Le plan national de relance et de résilience de l’économie française (PNRR)* a été dévoilé le 27 avril en même temps que ceux de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne, avant son examen par la task force chargée de gérer à Bruxelles la manne du plan de relance européen Next Generation UE. Il contient trois grands projets transfrontaliers initialement lancés par la France et l’Allemagne visant à renforcer la compétitivité européenne dans le cloud, l’hydrogène et l’électronique. L’Espagne et l’Italie les ont rejoint. Revue de détail de ces projets à l’échelle européenne.
Olaf Scholz, Bruno Le Maire, Daniele Franco et Nadia Calviño, les ministres de l’Economie allemand, français, italien et espagnole ont choisi de présenter ensemble leurs plans nationaux de relance et de résilience (PNRR) respectifs le 27 avril avant leur transmission à Bruxelles.
Une mise en scène à portée fortement symbolique : ces quatre pays ont ainsi marqué leur volonté d’inclure des projets de dimension européenne dans leurs stratégies nationales respectives pour renouer avec la croissance.
La France et l’Allemagne ont ouvert la voie : la démarche s’inscrit pleinement dans l’esprit du traité d’Aix-la-Chapelle, conclu en 2019, qui promeut la coopération franco-allemande en matière de recherche, d’innovation et de transformation numérique. Les échanges qui s’en étaient suivis avaient fait émerger trois secteurs en particulier : l’hydrogène, le cloud et l’électronique. Ils font l’objet de trois projets transfrontaliers intégrés au plan de relance français, qui doit bénéficier d’une enveloppe de 40 milliards d’euros du plan de relance européen.
Mais les projets de cette initiative franco-allemande ont vocation à être ouverts à tous les Etats membres de l’UE souhaitant s’y impliquer et proposer leurs propres projets ainsi qu’à une diversité de parties prenantes (grandes entreprises, PME et ETI, centres de recherche…).
C’est donc le cas de l’Espagne, qui a réaffirmé lors du sommet de Montauban, le 15 mars, sa volonté de travailler avec la France dans le cadre de plusieurs projets bilatéraux, et de l’Italie, prête à coopérer dans le secteur de l’électronique et de la connectivité.
Que contiennent ces trois grands projets ?
Miser sur l’hydrogène pour accélérer la décarbonation de nos économies
La France et l’Allemagne ont convenu de construire leur collaboration sur l’hydrogène dans le cadre d’un PIIEC (projet important d’intérêt européen commun), à l’instar de « l’Airbus des batteries », et ont invité les Etats membres intéressés à les rejoindre afin de mettre en place une chaîne européenne de valeur décarbonée.
La France s’est engagée à soutenir l’industrialisation d’équipements pour la mobilité et d’électrolyseurs, ainsi que la réalisation d’opérations pilotes de décarbonation de l’industrie.
Le calendrier du montage de ce PIIEC prévoit une notification auprès des services de la Commission avant la fin 2021. En termes de financement, le budget prévisionnel s’élève à 1,575 milliards d’euros (Md EUR) au sein de France Relance, financés par la Facilité pour la reprise et la résilience.
Préserver la souveraineté numérique européenne dans le cloud
Autre initiative franco-allemande incluse dans le plan français, un PIIEC sur le cloud est également en préparation. Il doit permettre de faire face aux enjeux actuels de souveraineté numérique et de l’absence d’une infrastructure et d’une offre de services de cloud européennes.
L’objectif de ce PIIEC est de permettre l’exploitation des données dans un cadre maîtrisé, à l’abri des régulations extraterritoriales. Il a par ailleurs vocation à s’articuler avec des initiatives européennes telles que GAIA-X et s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie européennes sur les données de février 2020.
L’Espagne s’est également engagée dans le développement de ce PIIEC et pourrait être rejointe par d’autres pays actuellement en phase de préfiguration d’appels à manifestation d’intérêt. La France a lancé le sien le 16 février pour date de clôture prévue le 17 mai et pourra ensuite livrer une estimation des montants à financer. La notification du PIIEC à la Commission européenne se fera en décembre pour une validation attendue au cours du premier semestre 2022.
Se doter d’industries fortes dans le domaine de l’électronique et des télécoms
Autre secteur stratégique en période de pénurie de semi-conducteurs, l’électronique fait également l’objet d’un PIIEC dont l’idée a été lancée en octobre dernier. Ce dernier est également intégré dans le plan de relance français.
Sous l’impulsion de l’Allemagne et de la Commission européenne, il a également été élargi à la connectivité 5G/6G. L’Espagne et l’Italie se sont également engagés dans la mise en œuvre de ce PIIEC sur l’électronique et la connectivité qui doit renforcer et élargir la dynamique impulsée par le premier PIIEC microélectronique, construit à l’initiative de l’Allemagne et de la France. Validé en 2018, il a été le premier à avoir ouvert la voie du recours à cet instrument en appui aux politiques industrielles de l’Europe.
Enfin, un prolongement de la coopération franco-allemande dans l’intelligence artificielle et la filière des batteries est actuellement à l’étude.
SC
*Une synthèse du PNRR français réalisée par Bercy est dans le document attaché à cet article ci après.