Laurent Fabius est partout et donc pas forcément où il est annoncé. Ainsi, ne pouvait-il pas être présent au déjeuner donné, le 30 juin, à l’issue de l’Assemblée générale de CCI France International (voir par ailleurs dans la Lettre cette semaine). C’est le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et du développement international (Maedi), Pierre Sellal, qui le remplaçait.
Et ce dernier n’a pas manqué de replacer «l’absence » du ministre dans le cadre de la diplomatie économique chère à Laurent Fabius. Le ministre est parti à New Delhi et Bombay « pour prendre contact avec les autorités indiennes issues des élections du printemps dernier », suivre « la politique de grands projets et contrats » et favoriser « les rencontres entre sociétés françaises et indiennes ».
Une diplomatie économique qui pourra compter « à l’horizon 2015 » sur « la nouvelle agence pour le soutien des entreprises exportatrices et l’attractivité des investissements » qui naîtra de la fusion entre Ubifrance et l’Agence française pour les investissements internationaux (Afii), cette dernière étant déjà, selon lui, «aujourd’hui une agence de la promotion de la France à l’étranger », s’est félicité Pierre Sellal. A l’étranger, la diplomatie économique est déjà portée par les ambassadeurs de France, qui s’appuyent sur les 98 conseillers économiques dans le monde. Ils ont chacun constitué autour d’eux, à la demande du ministre, un conseil économique réunissant les services économiques, culturels, scientifiques ou encore la coopération. Autant d’équipes qui, grâce à une politique de «fertilisation croisée », peuvent toutes apporter leur pierre, a assuré Pierre Sellal, en matière de visas, comme de culture, de sport, d’innovation ou de tourisme.
Visas : exemptions sur certains pays, procédure expresse pour les touristes chinois
Le diplomate a particulièrement insisté sur la nouvelle politique de visas plus ciblée, chère au ministre, devant un public qui a l’habitude de faire remonter ses critiques sur les freins que cette politique suscite dans les déplacements des hommes d’affaires et cadres étrangers en France. « La politique de visa, a insisté le secrétaire général du Maedi, ce n’est pas seulement le contrôle de l’accès sur le territoire, la sécurité et la maîtrise de l’immigration, c’est aussi l’attractivité de notre pays à l’égard des hommes d’affaires, des étudiants ou encore des touristes ». Certains Etats ne présentent aucun risque migratoire, ce qui a amené ainsi Paris à exempter de visa les ressortissants des Emirats Arabes Unis.
Autre exemple d’assouplissement : avec l’instauration d’une procédure expresse de visa en 48 heures, le centre chargé du traitement des visas de l’ambassade de France à Pékin, en Chine, a reçu tous les jours un nombre moyen de 800 à 900 demandes contre 300 à 500 auparavant. « Il y a 1,5 millions de Chinois qui viennent tous les ans dans notre pays et y dépensent en moyenne 2 600 euros. Si sur 200 millions de Chinois qui voyagent, la France parvient à en attirer cinq à six millions, alors, explique Pierre Sellal, nous aurons réduit notre déficit commercial de 10 % ». Selon lui, cette procédure rapide de délivrance « va être étendu à l’Inde, à l’Afrique du Sud et certains pays du Golfe ».
Après les visas, la culture. « Quelque 1 300 projets ont eu des répercussions économiques », selon le haut fonctionnaire au Quai d’Orsay. Et de citer Hong-Kong où différents évènements sont organisés (French Gourmay…). Troisième exemple de fertilisation croisée au service de la diplomatie économique, le sport. La Coupe du Monde de football au Qatar en 2022, la Coupe du Monde de rugby en 2019 et les Jeux olympiques d’été en 2020 au Japon représentent aussi un enjeu économique majeur. Aux États-Unis, la France innovante était à l’honneur du 4 au 27 juin, avec le Festival de la French Tech, un tour de France conclu à New York par la French Touch Conference, faisant la part belle à l’économie numérique. Dans certains pays, comme Israël, des conseils d’innovation ont été formés pour recenser les bonnes pratiques et croiser avec les pôles de compétitivité.
Enfin, le tourisme. « Il y a un milliard de touristes dans le monde, dont 83 millions en France, contribuant à 7 % du produit intérieur brut. Ils seront le double en 2030 et il y a là encore un potentiel à exploiter en France », assure Pierre Sellal.
Le secrétaire général du Quai d’Orsay a conclu son intervention, en demandant aux CCI françaises à l’étranger de « continuer à alimenter en information, à augmenter la promotion de la marque et la destination France » et à s’intéresser de près aux grandes évolutions en cours, dans le cadre de la mondialisation, qui sont « la dérégulation, la juxtaposition des normes, la structuration des accords commerciaux ».
François Pargny