L’ancien propriétaire –et fondateur- de la convention Mondissimo, qui a tenu les 7 et 8 avril dernier à Paris sa 26ème édition, mise désormais sur la TV sur Internet et sur le vaste public de la communauté française expatriée : après le lancement de la chaîne Allemagne 21 en mars, il compte ouvrir le Brésil en juin puis la Chine à l’automne, en passant par l’Australie. Et c’est pour mieux se consacrer à ces projets qu’Henri Bazerque a vendu discrètement, en juillet 2013, sa convention à une agence spécialisée sur l’événementiel, Carle Organisation, elle-même cofondée par un des ses plus fidèles exposants à Mondissimo, Eric Dérouet, ancien cadre d’Executive Relocation et d’AGS.
« On voudrait avoir un véritable bouquet de web TV dès 2015 », souligne ce « networker » né, qui opère depuis près de25 ans dans le microcosme du commerce extérieur français, où il a cultivé un véritable réseau d’amis et de relations. C’est lui qui avait fondé, à la fin des années 80, le salon Avenir Expat-Avenir Export, ancêtre de Mondissimo. Les conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), l’Union des chambres françaises de commerce et d’industrie à l’étranger (Uccife), l’Union des Français de l’étranger ou encore la Maison des Français de l’étranger (MFE), comptent parmi les piliers historiques de ce réseau. « Nous n’allons jamais dans un nouveau pays sans avoir avec nous nos partenaires de toujours », assure Henri Bazerque, entrepreneur communiquant mais fidèle en amitié. Son équipe rapprochée est d’ailleurs composée de fidèles qui le suivent depuis le début : Sandrine Chauvet, son actuelle responsable des programmes, Eric Baudoin son webmaster, ou encore Ludovic Bruno.
Le déclic du web s’est produit il y a 8 ans, lors des premiers pas des « 24 H chrono » -un programme de web TV qui propose un tour du monde en 24 heures avec émissions, reportages et témoignages d’expatriés. La dernière édition s’est tenue mi janvier dernier : « on a eu 251 000 spectateurs en direct, mais nous en visons plus de 4 millions sur l’ensemble de l’année avec le visionnage des différés », se réjouit Henri Bazerque, qui revendique 3 millions de visiteurs pour ce programme sur l’ensemble de l’année 2013. De là, est née l’idée d’une véritable chaîne.
Le chiffre « 21 » est alors choisi parce qu’en numérologie, explique-t-il, « il signifie monde ». « Notre développement dans la web TV s’est accéléré : nous avons créé USA 21TV en 2009, puis Canada 21, Belgique 21, Paris 21 en 8 langues, Suisse 21, Angleterre 21, Allemagne 21 ». A l’époque du lancement, le coup de pouce vient aussi de TV5, dont le P-dg de l’époque, François Bonnemain et la directrice de TV5 Monde, Marie-Christine Saragosse, décident de le suivre et de monter un partenariat en coproduction sur les « 24H chrono ». Plus récemment, RFI a rejoint ce partenaire historique. De quoi amplifier la notoriété et l’audience des web TV.
A chaque fois qu’il créé une nouvelle web TV, le modèle, désormais rodé, est le même : d’abord s’assurer que les partenaires historiques suivront pour bénéficier de leur réseau lors de l’installation dans le nouveau pays et amorcer la pompe des premiers contenus; puis trouver un correspondant qui réalisera les deux tournages par semaine exigés par la production. Chaque web TV propose une grille de programmes qui vont d’émissions d’actualité à des magazines culturels, sur l’export (avec les CCEF), ou la vie quotidienne dans le pays.
C’est au moment du lancement de USA 21 TV qu’Henri Bazerque décide de s’installer à Miami avec sa famille, et d’y localiser sa société de production Biscayne PB, du nom du boulevard où elle est située. Pour des raisons pratiques -suivre le projet américain- mais aussi, il ne s’en cache pas, administratives et fiscales -un environnement des affaires très avantageux. C’est cette société qui est propriétaire de toutes les web TV alors que Mondissimo Sarl en France reste propriétaire des « 24H chrono », d’une chaîne d’information News 21 et d’un « Manuel pratique de la mobilité internationale » en vidéo.
A terme, et compte tenu des développements européens à venir –la Russie, l’Espagne, l’Italie et le Maroc sont au planning pour 2015-, l’entrepreneur, devenu résident en Floride, pourrait toutefois reconsidérer ce choix de localisation pour revenir en Europe, sans doute au Portugal.
Le modèle économique ? Finalement assez classique aux dires de l’entrepreneur : les revenus sont générés par les partenariats commerciaux et les annonceurs ainsi que par la production de spots –dernièrement pour l’Uccife-. Si Henri Bazerque, qui indique que ses 8 chaînes actuelles cumulent entre 1,5 et 2 millions de spectateurs par mois, reste évasif sur le prix de vente de la convention Mondissimo –« un an de chiffre d’affaires »- il revendique de l’ordre de 700 000 à 800 000 dollars de CA en France, et 500 à 600 000 aux États-Unis. Et il compte bien continuer à miser sur ses réseaux : en octobre 2013, il a lancé le Cercle Avenir International, une association visant à favoriser, là encore, le networking.
C. G.