Dans la galaxie des Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international (CCIFI), la Chambre de commerce française au Kenya est peut-être unique dans son cas. Elle ne travaille pas avec les CCI françaises de l’Hexagone, mais avec d’autres CCIFI.
En l’occurrence, il s’agit des CCIFI au Maroc, en Afrique du Sud, à Dubaï et à Maurice, qui s’intéressent toutes à l’Afrique et y organisent régulièrement, notamment pour leurs membres, des missions d’entreprises.
Ce positionnement atypique a sans doute favorisé les relations – que l’intéressé qualifie d’ « excellentes » – de son jeune président de 32 ans, Grégoire Schwebig, avec son homologue de Business France à Nairobi, Xavier Chatte-Ruols, directeur pour l’Afrique de l’Est, comme, au demeurant, avec son prédécesseur, Jean-César Lammert. Business France est membre du conseil d’administration de la CCIFI au Kenya.
Les deux partenaires font un point tous les mois. « Quand ce sont des entreprises françaises qui viennent de France pour prospecter, c’est Business France, quand elles viennent d’autres destinations, c’est la compagnie consulaire », précise au Moci Grégoire Schwebig.
La CCI française, plus de 100 membres fin 2018
Ce jeune diplômé de l’Essec est arrivé au Kenya avec sa future femme en octobre 2011 pour travailler dans le fonds d’investissement à impact social Fanisi Capital.
Trois ans plus tard, il était élu conseiller consulaire des Français à l’étranger et créait sa propre entreprise spécialisée dans l’aménagement d’intérieur d’espaces professionnels, Haussmann, implantée à Nairobi, Kampala (Ouganda), Lusaka (Zambie), Dar es Salaam (Tanzanie), Kigali (Rwanda) et bientôt Johannesburg (Afrique du Sud), Accra (Ghana), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Lagos (Nigeria).
En février 2015, Grégoire Schwebig fondait avec Augustin Bonniol, créateur de la société ABC Expat, un centre d’affaires, qui réunit plus de 50 hommes d’affaires français pour sa première réunion.
En deux ans, ce seront une quinzaine d’évènements rassemblant une centaine de personnes qui auront été organisés. Un bilan flatteur, qui, associé à l’embauche d’une directrice générale, Justine de Guerre, et la location de bureaux à Nairobi, débouchera sur l’accréditation comme CCIFI en avril 2017.
Son président fondateur estime que de 70 membres à l’heure actuelle, ce chiffre devrait dépasser la centaine, dont 80 Français à la fin de l’année. Car la chambre va profiter de la croissance du nombre d’entreprises françaises au Kenya qui ne cesse de grandir. Elles étaient 30 en 2012, leur nombre devrait passer à 150 fin 2018.
La présence française ne cesse de croître
Le jeune Parisien s’insurge quand on lui dit que « les Français ne font rien en Afrique de l’Est ». Selon lui, « ils sont plus présents que les Britanniques ».
A côté des grandes entreprises, qui utilisent Nairobi comme « une base arrière pour rayonner dans une sous-région de 150 millions d’habitants », il y aurait, en nombre croissant, de grosses PME prospectant sur place avec de petits équipes, dont en partie des volontaires internationaux en entreprises (VIE), et de jeunes diplômés, attirés par l’environnement high tech du pays, qui se lancent ainsi dans le digital et dans des activités à impact social. Une progression qui n’est, d’ailleurs, pas sans poser un problème à la Chambre de commerce, puisque son centre d’affaires est complet.
« Nous hébergeons une dizaine d’entreprises. Il faudrait sans doute que nous puissions ouvrir un autre centre d’affaires », lâche son président. Parallèlement, la compagnie consulaire organise très régulièrement, une fois par semaine, un évènement, type petit déjeuner thématique.
Penser à prospecter le marché français
Aujourd’hui, un autre dossier tient à cœur Grégoire Schwebig : celui de la Chambre de commerce européenne, une structure informelle pour le moment, qui a été créée à l’initiative des compagnies française, allemande et britannique, qui en sont les seuls adhérents directs. L’objectif est clairement affiché : faire du lobbying auprès des autorités kényanes. Parmi les sujets brûlants, figurent en bonne place l’accès au marché, la fiscalité et l’immigration.
Pour l’avenir, le président de la Chambre de commerce française au Kenya n’exclut pas de nouer des relations avec des CCI de l’Hexagone. Le marché français est attractif et devient un passage obligé pour que cette structure privée, comme toutes les CCIFI, puisse grossir.
Quand on fait allusion à la volonté de Christophe Lecourtier, directeur général de Business France, de renforcer l’agence publique en Afrique, Grégoire Schwebig s’en félicite. « Que Business France attire plus d’entreprises dans la sous-région, c’est notre intérêt », affirme-t-il sans ambages. Les bonnes relations avec l’agence publique sont ainsi appelées à durer.
François Pargny
Pour prolonger :
– France / Afrique de l’Est : opérateurs et patronat veulent réveiller l’appétit des entreprises
Et aussi
– Rapport CIAN 2018 – Les entreprises internationales en Afrique
et notre fiche pays Kenya