Alliance France Cuir (anciennement le Conseil national du cuir) a publié les chiffres des performances de la filière à l’international en 2023. Si les exportations de maroquinerie en Chine ou au Japon servent de locomotive au secteur, la hausse des prix moyens en douane et des échanges intra-européens pourrait favoriser une relocalisation de l’approvisionnement européen en maroquinerie et chaussures.
Avec des importations stables avoisinant les 14 milliards d’euros (Md EUR) et des exportations en progression de 6 %, à 19 Md EUR, la filière française du cuir termine l’année 2023 avec un excédent commercial d’un peu plus de 5 Md EUR. La maroquinerie constitue l’essentiel de la croissance française à l’export. L’Asie, en particulier la Chine, le Japon, Hong-Kong et la Corée du Sud, dynamise le secteur, tandis que l’Italie demeure un partenaire clé malgré une légère baisse des importations.
Les importations venant d’Asie accusent un recul de 9 %, compensé par un essor de 11% des importations venant d’Europe. Côté exportations, la hausse, plus modérée que les années précédentes, des ventes de la filière à l’étranger peut notamment s’expliquer par un ralentissement de la demande américaine (- 5% aux Etats-Unis). Une contreperformance à mettre en perspective avec la forte progression enregistrée l’an dernier (+ 42 % entre 2021 et 2022).
44 % des exportations partent en Asie
En 2023, les ventes en Asie ont progressé de 12 %, représentant 44 % de l’ensemble des exportations françaises (soit 8,4 Mds d’euros). Une croissance à deux chiffres qui se confirme puisqu’elles avaient déjà progressé de 17 % entre 2021 et 2022. Une nette augmentation des exportations de la filière cuir a été observée l’an dernier à destination de certains pays asiatiques comme le Japon (+ 28 %) Hong-Kong (+ 17 %) ou la Corée du Sud (+ 16 %). Ces exportations ont été portées par le secteur de la maroquinerie dont les ventes sont en hausse de 26 % au Japon, 18 % à Hong-Kong et 11 % en Corée du Sud.
Pour les produits finis, et plus spécifiquement pour la maroquinerie, la Chine confirme sa position de meilleur client de la France, représentant à elle-seule 18 % des exportations françaises, en hausse de 9% par rapport à 2022. S’agissant des cuirs et peaux finis, elle devient le deuxième client de la France, derrière l’Italie. Les ventes y ont presque doublé (+ 84 %), atteignant 21 millions d’euros (M EUR). Les ventes de cuirs finis de bovins ont été multipliées par trois.
L’Italie, premier partenaire pour les cuirs et peaux
Le marché européen truste la majorité des exportations françaises de cuirs et peaux bruts, puisqu’il représente à lui seul 89 % des peaux exportées, en valeur. Leurs ventes en Italie représentent plus des deux tiers des exportations françaises. Elles permettent à notre voisin transalpin de rester notre meilleur client, atteignant 145 M EUR, malgré une baisse de 12% par rapport à 2022. Loin derrière, les Espagnols réussissent tout de même à ravir la deuxième place à la Chine en enregistrant une hausse de 31 % de leurs importations de cuirs et peaux bruts français, atteignant ainsi 26 M EUR.
En 2023, 84 % des cuirs finis importés par la France l’ont été d’un pays européen. Là encore l’Italie s’impose, à la fois comme premier fournisseur de la France, représentant près de la moitié des importations françaises (274 M EUR, + 18 %), et comme premier client avec 35 % des exportations françaises (81 M EUR, – 8 %). Cette légère baisse s’explique par un ralentissement de l’activité des fabricants italiens de produits finis en cuir.
Une possible relocalisation des approvisionnements de la filière
En 2023, les importations françaises de maroquinerie venant d’Europe ont crû de 16 % alors que celles venant d’Asie ont diminué de 6% (et jusqu’à -18% pour l’Inde et -18% pour le Vietnam). A l’export, 30 % des ventes françaises de produits de maroquinerie sont réalisées vers l’Europe, en hausse de 5 % par rapport à 2022.
Côté chaussures, sur 100 paires de chaussures vendues par la France, 87 sont achetées par des pays européens. La France a importé moins de chaussures asiatiques (- 15 % en volume, – 10 % en valeur) que l’an passé. Les ventes en volume réalisées par la France, en dehors de l’Europe, restent faibles, avec 17 millions de paires, malgré une envolée en 2023 (+ 44 %).
Partant ce constat, il est légitime de se demander si l’approvisionnement en produits de maroquinerie et en chaussures ne tendrait pas à se relocaliser sur le Vieux Continent. D’autant que le prix moyen en douane est en hausse, signe d’une montée en gamme des produits, malgré l’inflation. A l’import, il progresse de 12 % pour une paire de chaussures, et jusqu’à 16 % pour les chaussures à dessus cuir. Il a d’ailleurs connu un essor plus important pour les chaussures européennes que pour les chaussures asiatiques (+ 11 % contre + 6 %). Pour les sacs à main, il a augmenté de 26 %, entraînant une hausse des importations en valeur de 14 %.
S.C.