L’esprit « équipe de France de l’export » souffle aussi dans le secteur culturel. Le deuxième comité stratégique sur les Industries culturelles et créatives à l’export – les ICC– s’est réuni le 11 avril sous la coprésidence de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE), et Franck Riester, ministre de la Culture (MC), et autour du fédérateur de cette filière Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).
Au programme de cette réunion qui a rassemblé plus d’une soixantaine de personnalités de ce secteur éparpillé en de multiples métiers (média, cinéma, livre, musique, jeu vidéo, design, tourisme, architecture…) : définir une feuille de route pour favoriser « l’export de nos ICC au service de l’influence de la France dans le monde et du dynamisme de notre économie » précise un communiqué conjoint du Quai d’Orsay et du ministère de la Culture.
Cette feuille de route se compose d’une série de mesures regroupées en trois grands axes :
-Premier axe : coopération interministérielle autour du comité
Le comité stratégique va continuer à fédérer l’« équipe France » au service des besoins opérationnels des professionnels du secteur, dans une démarche « public-privé » qui met en cohérence l’ensemble de l’écosystème français dans le secteur, indique le document des ministères.
Les ministres ont ainsi « réaffirmé leur volonté de poursuivre le renforcement de la coopération entre leurs ministères dans ce domaine et de demander aux opérateurs publics de placer les ICC au cœur de leur stratégie ». Les opérateurs public concernés : l’Institut français (sous la double tutelle du MEAE et du MC -, Business France, Atout France, mais également l’Agence française de développement (AFD), dont l’élargissement du mandat aux ICC a été confirmé lors du CICID (comité interministériel de la coopération internationale et du développement) de février 2018.
Une mission en faveur des ICC sera confiée aux ambassadeurs dans 20 pays « prioritaires à fort potentiel de croissance » afin d’offrir aux professionnels et aux opérateurs un « guichet unique et un point de contact spécifique » pour leurs projets de développement à l’international.
-Deuxième axe : des zones géographiques prioritaires
Le comité stratégique a défini des zones géographiques d’intervention prioritaires pour l’influence de la France et la conquête de nouveaux marchés.
Première cible : l’Afrique, « dans le cadre de la mise en œuvre de l’agenda de Ouagadougou fixé par le Président de la République ». Selon le communiqué, « la culture est appelée à jouer un rôle important dans le renouvellement de notre partenariat avec l’Afrique », citant notamment « l’opportunité de faire vivre sur le continent une francophonie moderne et vivante ».
Dans ce cadre, l’AFD a été chargée par les ministres « de mener une politique de développement des infrastructures et de l’entreprenariat culturels, de soutien à la formation professionnelle et d’appui aux politiques culturelles et à la gouvernance ». Par ailleurs, « une réponse interministérielle sera également apportée aux demandes de transfert d’expertise qui remontent du continent, en particulier dans le champ patrimonial ». Enfin, « la Saison Africa 2020, programmée en France et dans les territoires d’outre-mer, qui concernera l’ensemble du continent africain, devra contribuer au développement de partenariats économiques dans le secteur des ICC ».
Deuxième grande cible prioritaire : l’Europe où la France est « engagée pour faire vivre l’Europe de la culture et renforcer son modèle culturel ». Pour ce faire, sera poursuivi le « soutien à une dynamique européenne en faveur des ICC sur la base du partenariat franco-allemand ». « Confirmée par le Forum de Mannheim sur l’entrepreneuriat culturel qui s’est tenu du 3 au 5 avril dernier, cette dynamique sera poursuivie après un premier accord interrégional d’échanges entre incubateurs français et allemands » détaille le communiqué. La France compte aussi davantage s’impliquer dans le nouveau cadre financier pluriannuel (2021-2027) du programme Europe Créative.
-Troisième axe : placer les ICC au cœur de la politique d’attractivité
Il s’agit là de valoriser l’impact du rayonnement des ICC françaises sur l’attractivité des territoires, métropolitains et d’outre-mer, notamment par les « tournages en France de films internationaux dont les études montrent leur rôle de vecteur de rayonnement de la culture française à l’international, leur impact sur le développement significatif de l’activité touristique à travers une notoriété renforcée du territoire national et de ses régions et le moteur économique qu’ils peuvent représenter pour une ville ou une région à travers l’augmentation de la fréquentation touristique ».
Cinq marchés prioritaires ont été identifiés comme cibles : l’Inde, la Chine, le Brésil, les États-Unis et la Corée du Sud.
Les deux ministres ont par ailleurs réaffirmé leur mobilisation pour renforcer les synergies entre acteurs des ICC et acteurs du tourisme. Selon le communiqué, Atout France, l’agence de développement touristique de la France, et Film France, l’opérateur en charge de promouvoir les tournages, la postproduction et l’animation en France, se sont ainsi engagés à mener des actions concertées pour « attirer les productions étrangères en France, notamment à travers la valorisation du crédit d’impôt international pour les œuvres cinématographiques et audiovisuelles, en lien avec le CNC ». Une convention pour favoriser l’attractivité de la France pour les tournages de films et de séries tournés en France a été signée par les deux ministres au cours du Comité stratégique.
Desk Moci