BPI Inno Génération (BIG), l’événement dédié à l’entrepreneuriat de Bpifrance, a franchi un record d’affluence le 6 octobre, drainant près de 65 000 participants inscrits. L’international consolide sa place dans la programmation, et donc dans les radars des dirigeants d’ETI, PME et startup qu’elle adresse.
L’édition 2022 de BIG devait sonner la fin de la période Covid, des retrouvailles sans barrières sanitaires après deux ans de contraintes. Si l’affluence a été au rendez-vous, la guerre en Ukraine est venue brouiller l’horizon. Mais le thème choisi cette année comme fil conducteur, la « métamorphose », n’a pas perdu de sa pertinence, manière d’aider les dirigeants et créateurs d’entreprises à conjurer leurs inquiétudes dans un contexte brouillé par la crise énergétique et les incertitudes géopolitique. « N’ayez pas peur, on sera là » leur a lancé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, en ouverture.
Même allant pour le président Emmanuel Macron, venu « pitcher » un discours sans notes avant de s’envoler pour Prague, où il a participé à la création de la première Communauté politique européenne. « N’ayez pas peur, c’est dans ces moments-là que les audacieux gagnent » a-t-il conclu après avoir déroulé sa stratégie pour faire face à la crise énergétique et rappelé les grands axes de son plan France 2030 pour remettre la France dans la marche du monde, soit la réindustrialisation, l’innovation et la décarbonation. Et il a eu droit à une standing ovation.
Des campus géographiques pleins
Pour ceux qui s’intéressent à l’international, le BIG de Paris, point d’ordre du BIG Tour en région, est devenu incontestablement l’un des endroits où il faut être une fois par an pour réseauter et s’informer des dernières tendances. Olivier Becht, le nouveau ministre en charge du Commerce extérieur, a d’ailleurs fait partie des ministres qui s’y sont rendus.
Près d’un tiers des ateliers consacrés à des thématiques export, des campus géographiques (Europe, Amériques, Asie, Afrique, Moyen-Orient) pleins toute la journée avec des experts et des entreprises, une « agora internationale » où se sont succédé acteurs et partenaires de la Team France export pour présenter leurs outils d’accompagnement, des rendez-vous BtoB toute la journée, des événement parallèles … Autant d’occasion de sortir de son isolement.
Comme les année précédentes, l’événement se déroulant au lendemain du forum Ambition Africa de Business France (4-5 octobre), l’Afrique a été une thématique géographique phare, avec la présence de plusieurs délégations. Au lendemain de BIG, le 7 octobre, la direction internationale de Bpifrance a d’ailleurs organisé, dans le « hub » de la banque publique boulevard Haussmann, un forum autour de la thématique de coconstruire et financer l’industrialisation du continent auquel ont assisté plusieurs ministres (Mauritanie, Sénégal, Bénin), des entrepreneurs et des investisseurs français et africains venus aussi à BIG.
Pour autant, les autres zones géographiques ont eu leur part. Et l’on a vu aussi passer des délégations étrangères d’entrepreneurs venues d’Europe – Espagne, Grèce, Italie (pour un atelier autour de l’accélérateur franco-italien), mais aussi du Brésil, d’Egypte, d’Arabie Saoudite.
« Ne pas passer à côté d’une opportunité
de faire grandir une entreprise »
Dans le contexte actuel, le message autour de la métamorphose est clair : il s’agit de ne pas ralentir, mais de se transformer, et l’internationalisation fait partie de la solution.
« Parler aujourd’hui des opportunités du continent américain ou de l’axe indopacifique, c’est plus dur qu’il y a 4 ans au regard des enjeux de la marche du monde, analyse Pedro Novo, directeur exécutif export de Bpifrance. Nos entreprises aujourd’hui arbitrent, ont du mal à se projeter, à saisir les opportunités. Prix de l’énergie, coûts des transports, stratégie politique du pays, partenariat avec la France… Certaines préfèrent attendre. Notre combat c’est de ne pas passer à côté d’une opportunité de faire grandir une entreprise. »
Pedro Novo insiste : « Oui, il y a un peu de facilité d’aller travailler sur la Suisse ou la Belgique car on y parle français et que c’est de l’autre côté de la frontière ; mais qu’on le veuille ou non, la croissance du monde sera dans l’Asie-Pacifique pour les 10 à 15 ans qui viennent ; elle sera aussi, même si elle ne part pas de la même base, sur le continent africain. Tout notre travail, c’est de mettre l’accent sur ces zones moins naturelles pour nos entreprises car elles considèrent que c’est plus risqué et plus loin. C’est là qu’on doit être plus fort. Et notre mission avec la Team France Export c’est de leur expliquer comment faire ».
D’où ce programme d’ateliers géographiques particulièrement dense cette année. Le directeur export de Bpifrance est pour sa part convaincu que plus de la moitié des participants aux panels géographiques découvrent des réalités qu’ils ignoraient, qu’ils se passe des choses dans leur secteur d’activité au Moyen Orient ou aux Amériques et que cela les incitera à se poser la question d’y aller voir de plus près. « C’est ça BIG : arriver à convaincre les entrepreneurs, à la fin de la journée, de se mettre en mouvement ».
BIG n’a pas été le cadre, cette année, d’annonces sur l’export en dehors du lancement de la nouvelle version du Mondialomètre, un outil d’autodiagnostic export destiné aux PME. Des nouveautés sont toutefois en préparation pour la fin de l’année : de nouvelles promotions d’accélérateurs sont dans les tuyaux, et une programmation très intense de missions à l’étranger est à l’étude pour 2023, avec de l’ordre de 25 dates et une cible de 350 entreprises à embarquer.
C.G