Jean-Claude Juncker a-t-il décidé de sonner la fin de la récréation politique dans l’Union européenne à propos du projet de Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP/Transatlantic Trade and Investment Partnership) ? Le TTIP sera parmi les sujets « chauds » inscrits au programme du Sommet européen des 19 et 20 mars, et il a appelé récemment les 28 États membres à clarifier leurs positions.
«J’insisterai auprès des dirigeants européens pour qu’ils nous disent clairement les choses. Lors des réunions du Conseil européen, ils affichent un soutien sans faille et dès qu’ils rentrent chez eux, je lis que leur enthousiasme faiblit. Je voudrais que nous tirions au clair cette affaire », a insisté le président de la Commission européenne lors d’un débat au Parlement européen la semaine passée. Les chefs d’État et de gouvernement doivent en effet se pencher, lors du sommet, sur les progrès réalisés dans ces négociations après un huitième round de pourparlers conclu en février, à Bruxelles. Jean-Claude Juncker souhaite donc qu’ils n’en restent pas là.
La Commission veut plus de promotion auprès du public
A l’issue du précédent sommet, en décembre dernier, les 28 s’étaient engagés à « faire tous les efforts nécessaires pour conclure, d’ici la fin 2015, un accord ambitieux, global et mutuellement bénéfique ». Mais les questions épineuses du règlement des différends investisseur/État (ISDS/Investor-State Dispute Settlement), du rapprochement des normes des deux blocs ou encore de la libéralisation des services continuent à alimenter les craintes de certaines capitales.
« Pour avancer il va falloir convaincre », résume un membre du Conseil. L’attention devrait désormais se porter sur la promotion du TTIP auprès des citoyens européens, comme l’atteste ce projet de conclusions qui sera soumis ce vendredi 20 mars à l’approbation des 28 : « Les États membres et la Commission devraient faire plus d’efforts pour convaincre le public des avantages de cet accord et pour établir davantage de transparence et de dialogue avec la société civile », peut-on lire dans le document dont La Lettre confidentielle s’est procuré une copie.
Dans ce registre, pour l’exécutif européen, ce sont avant tout les gains en termes de croissance qui doivent être valorisés. Selon les estimations élaborées par le Centre for economic research pour la Commission, l’accord permettrait une augmentation de 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) combiné de l’UE dans les dix ans qui suivront son entrée en vigueur, soit près de 119 milliards d’euros à l’horizon 2027.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
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-TTIP : pour Paris, sur le fond « les négociations n’ont pas réellement commencé »