Le risque social et politique a atteint son point le plus haut selon une étude de Coface. Son impact sur les exportations va augmenter dans les années à venir, en particulier dans les pays émergents.
Les problèmes de supply chain et de fret ne sont pas les seuls à perturber le commerce international. Mis à l’arrêt par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19, les mouvements de contestation, principalement dans les pays émergents, devraient connaître un regain en raison de la dégradation sans précédent des indicateurs sociaux économiques, soulignent les analystes de Coface.
Déjà en 2020, l’indicateur Coface de risque social et politique, qui compile des données telles que l’inflation, le taux de chômage, les inégalités de revenu et la le niveau de corruption, avait bondi de 5 points pour atteindre record de 51 % au niveau mondial, allant jusqu’à 55 % dans les pays émergents (plus le pourcentage est élevé, plus le risque est prégnant). 88 % des pays émergents ont vu leur niveau de risque associé aux pressions sociales augmenter notamment en Asie (Malaisie, Inde, Thaïlande, Philippines, Maghreb, Algérie, Tunisie).
Un impact non négligeable sur les exportations des pays émergents…
Coface estime qu’un mouvement social de masse a des effets négatifs particulièrement prononcés et permanents sur les exportations de biens du pays affecté. Elles sont ainsi en moyenne 4,2 % inférieures à leur potentiel estimé pendant l’année où le mouvement social survient. L’écart demeure substantiel pendant trois années, les exportations restant entre 6,3 % et 8,9 % inférieures à leur potentiel. Le choc sur les importations est, lui, plus faible et plus transitoire.
« Nous estimons que sur les trois années qui suivent un mouvement social, les exportations restent jusqu’à près de 9% inférieures à leur potentiel. Si le mouvement porte des revendications socio-économiques, comme la plupart de ceux qui devraient émerger après la pandémie, elles restent jusqu’à plus de 20 % inférieures », ont commenté dans un communiqué Samuel Adjutor et Ruben Nizard, économistes chez Coface.
… et sur le commerce international
Les expériences des pandémies passées confirment que les mouvements sociaux de masse qu’elles engendrent ont des impacts négatifs persistants sur l’activité économique. En effet, la croissance du PIB reste, pendant au moins un an et demi, un point de pourcentage inférieure à son niveau avant le mouvement. Pour les pays émergents, elle est même de deux points de pourcentage inférieure, selon les estimations de Coface.
Ces effets s’expliquent, côté offre, par une chute de l’activité industrielle et des services et, côté demande, par la chute de la consommation. À cela s’ajoutent la baisse de la confiance des ménages et des entreprises et la hausse de l’incertitude. En outre, l’incertitude liée à l’instabilité politique accroît les coûts de transaction entre le pays affecté par le mouvement et le reste du monde, et réduit les incitations à nouer de nouvelles relations commerciales ou à maintenir celles existantes. Les flux commerciaux ralentissent, voire se contractent : la chute de l’activité industrielle perturbe les exportations et celle de la consommation affecte les importations.
Bien évidemment, l’impact d’un mouvement sur les exportations et les importations varie fortement. Plusieurs facteurs peuvent amplifier ou limiter les effets sur le commerce : la spécialisation sectorielle, le poids du pays dans le commerce international, la proximité avec ses partenaires commerciaux et le mode de transport privilégié dans les flux commerciaux bilatéraux. Ces éléments peuvent déterminer les externalités négatives sur des pays tiers, qu’ils soient ou non des partenaires commerciaux du pays impacté. Mais ce sont aussi les formes que prendront les mouvements qui détermineront l’ampleur et la persistance du choc sur le commerce.
SC
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