Après les Etats-Unis et leur Silicon Valley, la Chine et ses méga-centres dédiés aux nouvelles technologies du numérique à Pékin, Shanghai, Shenzen et Hong Kong. Treize PME innovantes et startups françaises du numérique triées sur le volet par un jury d’experts français et chinois embarquent dès aujourd’hui 29 septembre dans le tout premier programme sur-mesure d’immersion dans les écosystèmes chinois du numérique et d’accélération de leur développement sur le marché chinois, « Acceleratech China« , co-organisé et piloté par Bpifrance et Business France. Un programme censé donner un sérieux coup de « push » à leur développement dans un marché des technologies numériques énorme, et en pleine effervescence.
Voici la liste de ces heureuses pépites, dont certaines ne sont déjà plus des startups (leurs dirigeants sont sur notre photo) : A2IA (leader mondial de la reconnaissance de l’écriture manuscrite), Deep Vision (caméra sous-marine), Delair Tech (drone de surveillance agricole et industrielle), Euris Health Cloud (solution de stockage et plateforme d’échanges de données et services médicaux), Feeligreen (dispositifs à micro-courant pour applications dans la cosmétique et le thérapeuthique), Fitizzy (assistant shopping pour l’habillement sous la forme d’un « passeport morphologique »), Lengow (plateforme d’automatisation et d’optimisation des catalogues de e-commerçants), Prizm (object connecté qui rend les enceintes intelligentes), S4M (marketing ciblé pour le e-commerce sur téléphonesz mobiles), Sentryo (Cyber sécurité pour les réseaux « machine ti machine » et l’industrie), Stereolabs (traitement d’image en 3D), Technosens (technologies au service des usages), Wassa (solutions pour améliorer l’expérience utilisateur).
Un programme « ultra intensif » d’immersion dans l’écosystème chinois
Cette liste a été dévoilée à la presse en présence de Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance et de Muriel Pénicaud, son homologue de Business France, le 29 septembre, en préambule à un atelier d’information de deux jours sur la Chine et les spécificités de son environnement organisé spécialement à l’attention des lauréats au siège de Bpifrance à Paris, dans un espace spécialement dédié aux entrepreneurs et aux startups, dénommé « le hub ».
Acceleratech China « c’est le produit du succès d’Ubi i/o à San Francisco, dans la Silicon Valley, monté avec Business France », a expliqué Nicolas Dufourcq. « C’est en étant en Californie que l’on a vu que l’Internet chinois est plus gros que celui des Etats-Unis », qu’il ne s’agissait pas de la même communauté qu’aux Etats-Unis, mais qu’il fallait absolument « aller voir » se qui s’y passait. A la différence du programme Ubi i/o, qui dure 10 semaines car le marché est ultra mur et sophistiqué, la première édition de Acceleratech va se dérouler sur 5 semaines.
Le 16 novembre prochain, les entrepreneurs élus s’envoleront donc pour la Chine où les attendra un programme d’immersion intense de 10 jours dans les plus importants écosystèmes chinois des technologies numériques afin d’en comprendre le fonctionnement et les codes : « Le programme est ultra intensif, mais vous dormirez après », a prévenu Muriel Pénicaud, qui a mis en avant l’opportunité de « tester vos idées ». A leur agenda : coaching, rencontres et échanges avec des experts, des entrepreneurs, des investisseurs chinois, mais aussi séances de « pitch » pour présenter leurs produits à des interlocuteurs chinois…
Premier marché mondial de l’e-commerce -641 millions d’internautes dont 80 % via leur téléphone mobile, 800 milliards de dollars de chiffre d’affaires (270 Mds pour les Etats-Unis)-, avec des acteurs de taille mondiale comme Alibaba ou Baidu, la Chine connaît actuellement un foisonnement intense en matière de R&D et d’innovation. De fait, le parc technologique Zhongguancun, à Pékin, où séjourneront les 13 lauréates, compte quelque 30000 sociétés high tech chinoises et une centaine d’incubateurs de startups; Shenzen, étoile montante de la high tech chinoise, compte 107 incubateurs à l’instar de celui qui accueillera les PME française, Accelerate. Tandis que Shanghaï accueille les centres de R&D de dizaines de sociétés chinoises et étrangères, Hong Kong, elle, est une vitrine et une porte d’entrée vers la Chine continentale.
Cinq sociétés resteront 4 semaines de plus pour concrétiser
Tandis que huit des sociétés françaises rentreront en France au bout de la première semaine, les cinq autres, sélectionnées pour la maturité de leur projet et de leur produit -en fait les vrais lauréats de ce programme-, poursuivront le séjour quatre semaines de plus dans le cadre d’un programme d’accélération de développement financé par la banque publique et destiné à leur permettre de concrétiser rapidement prises de commande et implantation locale. Il s’agit de Lengow, S4M, Stereolabs, Wassa et Delair Tech. Ceux-là seront mis en relation avec des partenaires ou clients potentiels pour entrer concrètement dans le vif de leur projet chinois.
Le patron de Bpifrance, qui a souligné la rapidité avec laquelle ce programme a été créé à partir du moment où l’idée en a été validée -8 mois en tout et pour tout selon Nicolas Dufourcq- nourrit d’ailleurs de très grandes ambitions en matière de financements et de partenariats franco-chinois dans les technologies du numpérique. En témoigne la création en juillet dernier du Fonds franco-chinois Innovation, un fonds d’investissement associant Bpifrance (sur les fonds du programme Investissements d’avenir) et la China Development Bank (CDB Capital), qui ont mis 50 millions d’euros chacune. Ce nouveau fonds d’investissement a vocation à investir dans 12 à 18 startups du numérique des deux pays, favoriser des partenariats entre elles, et accompagner leur développement en Europe, en Chine et aux Etats-Unis. Confié à Cathay Capital, déjà gestionnaire de deux autres fonds franco-chinois soutenus par les autorités d »es deux pays, qui y a également mis 50 millions d’euros, ce fonds doit atteindre à terme 200 à 250 millions d’euros grâce à des levées de fonds supplémentaires auprès de nouveaux investisseurs. L’équipementier automobile français Valéo y a déjà investi un ticket significatif mais dont les responsables de Bpifrance ont refusé de dévoiler le montant.
Pour Nicolas Dufourcq, la prochaine étape sera d’ailleurs « qu’il y ait des entrepreneurs chinois chez nous et des entrepreneurs français en Chine ».
Christine Gilguy