Initiée par le Medef, l’Alliance patronale du nucléaire a été lancée à Paris le 12 février pour contribuer à renforcer cette filière en Europe et défendre ses intérêts à Bruxelles. Un nouveau lobby pro-nucléaire qui complète celui des Etats lancé à l’initiative de la France en 2023.
C’est une véritable opération de « diplomatie économique » qu’a initié le Medef français pour mieux promouvoir le nucléaire en Europe, au moment où l’Union européenne est confrontée à d’énormes défis de compétitivité et que la Commission européenne met en place sa nouvelle stratégie.
Présentée le 12 février au siège du Medef à Paris lors d’une conférence de presse, l’Alliance patronale du nucléaire regroupe les organisations patronales de Belgique, Bulgarie, Croatie, du Danemark, de Finlande, de Hongrie, d’Italie, de Pologne, de Suède et de République Tchèque. Si la Fédération des industries allemandes BDI (Bundesverband der Deutschen Industrie) en est absente, l’Allemagne étant sorti du nucléaire et le sujet étant polémique en pleine campagne électorale, la Confederation of British Industry (CBI) l’a également rejointe, élargissant son empreinte hors de l’Union européenne.
En outre, les organisations patronales européennes d’Espagne, Grèce, Irlande, Pays-Bas et Portugal auront le statut d’observateur.
L’objectif de cette Alliance patronale est, selon les comptes rendus de la presse, de défendre un cadre institutionnel européen « clair et stable » pour le nucléaire, qui défende notamment « le principe de neutralité technologique », autrement dit laisse aux Etats membres la liberté de choisir leur stratégie de décarbonation des activités. A la clé, il s’agit aussi de la non-discrimination du nucléaire dans les législations européenne et les programmes de financement de la décarbonation, « avec des règles du jeu égales entre les différentes solutions » et la possibilité d’accéder « pleinement aux financements et aux programmes de garanties européens ». Enfin, les signataires plaident pour la création d’un écosystème nucléaire européen « robuste » et un soutien de l’UE au développement des compétences dans ce domaine.
Face aux initiatives agressives de Donald Trump, Patrick Martin a alerté les journalistes sur le risque de « vassalisation » de l’Europe vis-à-vis des grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine. La volonté de cette Alliance patronale inédite est, au contraire, « de faire de l’Europe une puissance économique décarbonée, compétitive et souveraine ». « Nous croyons à la diplomatie économique et nous voulons en être contributeurs en parallèle de la légitimité suprême de la diplomatie politique », a également justifié le président du Medef.
De fait, ce nouveau lobby pro- nucléaire monté par le secteur privé va renforcer l’action politique déjà engagée au niveau de certains gouvernements européens, à l’initiative de la France, pour défendre le secteur du nucléaire auprès des institutions bruxelloises. L’Alliance européenne du nucléaire, lancée en février 2023, regroupe aujourd’hui douze pays (outre la France, Bulgarie, Croatie, Finlande, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Suède).
Ses objectifs ont été dès le départ de faire évoluer la Commission européenne et les législations européenne afin que le nucléaire soit reconnu comme une énergie « bas-carbone », et donc bénéficiant pleinement de tous les programmes mis en place par Bruxelles pour soutenir la transition écologique et énergétique dans l’UE. Le rapport Draghi sur la compétitivité de l’Union européenne a d’ailleurs ouvert une voie en estimant que le nucléaire pouvait être considérée comme une énergie bas-carbone et en recommandant l’accélération du développement des nouvelles technologies dans ce domaine.
Pour leur prochaine réunion, les patronats de la nouvelle alliance se retrouveront en Pologne, pays qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE.
C.G