A l’occasion de la visite de l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani en France, les 27 et 28 février, les deux pays ont confirmé non seulement leur coopération diplomatique intense sur le dossier de Gaza et du conflit Israël-Hamas, mais également leur volonté de donner un coup d’accélérateur à leurs relations économiques. Un nouveau partenariat d’investissement prévoit 10 milliards d’euros d’investissement d’ici 2030.
(Mis à jour le 29 février avec un information sur le Fond d’investissement franco-qatari)
Pour sa première visite d’État en France depuis son arrivée au pouvoir à Doha en 2013, Tamim ben Hamad Al-Thani, l’émir du Qatar, a voulu frapper un grand coup dès le premier jour de sa visite. Il a scellé, dans le cadre de la signature d’un nouveau partenariat d’investissement stratégique, un engagement de son pays à investir 10 milliards d’euros d’ici 2030 dans l’économie tricolore, en sortant des secteurs habituels d’intérêt qatari tels que l’immobilier, le luxe ou encore le sport pour se focaliser sur les priorités du gouvernement français.
Pour donner une idée, ce montant représente près d’un cinquième des financements publics prévu dans le cadre de France 2030 (54 milliards d’euros). Emmanuel Macron, qui a donné cette information en ouverture du dîner de gala organisé au Palais de l’Élysée pour son hôte, n’a pas manqué de saluer ce « plan ambitieux d’investissements », l’émir du Qatar précisant que « ces investissements iront renforcer les partenariats stratégiques entre nos deux pays » selon des propos rapportés par Le Monde.
Le fonds franco-qatari bien positionné
Lors de la présentation à la presse du bilan 2023 de Bpifrance, le 29 février, Nicolas Dufourcq, son directeur général, a été interrogé sur cet engagement d’investissement important du Qatar et s’il pourrait passer par Bpifrance. Le directeur général de la banque de développement n’a pas répondu à la question, indiquant qu’il n’avait pas de précisions à ce stade. Mais il a rappelé que Bpifrance était d’ores et déjà partenaire d’un fonds d’investissement franco-qatari, le French Futur Champion (FF), un fonds de 300 millions d’euros lancé en 2014. « A quel niveau va-t-on le monter ? » . Le directeur général de Bpifrance n’a pas été en mesure de donner cette précision. Mais le FFS, qui a participé à plusieurs levées de fonds depuis sa création, par exemple dans la biotech Innovafeed, est bien positionné pour capter une partie de la nouvelle manne.
Intervenant trois mois après la dernière visite du président français à Doha, début décembre dernier (notre photo en couverture), cet engagement peut-être aussi considéré comme un succès de la diplomatie économique française sur le volet attractivité. C’est d’ailleurs Bruno Le Maire, ministre l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, qui a accueilli l’émir à son arrivée à Orly, et il a assisté à l’entretien bilatéral entre les deux chefs d’État au Palais de l’Élysée.
Car l’objectif du gouvernement français est clair : accroître les flux d’investissements entre les deux pays alors que le commerce bilatéral, très déficitaire au détriment de l’Hexagone, atteint plus de 6,4 milliards d’euros, dopé depuis 2022 par l’explosion des achats de gaz au Qatar à la suite du déclenchement de la guerre russe en Ukraine.
Un partenariat qui s’inscrit dans la stratégie « France 2030 » et « Vision nationale du Qatar pour 2030 »
D’après les précisions fournis par l’Elysée à la presse, le partenariat d’investissement stratégique s’inscrit dans le cadre de la stratégie « France 2030 » et de son équivalent qatari la « Vision nationale du Qatar pour 2030 ».
Les investissements en France, qui seront effectués par le fonds souverain qatari QIA, seront orientés vers « les jeunes entreprises innovantes et les fonds d’investissement en France ainsi que ceux étroitement liés à l’économie française, au bénéfice mutuel des deux pays ». Parmi les secteurs ciblés « la transition énergétique, les semi-conducteurs, l’aérospatial, l’intelligence artificielle, le numérique, la santé, l’hôtellerie et les industries culturelles et créatives ».
Plus de détails ont été fournis aux entreprises françaises lors du forum d’affaires à huis-clos organisé spécialement au Medef le 28 février. Pour marquer l’importance accordée à cette relation économique bilatérale, Gabriel Attal, le Premier ministre, a ouvert ce Forum aux côtés du Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.
A noter que sur le volet humanitaire, les deux chefs d’État, dont les pays coopèrent déjà dans ce domaine, se sont aussi engagés conjointement à fournir 200 millions de dollars en soutien à la population palestinienne.
C.G