Bien loin de rapatrier le centre de gravité du pouvoir dans leurs pays respectifs, le succès des eurosceptiques aux dernières élections européennes en France et en Grande-Bretagne (FN et UKIP) risque de plomber considérablement l’influence de ces deux pays au sein du Parlement européen (PE), et donc leur capacité à peser sur les directives européennes.
« Qu’ils soient PPE, PSE, libéraux ou écologistes, dans tous les cas le bon score du FN prive la France d’un certain nombre de députés dans les partis modérés qui constitueront ce que l’on pourrait appeler la majorité de gouvernement du Parlement », a expliqué à la Lettre confidentielle Guillaume Klossa, président du think-tank EuropaNova.
Sur les 74 élus que comptent la France dans l’hémicycle européen, les 24 eurodéputés du FN réduisent à cinquante, tout au plus, le nombre de « votes utiles » qui pourront être comptabilisés lors de l’adoption de directives stratégiques. Mathématiquement, la France verra son influence se réduire, en particulier face à l’Allemagne qui compte 99 députés, mais aussi face à l’Italie qui, grâce au bon score de Mateo Renzi, devient le pays le mieux représenté au sein des Socialistes et Démocrates, second groupe, en nombre de sièges, après le PPE.
Seule et bien maigre consolation : la France n’est pas la seule à pâtir de ce scrutin. La victoire du UKIP outre-Manche devrait aussi nuire aux intérêts britanniques. Affaiblis au sein des grandes coalitions, ils risquent, en outre, de ne plus avoir accès aux postes stratégiques à la tête des Commissions clés. Un résultat que déplore notamment Sharon Bowles, présidente du puissant comité « Affaires économiques et monétaires » pendant la précédente législature : « La victoire du UKIP ne renforcera pas les arguments britanniques en Europe, bien au contraire! Les décisions importantes seront désormais prises par les autres pays « .
Kattalin Landaburu, à Bruxelles