Le
Bureau maritime international a publié le 14 juillet dernier son rapport
concernant la piraterie maritime dans le monde durant le premier semestre 2011.
Premier constat : elle est en augmentation numérique. En effet, 266
attaques ont eu lieu, contre 196 durant la même période de 2010.
Sans
surprise, 60% des attaques étaient le fait des pirates somaliens. Au 30 juin
dernier, ceux-ci détenaient 20 navires et 420 membres d’équipage. Durant la
première moitié de cette année, ils ont redoublé d’activité (163 attaques) et
pris plus de risques puisqu’ils ont attaqué en pleine période de mousson. De même,
leur armement est de plus en plus sophistiqué, avec des armes automatiques et
des lance-roquettes, et le GPS est devenu d’un usage courant. La note d’optimisme
est que les navires capturés ont été au nombre de 21 au premier semestre 2011
contre 27 durant la même période de 2010. Les actions de la force navale
internationale semblent porter leurs fruits, d’où les risques accrus pris par les
pirates.
Au
plan légal, la désagrégation de la
Somalie ne facilite pas les actions répressives. Ainsi, le 21
juin dernier, l’Onu a annoncé la création de tribunaux spécialisés en Somalie
pour juger les auteurs d’actes de piraterie. On se demande comment ils vont
fonctionner alors que le semblant d’administration est corrompu, quand il n’est
pas complice. Un pays de plus en plus
touché comme l’Inde va s’équiper en matériel (commande de 20 navires et de 10
avions de patrouille maritime) et d’un arsenal juridique (prochaine loi sur la
piraterie maritime et création de cours compétentes).
Le
rapport révèle aussi que les attaques se développent au large du Bénin avec 12
attaques durant les six premiers mois de 2011 (aucune attaque durant la période
correspondante de 2010). Quand à celles au large du Nigéria, les auteurs du
rapport disent qu’elles sont minorées par les autorités nigérianes. D’ailleurs,
pas plus tard que le 18 juillet, un pétrolier grec a été détourné et ses 20
membres d’équipage pris en otage. Enfin, le troisième point chaud de la piraterie est en Asie avec des pays tels que l’Indonésie, la
Malaisie, les détroits proches de Singapour, et les mers de
Chine du sud. 50 incidents ont été répertoriés dans cette zone au premier
semestre 2011.
La
piraterie pèse désormais dans les comptes des armateurs. En effet, lors d’une
réunion à Londres, fin juin 2011, des principaux assureurs, et notamment des
réassureurs, il a été estimé que le surcoût de primes d’assurances pour les
armateurs s’élève à 120 millions de dollars par an. Quant aux rançons
demandées, elles atteignent désormais plus de 3 millions de dollars dans le cas
de la piraterie somalienne.
Jean-François
Tournoud