La PME héraultaise L’Epicurien, spécialisée dans les confitures cuites au chaudron et les préparations tartinables, ne pensait pas ouvrir un marché aussi lointain que la Corée du Sud sans jamais s’y rendre. C’est pourtant ce que cette entreprise du patrimoine vivant a réalisé, à la veille de la pandémie de Covid-19. Le pays du Matin calme représente aujourd’hui 4 % de son chiffre d’affaires.
« Les Coréens tartinent ». Cathia Sagnol, responsable export de l’Epicurien, n’en revient toujours pas. « Ils aiment le pain et les viennoiseries français et on trouve des boulangeries partout dans Séoul.»
C’est au cours d’une mission de promotion des produits agroalimentaires de la Région Occitanie en 2018 au Japon, où l’entreprise exporte depuis 40 ans, que l’idée d’aller en Corée lui est soufflée par un autre participant. De retour en France une étude de marché la convainc de concrétiser ce projet.
Ne manque plus qu’un partenaire local. La rencontre a lieu en 2019. « Nous avons rencontré sur un salon un importateur coréen spécialisé dans les arts de la table haut de gamme qui voulait se diversifier dans les produits alimentaires. » Il passe commande de pots de tartinables aux aubergines et aux poivrons, testés ensuite par une instagrameuse locale. Un détour par les réseaux sociaux gagnant puisqu’une nouvelle commande d’une palette de 5000 pots est rapidement passée. En 2020, 15 000 pots sont expédiés.
« Il est ensuite passé aux confitures et a noué un partenariat avec une chaine de télé-achat qui a provoqué un boum de la demande de confitures qui ont aujourd’hui supplanté notre gamme salée. » Figues et noix, fraise et champagne… Les commandes décollent. L’importateur se charge de la distribution via le e-commerce et un grand magasin à Séoul.
La certification européenne bio est reconnue en Corée
Dans un pays qui bénéficie d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne depuis 10 ans, les confitures de l’Epicurien bénéficient de deux avantages pour se tailler une place sur le marché coréen.
Tout d’abord, depuis 2015, la certification bio européenne permet d’obtenir une certification équivalente coréenne, label auquel les consommateurs sont particulièrement sensibles. « C’est un atout et l’enregistrement de nos produits auprès de la Douane ne nous a coûté que 250 euros », précise la responsable export.
Ensuite, le pays du Matin calme est un des rares pays en Asie dont les habitants ont le bec sucré. « Sur le marché il n’y avait que des confitures japonaises pas assez sucrées ou des produits industriels et les Coréens sont très attachés à l’artisanat, à l’histoire d’un produit. Ce sont des gens curieux, qui posent beaucoup de question et sont ouverts. »
Malgré la pandémie, la PME, qui exporte 30 % de son chiffre d’affaires (Etats-Unis, Japon, Europe du Nord), continue de développer ce marché grâce à des dégustations à distance et à un partenariat avec un pâtissier français installé sur place fin 2021.
« C’est primordial d’avoir un partenaire sur place, qui dynamise le marché », estime Cathia Sagnol. Qui aimerait néanmoins pouvoir se rendre bientôt dans ce pays qu’elle n’a encore jamais visité.
Sophie Creusillet