Dans son discours de politique générale, prononcé le 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a évoqué un rapprochement entre Business France et Atout France comme exemple de mesure visant à renforcer l’action publique. Ce projet intervient alors que Business France cherche un remplaçant à son ancien directeur général Laurent Saint-Martin, désormais ministre du Budget et des comptes publics.
[Mis à jour le 4 octobre, 9H17, correctif sur le statut de l’ancienne AFII]
Le rapprochement de Business France (BF) et d’Atout France (AF) a été évoqué par Michel Barnier dans son discours de politique générale du 1er octobre, au chapitre des mesures visant à « renforcer l’action publique » dans le contexte de restrictions budgétaires que l’on sait. « Nous allons mutualiser et regrouper des agences, des opérateurs et des fonds qui ont des objectifs proches, comme Business France et Atout France » a déclaré le Premier ministre.
Un projet en chantier depuis mai dernier
Ce projet, qui vise aussi à faire des économies, était en fait en chantier depuis mai dernier. A l’issue d’une réunion du comité interministériel du tourisme (CIT), le 7 mai, Matignon avait fait part de son souhait de « moderniser » Atout France, un groupement d’intérêt économique (GIE) employant 300 personnes et chargé de promouvoir la destination touristique France (elle attribue notamment les étoiles aux hôtels). L’une des pistes évoquées était alors un « renforcement des synergies avec d’autres opérateurs ». Une proposition de réforme devait être présentée pour la fin de cette année.
Toutefois, ce projet de rapprochement en surprend plus d’un dans l’écosystème du commerce extérieur. Les deux structures ont en effet des métiers très différents : l’accompagnement des entreprises françaises à l’export et l’attraction/ accompagnement des entreprises étrangères en France pour Business France, la promotion touristique pour Atout France.
Leurs statuts respectifs sont également très différents. Atout France est un GIE qui reçoit chaque année une subvention de l’Etat à hauteur d’environ 50 % de son budget, le reste étant financé par les acteurs privés du secteur touristique et les territoires. Business France est un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) employant près de 1400 personnes en France et dans le monde, et son budget est en partie autofinancé grâce à la vente de prestations de conseil et d’accompagnement (à plus de 40 %), le reste étant pris en charge par le budget de l’Etat (117,2 millions d’euros pour 2024, tout programme confondu).
Fusionner les deux organismes s’annonce donc comme un casse-tête juridique, notamment pour harmoniser les statuts des employés et intégrer les budgets. Mais ce ne serait pas la première fois. Pour les observateurs du commerce extérieur, cela rappelle notamment les origines de la création de Business France : elle avait été issue, début 2015, d’une absorption pure et simple de l’ancienne AFII (Agence française pour les investissements internationaux), EPIC lui aussi mais à 100 % subventionné car spécialisé sur l’attraction et l’accueil des investisseurs internationaux , par l’EPIC Ubifrance, spécialisé sur les prestations d’accompagnement des entreprises à l’international, lui-même issu de fusions successives de divers organismes. L’opération avait été gérée, à l’époque, par Muriel Pénicaud, alors directrice générale, non sans créer quelques étincelles.
En quête d’un ou d’une directeur général/directrice générale
Les deux organismes ont au moins un point commun : ils se cherchent un nouveau ou une nouvelle directeur général/directrice générale. Le poste est toujours vacant chez Atout France depuis la fin du contrat de son ancienne directrice générale, Caroline Leboucher, le 16 juin dernier. Il l’est depuis peu chez Business France, à la suite l’entrée de Laurent saint-Martin dans le nouveau gouvernement Barnier en tant que ministre en charge du Budget et des comptes publics. A l’heure où nous bouclons cet article, les modalités de recrutement du ou de sa remplaçant(e) – appel à candidature, comme pour Atout France, ou procédure plus informelle- ne sont pas clairement établies. Mais d’après nos informations, les candidatures ne manqueraient pas.
Parmi les noms qui reviennent, sans que l’on sache très bien s’il s’agit de pures spéculations, rumeurs ou de vraies candidatures déclarées -donc à prendre avec prudence-, ceux de plusieurs anciens ou actuels parlementaires dont l’ancien député (Renaissance) de Saône-et-Loire Louis Margueritte, qui a perdu son siège lors des dernières élections législatives anticipées et serait en quête d’un point de chute. On peut également citer celui de la députée de Paris (Renaissance) réélue et ancienne ministre déléguée chargée des PME, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, Olivia Grégoire, qui avait été à l’honneur à l’Elysée lors du lancement de son programme ETIncelles de soutien à la croissance des PME. Autre nom qui revient, cette fois-ci pour une solution interne : celui de Marie-Cécile Tardieu, l’actuelle directrice générale déléguée en charge de l’Invest, qui a l’avantage d’avoir aussi acquis une solide expérience de l’appui des entreprises à l’international au cours de sa carrière au sein du Trésor, en France et dans différents services économiques (Brésil, Hongrie, Vietnam, Maroc).
Pour l’heure, comme nous l’indiquions la semaine dernière dans notre rubrique hebdomadaire « Ecosystème export », cette dernière tient la boutique opérationnelle en duo avec son collègue Didier Boulogne, directeur général délégué Export, Benoît Trivulce, directeur général délégué, assurant la suppléance du directeur-général.
A suivre…
Christine Gilguy