La crise sanitaire mondiale a stoppé net flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE). Après avoir chuté de 35 %, passant de 1 500 milliards de dollars (Md USD) en 2019 à 1 000 Md USD en 2020, ils devraient atteindre leur point le plus bas cette année, selon le rapport annuel de la Cnuced sur les investissements dans le monde*. Avant de repartir à la hausse.
Sans surprise, les confinements imposés dans le monde entier depuis le début de la pandémie de Covid-19 ont ralenti les projets d’investissement existants. De plus, les perspectives de récession ont conduit les multinationales à réévaluer leurs nouveaux projets. D’où une chute de plus d’un tiers des flux d’IDE.
Cette chute concerne principalement les économies développées (- 58 %), en partie du fait des restructurations d’entreprises mais aussi de flux financiers intra-entreprises.
En revanche les IDE en direction des économies en développement ont relativement bien résisté, avec une baisse de « seulement » -8 %, principalement due à la vigueur des flux en Asie. En conséquence, ces pays ont concentré deux tiers des IDE mondiaux, contre un peu moins de la moitié en 2019.
Effondrement des nouveaux projets
Ces tendances contrastent fortement avec celles de l’activité liée aux nouveaux projets, dont le recul a été beaucoup plus marqué dans les pays en développement : le nombre de nouveaux projets y a accusé une baisse de 42 %.
Les opérations de financement de projets internationaux ont fléchi de -14 % hypothéquant les perspectives de redressement économique. « Ces types d’investissement sont essentiels pour le développement des capacités productives et des infrastructures, et donc pour des perspectives de reprise durable », a ainsi déclaré Isabelle Durant, secrétaire générale par intérim de la Cnuced.
Des secteurs vitaux pour le développement durement touchés
La Covid-19 a également provoqué un effondrement des flux d’investissement vers les secteurs cruciaux pour les objectifs de développement durable (ODD) dans les pays en développement : – 67 % pour le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, – 54 % pour les infrastructures et la santé, – 49 % pour l’agriculture et l’agroalimentaire et – 35 % pour l’éducation.
Le seul secteur relativement épargné par cette dégringolade des IDE est celui des énergies renouvelables (- 8 %). Le choc a exacerbé les baisses dans les secteurs qui étaient déjà faibles avant la pandémie comme ceux de l’électricité, de l’alimentation et de l’agriculture, et de la santé, soulignent les analystes de la Cnuced.
Seule l’Asie a enregistré une croissance des flux d’IDE entrants
Les tendances des IDE en 2020 varient considérablement selon les zones géographiques.
Les pays en développement et en transition ont été relativement plus touchées par l’impact de la pandémie sur les investissements dans les activités à forte intensité de chaîne de valeur mondiale et celles basées sur les ressources naturelles. Les asymétries en matière de marge de manœuvre budgétaire pour le déploiement de mesures de soutien économique ont également entraîné des différences régionales.
Les flux d’IDE vers l’Europe ont diminué de 80 %, tandis que ceux vers l’Amérique du Nord ont baissé moins fortement (- 40 %). La chute des flux dans les régions en développement a été inégale : la baisse est de -45 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, et de -16 % en Afrique.
En revanche, les flux vers l’Asie ont augmenté de 4 %, l’Asie de l’Est étant la principale région d’accueil. Elle représente la moitié des IDE globaux en 2020.
En 2021, selon les prévisions de la Cnuced, les flux d’IDE vers l’Asie resteront résilients, la région s’étant distinguée comme une destination attrayante pour les investissements internationaux tout au long de la pandémie. Une reprise substantielle des IDE vers l’Afrique et vers l’Amérique latine et les Caraïbes est quant à elle peu probable à court terme.
Probable creux de la vague en 2021 avant un rebond
À l’avenir, les flux mondiaux d’IDE devraient atteindre leur point le plus bas en 2021 et regagner le terrain perdu grâce à une augmentation de 10 à 15 % par la suite. « Cela laisserait encore les IDE à quelque 25 % en dessous du niveau de 2019. Les prévisions actuelles indiquent une nouvelle hausse en 2022 qui, à la limite supérieure des projections, ramènerait les IDE au niveau de 2019 », a déclaré James Zhan, directeur de l’investissement et des entreprises à la Cnuced.
Les perspectives sont très incertaines et dépendront, entre autres, du rythme de la reprise économique et d’un éventuel regain de la pandémie, de l’impact potentiel des programmes de relance sur les IDE, et des pressions politiques. De fait, la reprise relativement modeste des IDE mondiaux prévue pour 2021 reflète l’incertitude persistante relative à l’accès aux vaccins, l’apparition de mutations du virus et la réouverture des secteurs économiques.
En outre, cette reprise des IDE sera inégale. Les économies développées devraient être le moteur de la croissance mondiale des IDE, à la fois en raison d’une forte activité de fusions et acquisitions transfrontalières et d’un soutien à l’investissement public à grande échelle.
SC
* Pour consulter le rapport de la Cnuced sur les investissements dans le monde (en anglais), téléchargez le document ci-après.
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–Investissements : les flux d’IDE vers les pays développés se sont effondrés en 2020 (Cnuced)
–Investissements : l’Asie en développement attire la moitié des IDE mondiaux (Cnuced)
–Investissements : les IDE en Amérique latine resteront faibles en 2021 (Cnuced)
–Investissements : les IDE en Afrique au plus bas niveau depuis 15 ans (Cnuced)