Le protectionnisme à l’égard de l’Union européenne serait-il en hausse ? Le fait est que les mesures de défense commerciale contre les exportations européennes ont augmenté en 2015, indique le rapport annuel la Direction générale du Commerce à Bruxelles. « 37 nouvelles mesures, antidumping, antisubventions ou de sauvegarde, sont entrées en vigueur l’an passé », précise-t-on à la Commission européenne où l’on déplore une hausse constante depuis 2010.
L’Inde et la Chine restent les pays ayant le plus recours à leurs instruments de défense commerciale (IDC) contre l’UE avec 19 mesures en cours dans chaque pays. Viennent ensuite les États-Unis (18 mesures en vigueur) et le Brésil où l’augmentation – 8 en une année – a été la plus notable. Concernant le type d’instruments utilisés, sur les 151 mesures en vigueur, 108 sont des mesures antidumping, 5 sont des mesures antisubventions et 38 sont des mesures de sauvegarde.
L’acier et l’industrie chimique, secteurs les plus touchés
Les secteurs les plus touchés : l’acier, d’abord, avec 19 nouvelles investigations sur les 37 ouvertes au total en 2015, suivi par l’industrie chimique, totalisant 7 investigations l’an passé. Particulièrement visée en 2014, l’industrie du papier a fait, ces dernières années, l’objet de 3 nouvelles enquêtes. « Les affaires traitées sont également plus complexes qu’auparavant », indique le rapport. Dans le domaine de l’acier, par exemple, cette évolution trouve son origine dans l’ampleur des surcapacités mondiales, conjuguée à la baisse de la demande et à la diminution des prix de l’acier. « Une menace qui risque de concerner d’autres secteurs tels que l’aluminium ou la céramique », s’inquiète-t-on à Bruxelles.
Le contexte économique dans certains pays, où les mesures de défense commerciale sont utilisées à des fins politiques et protectionnistes, permet également d’expliquer cette tendance. Enfin, les difficultés sur le marché intérieur et/ou sur les marchés nationaux ont contraint les producteurs européens à exporter plus vers les pays tiers, et sont donc, de ce fait, plus souvent confrontés à des mesures IDC.
Malgré le renforcement des actions de la Commission, le nombre des problèmes rencontrés au cours des dernières années persistent, « certains même s’aggravent, notamment la multiplication des recours aux mesures de sauvegarde et la façon discutable dont cet instrument est utilisé par un certain nombre de pays tiers », déplore la DG Commerce. L’exécutif européen promet donc de poursuivre ses efforts en vue de promouvoir auprès de ses partenaires commerciaux les normes strictes que l’UE applique. En conclusion du rapport, destiné au Conseil et au Parlement, elle s’engage également à intensifier ses interventions et son assistance technique à destination des exportateurs de l’UE, en particulier lorsque ceux-ci sont confrontés à une utilisation abusive des IDC par les pays tiers.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour en savoir plus :
Le rapport est téléchargeable au lien suivant : http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2016/june/tradoc_154634.pdf