Alors que les débats autour de l’indexation des salaires sur l’inflation animent les cercles politiques et économiques, les données récemment publiées par Eurostat montrent une accélération de la hausse du coût horaire moyen en Europe. Une moyenne qui montre de grandes disparités.
Le rythme de l’inflation salariale sur le Vieux Continent n’atteint pas celui des États-Unis, supérieur à 5 %, mais il prend de la vitesse. Dans les pays de l’Union européenne, le coût moyen horaire de la main d’œuvre a crû de 3,7 % au premier trimestre 2022 en glissement annuel, et de 3,2 % dans la zone euro. Une accélération sensible puisque les progressions au trimestre précédent étaient respectivement de 2,8 % et 2,6 %.
Dans le détail, les salaires et traitements ont augmenté de 3,3 % et les coûts non-salariaux de 5,1% dans l’UE, et de + 2,7 % et + 4,8 % dans la zone euro.
Les plus fortes progression dans les pays de l’Est
Derrière ces moyennes, se cachent des évolutions très disparates. Les pays d’Europe de l’Est ont enregistré les plus fortes progressions (+ 20,1 % en Hongrie, + 12, 8 % en Bulgarie et en Lettonie, + 12,6 % en Lituanie et + 10,6 % en Pologne) tandis que deux pays ont vu leur coût horaire moyen diminuer : la Grèce (- 4,7 %) et le Danemark (- 0,6 %).
Les secteurs ayant observé les plus fortes progressions sont les activités de services administratifs et de support (+ 5,1 %), les industries extractives (+ 5 %), les activités financières et d’assurance (+ 4,8 %), les transports et l’entreposage (+ 4,7 %), la construction (+ 4,1 %) ainsi que les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+ 4 %). En revanche, une activité économique a enregistré une baisse des coûts salariaux horaires : les arts, spectacles et activités récréatives.
Un projet de directive sur un salaire minimum
A noter que, parmi les Vingt-Sept, six pays n’ont pas de salaire minimum : Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie et Suède. Une situation qui pourrait changer. Le 7 juin, les États membres et le Parlement européen sont en effet parvenus à un accord sur un projet de directive pour un salaire minimum, après une nuit de négociation.
Si les conséquences concrètes de ce texte sont relatives (il n’est pas contraignant et il doit encore être transposé dans les législations nationales), il montre néanmoins la volonté politique de l’UE d’harmoniser les pratiques des États membres et de protéger les citoyens les moins bien rémunérés et d’harmoniser l.
Sophie Creusillet