Persistance du variant delta, pénurie d’énergie, crise du secteur immobilier…. Le ralentissement de l’économie chinoise ne sera pas sans conséquences sur le commerce international, prévient Euler Hermes.
« L’atelier du monde » a du plomb dans l’aile. Selon les dernières prévisions d’Euler Hermes, le ralentissement de l’économie chinoise se poursuivra au quatrième trimestre.
L’assureur-crédit a ainsi revu à la baisse ses perspectives de croissance : + 7,9 % en 2021 (- 0,3 point par rapport à sa prévision initiales) et + 5,2 % en 2022 (- 0,2 point). Si le resserrement des politiques publiques et la persistance du variant delta du coronavirus devraient peu à peu s’estomper, l’inquiétude porte désormais sur la menace que le géant de l’immobilier Evergrande et sa dette de 260 milliards d’euros font peser sur le pays par un possible effet domino.
« Les autorités publiques ont néanmoins les moyens et l’intention de faire le nécessaire pour éviter une crise systémique » estime les experts d’Euler Hermes. Toujours est-il que la déstabilisation de ce géant de l’immobilier, qui s’est diversifié tous azimuts, risque de peser lourdement sur d’autres secteurs tant sa place est centrale dans l’économie chinoise. La demande finale générée par l’immobilier représente en effet 25 % du PIB et les logements résidentiels 78 % des actifs des ménages.
Quelles conséquences pour les entreprises travaillant avec la Chine ?
Toujours est-il que le ralentissement de la Chine aura des conséquences sur ses partenaires commerciaux.
Les perturbations des chaînes internationales d’approvisionnement, malmenées depuis le début de la pandémie de Covid-19, devraient engendrer une nouvelle hausse du coût des échanges et du prix des intrants, estime Euler Hermes pour qui il faut également s’attendre à un allongement des délais de livraison et à une possible exacerbation des pénuries de biens intermédiaires comme en connaissent déjà les États-Unis et l’Europe.
En outre, les pénuries d’énergie, qui contraignent certaines usines à tourner au ralenti ou à interrompre la production vont augmenter les coûts de production et peser sur les marges des entreprises, en particulier européennes, qui confient la fabrication à des entreprises chinoises.
Les exportateurs de matières premières particulièrement concernés
Ce ralentissement de la Chine pourrait avoir des effets particulièrement négatifs pour les pays qui y exportent des matières premières comme le Chili, Hong Kong, le Pérou, l’Australie et l’Afrique du Sud. Dans ces pays les exportations à destination des secteurs de la construction et de la métallurgie chinois représentent plus de 2 % de leurs PIB respectifs.
A l’inverse, la hausse de la demande chinoise pour le charbon thermique devrait profiter à l’Indonésie, la Malaisie et l’Australie.
A plus long terme, les pays dépendant de la demande chinoise devront faire avec cette baisse de régime, entamée dès avant la crise sanitaire, soulignent les experts d’Euler Hermes. La croissance du PIB chinois, qui a augmenté en moyenne de 7,6 % par an dans les années 2010, devrait osciller entre + 3,8 % et + 4,9 % dans les années à venir.
Sophie Creusillet
Pour consulter l’intégralité de l’étude d’Euler Hermes (en anglais) cliquez ci-après !