Les chiffres export des entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA) vers le Japon ne sont pas au beau fixe, malgré la mise en œuvre depuis le 1er février 2019 de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et ce pays. La Team France Export (TFE) AuRA, emmenée sur ce sujet par la Chambre de commerce et d’industrie de Région ( CCIR) et les Douanes, prend le sujet à bras le corps et vient de publier une étude sur le potentiel export des entreprises de la région, première étape d’un nouveau plan d’action.
L’accord de libre-échange entre l’UE et le Japon, entré en vigueur au 1er février 2019, n’a pas pour l’instant généré d’essor des exportations des entreprises d’AuRA vers ce marché.
D’après l’étude que viennent de publier la CCI AuRA et les Douanes dans le cadre de leur partenariat au sein de la TFE régionale, 2019 aura même marqué un repli de 7,6 % de la valeur des exportations de la région vers le Japon. Alors que dans le même temps, sur l’ensemble de la France, elles progressaient de 16 % (-0.9% si on retire les ventes aéronautiques et spatiales qui jouent un rôle prépondérant dans les variations annuelles nationales des exportations vers le Japon).
2100 entreprises exportent vers le Japon, dont 1085 PME
Entre 2015 et 2019, le Japon a ainsi reculé de la 13e à la 18e place du palmarès des pays clients des exportateurs d’AuRA.
Autre statistique montrant l’appétence limitée des entreprises de ce territoire pour le Japon : alors qu’elle pèse globalement 12,5 % des exportations françaises, la région ne représente que 9,4 % des ventes nationales au Japon. Un chiffre qui la place au 4e rang des meilleurs vendeurs au Japon, derrière l’Île-de-France, l’Occitanie et Grand Est.
En 2020, année de fortes perturbations des échanges internationaux liées à la Covid-19, les exportations d’AuRA vers le Japon se sont toutefois repliées de « seulement » 8,3 %, contre 10,7 % pour l’ensemble de ses ventes à l’étranger.
Néanmoins, la région AuRA semble jouer un rôle clé sur quelques segments.
Par exemple, la métallurgie pour laquelle elle pesait 33 % des ventes françaises au Japon en 2019 (36 % pour la coutellerie) ou les machines pour l’industrie textile (92 % des ventes françaises au Japon), les machines pour l’extraction ou la construction (82 %), les matériaux en plastique pour la construction (66 %), les pneumatiques (53 %), ou encore l’électroménager (51 %) et la chimie (23 %). En 2020, les exportations régionales de produits chimiques ont d’ailleurs enregistré une envolée de 8,3 %.
Au total, ce sont 2100 entreprises de ce territoire qui exportent au Japon dont 1085 PME réalisant 39 % de la valeur 2019, 275 ETI/grandes entreprises et 740 TPE (4 % de la valeur). Des chiffres que la TFE AuRA compte bien désormais pousser.
Les droits de douanes sur certains produits réduits à zéro
« Le marché japonais est difficile et très spécifique, c’est certain, mais c’est un des pays avec le plus fort PIB/habitant. De plus, les consommateurs japonais sont friands de produits à forte valeur ajoutée. Or, Auvergne-Rhône-Alpes peut se prévaloir d’un réel alignement avec cette demande », souligne Philippe Guérand, président de la CCI AuRA.
« Nous devons conforter notre présence sur les produits pour lesquels nos entreprises sont déjà bien placées comme la chimie ou la plasturgie mais aussi aller chercher des gains sur des domaines où elles ne sont pas encore bien positionnées. Notamment le luxe et l’agroalimentaire » ajoute le responsable.
Eric Meunier, directeur interrégional des douanes en AuRA, enfonce le clou concernant les ouvertures de l’accord de libre-échange : « L’accord est récent, il est normal que les entreprises ne se soient pas encore vraiment saisies des nouvelles opportunités. Mais elles existent, sans nul doute, même si la baisse des droits de douane va s’échelonner sur plusieurs années. Par exemple, dans la viennoiserie, l’accord a immédiatement fait passer les droits de douane de 24 à 0 %. Pour les produits du cacao, sur lesquels la région dispose de belles entreprises chocolatières, on va passer en 10 ans de 10 à 0 %. Idem pour le vin, qui passe de 15 à 0 % ».
Pour avancer dans cette direction, la CCIR et les Douanes vont donc faire front commun pour prêcher la cause de l’export japonais auprès des entreprises du territoire. L’étude publiée il y a quelques jours, agrémentée de conseils et de témoignages de success stories locales, en est la première étape.
Décomplexer les entreprises
« Par ailleurs, grâce à nos nomenclatures, nous allons cibler très précisément les entreprises pour lesquelles nous estimons qu’il existe de vraies opportunités au Japon », signale encore Eric Meunier. « Nous voulons décomplexer les entreprises, leur faire comprendre qu’elles peuvent aller sur ce marché. Mais nous allons aussi les aider dans les démarches puisque cet accord prévoit que l’importateur japonais fournisse les preuves de l’origine des produits qu’il va commercialiser. Dans ce cadre, certains pourraient être tentés par des abus et réclamer des informations confidentielles à nos entreprises ».
De plus, la TFE va organiser une quarantaine d’événements digitaux en lien avec le Japon en 2021 ains qu’un voyage sur place (si les conditions sanitaires le permettent), en fin d’année, avec une délégation d’une dizaine d’entreprises.
Signe que les entreprises de la région prennent conscience des opportunités, sur les 400 chèques relance export attribués en 2020 en AuRA, une vingtaine concernaient des prestations d’accompagnement vers le Japon. Une dizaine supplémentaire a été distribuée depuis le début de l’année.
Stéphanie Gallo