Cette année, pour la deuxième
édition de son enquête « sur la perception de l’usine et de
l’industrie », le groupe Fives a demandé à l’Ifop de sonder* non seulement,
comme en 2012, le marché français, mais aussi les États-Unis et la Chine, dans
le cadre de son Observatoire de l’usine du futur.
L’enquête 2013 montre que la
Chine se démarque par une très grande préoccupation vis-à-vis de
l’environnement. Ils ne sont ainsi que 40 % des sondés, contre 56 % aux États-Unis et 59 % en France, à considérer que les usines de leur pays sont
respectueuses de l’environnement depuis 30 ans (50 ans dans les deux autres
pays).
« Pékin surtout, mais aussi
Shanghai connaissent de sérieux problèmes de pollution, au point que des
expatriés finissent par plier bagages parce que leurs enfants et leurs épouses
ne supportent plus cet environnement », explique très sérieusement
Frédéric Sanchez, le P-dg de Fives (notre photo), qui connaît bien la Chine, troisième marché
du groupe d’ingénierie industrielle derrière les États-Unis et la France.
Du coup, rien d’étonnant à ce que
les Chinois soient les plus nombreux (63 %), contre 46 % en France et 40 % aux États-Unis, à déclarer que la protection de l’environnement est une valeur de
l’usine de demain. « Cela ne signifie pas que les Chinois sont
pessimistes, mais que pour eux, c’est un vrai sujet pour l’avenir »,
précisait Damien Philippot, directeur de clientèle au département Opinion de
l’Ifop, lors de la présentation de l’enquête, le 25 juin.
L’industrie est intégrée à la ville en Chine et aux États-Unis
Ainsi, en mai 2013, ils étaient,
certes, moins de Chinois (44 %) que de Français (77 % en mars) et d’Américains
(81 %) à estimer que construire des usines propres et respectueuses de
l’environnement, « c’est déjà possible », mais 55 % déclaraient aussi
que « ce sera possible demain », ce qui reflète un « relatif
optimisme dans l’avenir », analyse Damien Philippot. « Il est vrai
qu’il y a aujourd’hui une véritable volonté politique d’améliorer la
situation », renchérit Frédéric Sanchez.
Les réalisations devront suivre,
néanmoins. Les questions d’environnement
sont d’autant plus sensibles en Chine, peut-on penser, que, à l’instar des États-Unis, l’industrie reste intégrée à la ville. Reste qu’aux
interrogations de l’Ifop sur son attractivité en Chine, sa compétitivité par
rapport aux autres pays et l’attraction qu’il peut plus particulièrement exercer
sur les jeunes, les sondés de cette nation d’Asie sont de loin les plus
positifs, avec des scores allant de 74 % à 82 %, alors que ces chiffres sont
très bas en France (entre 28 % et 36 %) et moyens aux États-Unis (de 53 % à 67
%).
Chinois et Américains ont une bonne image de l’industrie française
Les Français sont de loin les
plus pessimistes, ce qui n’empêche pas, d’après l’Ifop, que les Chinois et les
Américains soient « enthousiastes » au sujet de l’industrie
européenne. Et, peut-être, plus surprenant, surtout de la part des Chinois, sur
le potentiel de développement économique dans l’Hexagone. Faut-il y voir le
poids et l’image du luxe tricolore en Asie, ou de secteurs de pointe comme
l’aéronautique (Airbus) ou le ferroviaire (TGV) ?
Ce qui est certain c’est que par
rapport à la Chine ou aux États-Unis il y a une moindre acceptation de l’usine
en France, surtout parmi les jeunes de 20 à 35 ans. « Un écart
générationnel qu’on ne retrouve pas dans les deux autres États », note
Damien Philippot. Cette situation pourrait résulter de « la déconnexion
entre le monde industriel et le système éducatif, la France étant
particulièrement en retard en matière d’apprentissage par rapport à
l’Allemagne », pointe Frédéric Sanchez. Une autre raison pourrait être que
« l’usine est isolée », l’industrie dans l’Hexagone étant rejetée
hors des villes.
François Pargny
* France, échantillon de 1 005
personnes de plus de 18 ans ; Chine, 1 006 personnes ; et États-Unis, 1 018 personnes.
Interviews en ligne réalisées du
27 au 30 mars 2012 et du 16 au 21 mai 2013 en France, du 17 au 24 mai 2013 dans
les deux autres pays.
Pour en savoir plus :
Communiqué de presse de Fives et
l’Ifop en fichier joint