce qui m’a ouvert l’esprit sur nos faiblesses et nos forces en France, ce qui a été très instructif », a témoigné Arnaud Bruillon.
Arcancil « en ligne » avec Business France en Chine
Anne Delleur, qui a repris à la barre du tribunal la marque de cosmétiques Arcancil, a également fait appel à Bpifrance. L’accélérateur PME, a-t-elle précisé, lui a permis également de structurer son entreprise, l’Institut Cameane, « pour aller vers les 30 premiers marchés mondiaux ».
En Chine notamment, la société vend 100 % en ligne, via la plateforme « la Boutique France », adossée au groupe La Poste, soutenu par Business France. « Les produits sont acheminés de France en Chine en trois jours, cinq jours au plus, sans risque de contrefaçon, aux ménages chinois », a confié au Moci Anne Delleur.
La Chine a figuré l’an dernier parmi les destinations phares des clients de Business France et Bpifrance, avec les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Elles ont été ainsi six entreprises sur dix à commencer une exportation ou à ouvrir une implantation à l’étranger.
François Pargny
Lire notre dernier Guide 2018 de l’accompagnement à l’export pour les PME et ETI