Le dernier rapport de la Cnuced fait état d’une diminution de 2 % des investissements directs étrangers (IDE) mondiaux, à 1 300 milliards de dollars. Cette baisse est particulièrement marquée dans les pays développés et dans les secteurs liés au développement durable.
Aggravation des tensions géopolitiques, montée en puissance du protectionnisme, ralentissement du commerce mondial… La conjoncture de l’année dernière, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a pas été favorable aux IDE. La baisse de 2 %, à 1300 milliards de dollars (Md USD) annoncée par la Cnuced est d’ailleurs encore plus importante, précise son rapport annuel, si l’on exclut les effets d’importantes fluctuations des flux financiers transitant par un petit nombre d’économies européennes. Leur baisse atteint alors 10 % pour la deuxième année consécutive.
Cette moyenne mondiale masque cependant des situations variées. Le recul des IDE est en effet particulièrement marquée dans les pays développés : – 5 % en Amérique du Nord et jusqu’à – 15 % en Europe. Un coup de frein à mettre sur le compte de l’anticipation de l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2024, de l’impôt mondial sur les multinationales dans les pays de l’Union européenne. Avec cette vaste réforme fiscale menée sous l’égide de l’Ocde pour faire obstacle à l’évasion fiscale, les bénéfices d’une société multinationale sont désormais taxés à un taux minimal de 15 %, quel que soit le pays dans lesquels ils sont déclarés.
Hausse dans les pays les moins avancés
Dans les pays en développement, les flux d’IDE ont diminué de 7 % pour atteindre 867 Md USD l’année dernière, reflétant des baisses de 8 % dans les pays en développement d’Asie, de 3 % en Afrique et de 1 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. En revanche, ils ont légèrement augmenté dans les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement.
Alors que les problématiques de décarbonation et de développement durable au sens large préoccupent les gouvernements et les milieux d’affaires, la Cnuced relate une baisse de 10 % des investissements dans les secteurs liés aux 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU pour 2030. En cause : l‘insuffisance des financements. En 2023, les fonds pour l’investissement dans ces par le biais de produits de financement durable sur les marchés financiers mondiaux ont marqué le pas.
La finance durable à la peine
Les obligations durables ont ainsi enregistré une croissance marginale en 2023, tandis que les nouveaux apports dans les fonds d’investissement durables ont chuté de 60 %.
Dans ce contexte, la Cnuced estime que les préoccupations d’écoblanchiment liées à des affirmations trompeuses sur la durabilité ont d’avantage d’incidence sur la demande des investisseurs et appelle à des efforts plus systématiques pour apporter plus de clarté et de crédibilité au marché des fonds durables. Il s’agit notamment de normes de produits bien définies, d’informations solides sur le développement durable, d’audits externes et de notations par des tiers.
Si les perspectives pour les IDE restent difficiles en 2024, le rapport indique qu’une « croissance modeste pour l’ensemble de l’année semble possible », citant l’assouplissement des conditions financières et les efforts concertés en faveur de la facilitation de l’investissement – une caractéristique importante des politiques nationales et des accords internationaux.
Sophie Creusillet
Pour consulter le rapport de la Cnuced sur les investissements directs étrangers dans le monde en 2023, cliquez ici !