Après 11 heures de discussions, mardi 1er décembre à Bruxelles, « nous restons très loin d’un accord », a déploré un proche de la Commissaire au Commerce. La réunion trilatérale entre Cecilia Malmström, son homologue russe Alexeï Ulyukayev et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin, visait à répondre aux préoccupations de Moscou relatives à l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange UE/Ukraine, dont la mise en œuvre, déjà reportée, est prévue le 1er janvier prochain.
« Le scénario le plus probable est qu’il n’y ait pas d’accord d’ici au 1er janvier. Nous instaurerons dès lors un régime commercial non préférentiel avec l’Ukraine », a commenté Alexeï Ulyukayev, à l’issue de la rencontre. « S’il y a une volonté politique nous pouvons le faire. Mais le temps presse », a indiqué, pour sa part, Cecilia Malmström, précisant que la Commission n’était pas disposée à modifier ni le contenu de l’accord, ni le délai de sa mise en œuvre.
Selon une note interne de la Commission européenne, Moscou exigerait notamment l’adoption, par Kiev, de ses normes phytosanitaires. « Ce qui l’obligerait par exemple à respecter les embargos alimentaires comme celui imposée aux produits européens », détaille une source proche des discussions. Le Kremlin voudrait également que l’Ukraine et l’UE partagent les informations confidentielles sur leurs transactions douanières bilatérales.
« Les demandes russes sont inacceptables et absurdes »
« Les demandes russes sont inacceptables et absurdes », a rétorqué Pavlo Klimkin. Son gouvernement s’inquiète des conséquences de nouvelles sanctions. Depuis le début du conflit, les exportations agricoles vers la Russie ont déjà chuté de 75 %, soit un coût de 1 milliard de dollars par an. Si Moscou mettait sa menace à exécution, les pertes pourraient se chiffrer à plus de 1,5 milliard de dollars chaque année.
Pour tenter d’apaiser la colère du Kremlin, l’Allemagne met en avant l’idée d’un rapprochement entre l’UE et la Russie via une coopération renforcée avec l’Union économique eurasiatique, entrée en vigueur le 1er janvier 2015. Jean-Claude Juncker avait déjà formulé une demande similaire au mois de novembre, précisant que la Commission resterait un « partenaire utile » dans ce processus.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles