En 2008, l´économie béninoise a continué sur sa lancée de 2007 avec 5,8% de croissance. Une relativement bonne performance qui demeure cependant très en dessous du potentiel du pays. Le Bénin peine à engager de profondes réformes, à diminuer l´informel (estimé à 22% de l´économie et 80% de l´emploi) et à lutter contre la corruption endémique. La croissance est soutenue par le commerce avec le Nigeria (environ 30% du PIB, sans entrave cette année), le BTP et le port de Cotonou.
Le secteur du BTP est toujours dynamique – les cimenteries fonctionnent au-delà de leur capacité – avec les nombreux projets d´infrastructures, comme la rocade de Cotonou, le nouvel aéroport de Parakou ou les travaux liés au sommet de la Cen-Sad en juin 2008.
Le port de Cotonou, bien que congestionné, a vu son activité croître d´environ 14% entre juin 2007 et juin 2008. La lancinante question du guichet unique est relancée et la réponse est attendue dans les mois à venir. En outre, un deuxième quai devrait être construit l´année prochaine sur financement du Millenium Challenge Account (MCA).
Dés sa prise de fonction en 2006, le président Boni Yayi a fait de la relance de la production cotonnière sa priorité. Elle progresse sans atteindre les capacités d´égrenage installées de 600 000 tonnes. La campagne 2008-09 s´élèverait à plus de 310 000 t, en hausse par rapport aux 268 054 t réalisées en 2007-08. Autre avancée significative, la cession partielle de l´outil industriel de la Sonapra à la Société Commune de Participation, de l´homme d´affaires Patrice Talon, de 33,5 % du capital de la nouvelle société d´économie mixte, Société pour le Développement du Coton.
En outre, le gouvernement a créé sa Centrale d´Achat des Intrants Agricoles au Bénin, SA avec une participation de l´État, qui vise l´approvisionnement en intrants agricoles et en produits phytosanitaires pour l´ensemble des cultures. La grande difficulté pour le développement des autres secteurs agricoles demeure toujours le foncier. Un programme de la GTZ va mettre en place un cadastre rural pour des dizaines de communes.
Autre dossier de privatisation qui a trouvé une conclusion cette année, la Continental Bank. L´État, la Sonacop et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) ont cédé leurs actions représentant 56,4% du capital social à la banque nigériane United Bank of Africa pour plus de 15 milliards de FCFA. Dans le secteur bancaire, l´État a engagé une étude de faisabilité pour la création d´une banque agricole.
Du côté politique, le président Boni Yayi ne dispose plus d´une majorité pour conduire à bien ces réformes.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil